II UNE SITUATION ÉCONOMIQUE CONTRASTÉE

La visite de Beyrouth justifie que la ville soit qualifiée de « plus grand chantier du monde ». Le dynamisme des Libanais et l'effervescence qui règne dans la capitale en reconstruction ne peuvent qu'impressionner le visiteur. Le contraste n'en est cependant que plus grand lorsque l'on prend conscience de l'ampleur des besoins -qui ne sont pas circonscrits à la capitale- et des difficultés financières du pays et que l'on mesure les risques de déséquilibre financier et de fracture sociale qui le menacent.

A. LE DYNAMISME D'UN PA YS EN RECONSTRUCTION

Au-delà du grand chantier de Beyrouth, la politique menée vise à redonner au Liban son rôle de plaque-tournante économique et financière régionale.

1. Le grand chantier de la reconstruction

a) Un dispositif institutionnel original

Á l'issue de la guerre, les administrations libanaises étaient en ruine, y compris et peut-être surtout sur le plan humain. Seul un organisme central mais disposant de suffisamment de souplesse paraissait de nature à permettre la reconstruction et le développement du pays.


• C'est ainsi que le Conseil de développement et de reconstruction

(CDR) , créé en 1977 mais mis en sommeil pendant de nombreuses années, a été « réactivé ».

Organisme public disposant de l'autonomie administrative et financière et placé sous l'autorité directe du Conseil des ministres, le CDR s'est vu confier une triple mission :

- établir les plans et les programmes de reconstruction et de développement, soumis pour approbation au Conseil des ministres ;

- obtenir les financements nécessaires ;

- réaliser les projets et en superviser l'exécution.

Le CDR exécute ainsi entre 92 et 95 % des projets publics réalisés au Liban.

Il est également chargé de recevoir et de gérer les financements internationaux qui s'élèvent à 4 milliards de dollars, dont 7 % proviennent de la France. Ces financements se répartissent à hauteur de 3,5 milliards de dollars en prêts et de 500 millions de dollars en dons.

Selon les estimations du CDR, le coût de la reconstruction sur la période 1995-2007 est estimé à 59,8 milliards de dollars, dont 17,8 à la charge de l'État.

Les graphiques, ci-après, permettent de situer, d'une part, l'origine des sources de financements extérieurs et, d'autre part, leur répartition par secteur.


• La loi prévoit que le CDR doit reconstruire les régions détruites par la guerre par différents moyens, y compris par le biais de sociétés foncières. Telle est la solution retenue pour Beyrouth.

Le centre-ville, dévasté par la guerre, comportait environ 110.000 ayants-droit, propriétaires ou locataires de leurs logements.

En mai 1994, la responsabilité de reconstruire et d'aménager le centre-ville a été confiée à une société foncière privée : SOLIDERE (société libanaise pour le développement et la reconstruction de Beyrouth).

SOLIDERE est donc chargée de mener à bien les travaux de reconstruction en respectant les programmes et les cahiers des charges élaborés par le CDR, ceci avec les sociétés sélectionnées par ce dernier par appels d'offres internationaux.

Disposant d'un capital de 1,65 milliard de francs, cette société regroupe des investisseurs libanais (y compris le Président du Conseil) et originaires des autres pays arabes.

Une loi de 1990 a prévu que les propriétaires et les locataires lui apporteraient leurs droits (contribution en nature ou financière), estimés par la commission supérieure d'évaluation à 1,17 milliard de dollars.

En échange de leurs droits, les propriétaires et les locataires qui ont souhaité participer à l'opération ont reçu des actions pour un total de plus de 152 millions de dollars à l'occasion d'une souscription ouverte en 1994, certains propriétaires ayant vivement critiqué le montant peu élevé des indemnités versées sous forme d'actions.

Au fur et à mesure des opérations de reconstruction, les propriétaires ou les locataires ont la faculté de reprendre leur bien ou leur logement en fonction du plan d'occupation des sols.

Les actions sont aisément cessibles, car SOLIDERE -qui est devenue l'une des sociétés les plus importantes du Proche-Orient- est désormais inscrite à la cote officielle de la bourse de Beyrouth.

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