PREMIÈRE PARTIE : LA SITUATION ÉCONOMIQUE DE L'AFRIQUE FRANCOPHONE

M. Jean-Pierre CANTEGRIT. - Merci, Monsieur le Président du Sénat, de ces paroles qui vont permettre l'introduction de nos travaux. Tous les participants auront été sensibles au message d'espoir que vous venez de nous transmettre.

Nous vous remercions d'avoir bien voulu ouvrir notre colloque.

Nous allons ouvrir nos travaux, après l'intervention du Président Monory. Je vous rappelle que le thème de nos débats, c'est l'Afrique francophone, les conditions d'un nouveau départ. Je vous ai indiqué dans quelles conditions ce programme avait été organisé.

Je vais ce matin présider les travaux au cours desquels interviendront un certain nombre de personnalités. Je vous propose le schéma suivant. Nous allons écouter un certain nombre d'orateurs.

Nous écouterons successivement M. Jean-Michel Sévérino, Directeur du Développement au Ministère de la Coopération, M. Serge Mikhaïlof, Conseiller spécial à la Banque Mondiale, M. Francis Meyer, Chef des Affaires internationales à la Direction du Trésor, M. Mamalepot, Gouverneur de la Banque des États d'Afrique Centrale, M. Charles Konan-Bany, Gouverneur de la Banque Centrale des États d'Afrique de l'Ouest, et enfin M. Antoine Pouillieute, Directeur Général de la Caisse française de développement.

Je vous demanderai toutefois de limiter votre temps de parole à 15 minutes, afin que puissions instaurer un dialogue avec la salle, que vous puissiez poser des questions à tel ou tel des intervenants et que nous puissions terminer nos travaux à 12h.30.

Le programme de cet après-midi est aussi chargé. Nous aurons l'intervention de M. Jacques Godfrain, ministre délégué chargé de la Coopération. A la suite, un bon nombre d'intervenants prendront la parole.

Et puis nous arriverons à la troisième partie, celle que va présider Jacques Legendre, où nous avons là aussi des intervenants de qualité : M. Keba Mbaye, M. Jean-Louis Vilgrain, M. Jean-Pierre Prouteau. Nous devions avoir en clôture l'allocution de M. Hervé de Charette, Ministre des Affaires étrangères. Malheureusement, j'ai reçu de M. de Charette une lettre vous demandant d'excuser son absence. Il est aujourd'hui à Belgrade et au moment où il devait intervenir, il sera avec le Président Milosevic. Nous comprenons tous l'importance de ce qui se passe actuellement dans l'ex-Yougoslavie.

Je voudrais très simplement, avant d'appeler les intervenants à la tribune, vous rappeler ce que vous a dit le Président Monory. Sachez que nous avons vingt-deux Présidents d'assemblées africaines présents ici dans cette salle, deux Présidents du Sénat, celui du Sénat Congolais, celui du Sénat Mauritanien, plus d'une vingtaine de Chefs de mission diplomatique africaine, les Gouverneurs des Banques centrales de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique centrale.

Nous avons un ancien Ministre de la Coopération, M. Michel Roussin, qui représente le Maire de Paris, M. Xavier de Villepin qui préside la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, M. Yvon Bourges, Sénateur, ancien Ministre de la Défense, et de nombreux Sénateurs et Députés français ici présents.

J'ai certainement oublié de hautes personnalités, veuillez m'en excuser.

Je voudrais également, au point où nous en sommes, remercier les fonctionnaires du Sénat qui ont participé à l'organisation de ce colloque. Je voudrais remercier MM. Bruno Baufumé, Loïc Vance et Patrick Laferrère ; ils ont fait un travail remarquable pour organiser cette journée de travail.

Je vais appeler à la tribune les intervenants de ce matin. M. Jean-Michel Sévérino, M. Serge Mikhailof, M. Francis Mayer, M. Mamalepot, M. Charles Konan Bany et M. Antoine Pouillieute.

Je vous rappelle les règles que nous nous sommes tracées : une courte intervention d'un certain nombre de personnalités qui sont à cette tribune. Je souhaite le respect des 15 minutes pour permettre après un dialogue avec la salle.

Le premier intervenant - nous n'avons pas d'ordre protocolaire, mais un ordre d'inscription sur une liste - est Jean-Michel Sévérino. Il est né à Abidjan en Côte d'Ivoire. Il était prédestiné pour venir nous parler aujourd'hui dans cette enceinte.

M. Sévérino a une solide formation puisqu'il est diplômé de l'Ecole supérieure du commerce de Paris et de l'Institut d'Etudes Politiques. Il est licencié en droit et en sciences économiques et il est ancien élève de l'ENA.

Il est Inspecteur des finances, il a été Conseiller technique au Cabinet du Ministre de la Coopération et du Développement, Chef du service des études financières de la coordination géographique au Ministère de la Coopération entre 1988 et 1993 et il est Directeur du développement au Ministère de la Coopération.

A - UN ESSAI DE PROSPECTIVE

(Intervention de M. Jean-Michel SEVERINO, Directeur du Développement au Ministère de la Coopération)

M. SEVERINO. - Je suis particulièrement heureux et honoré d'être parmi vous ce matin dans une assemblée particulièrement compétente et un petit peu effrayé car j'ai l'impression de jouer le rôle du marabout chargé d'introduire sur les perspectives du futur.

Vous m'avez demandé de parler de l'Afrique et de la prospective. On sait combien cet exercice est aléatoire et difficile. Avant toutefois de rentrer dans le sujet, permettez-moi un message personnel. Je voudrais ici rendre hommage et adresser un message à mon ancien Ministre Michel Roussin à qui je dois mes fonctions actuelles, dont l'engagement dans cette opération de dévaluation et les combats communs ont été pour moi des moments et un engagement tout à fait particuliers.

Néanmoins, quand on regardera de très loin la façon dont l'Afrique va évoluer dans le siècle qui finit et celui qui va commencer, nous verrons que si les problèmes monétaires ont pu être extraordinairement importants sur le moment, les grandes tendances de ce continent se situent aujourd'hui ailleurs et dans sa démographie.

C'est ce que je vais essayer de voir avec vous rapidement à travers l'exposé de travaux que nous avons menés dans le cadre du club du Sahel, une instance qui réunit les bailleurs de fonds de la région avec les pays africains membres du Comité Inter-États de lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS). Ce travail qui s'appelle les perspectives à long terme de l'Afrique au sud du Sahara, a été mené avec une cohorte importante d'experts africains et européens pour l'essentiel, et principalement financé par le Ministère de la Coopération dans le cadre de cet organisme.

Nous avons beaucoup travaillé sur ces sujets et je crois qu'ils méritent que l'on s'y attarde quelque peu. Au départ, j'avais prévu de vous présenter quelques perspectives de cette évolution de l'Afrique, puis quelques ouvertures sur les politiques que cela impliquait. Mais l'ajustement structurel sévère que vous faites peser sur les crédits horaires, qui nous mettent tout de suite dans l'ambiance FMIenne de ces réunions, ne permettront pas d'évoquer les ouvertures de politique de développement et de coopération. Finalement, c'est bien ainsi car l'exposé que je vous ferai laissera le champ extrêmement libre à l'imagination.

Lorsque l'on regarde cette région de l'Afrique de l'Ouest et du Centre, telle qu'elle a évolué et telle qu'elle est en train d'évoluer, on peut la résumer en disant que c'est une Afrique en création, dont le mouvement est absolument extraordinaire, une Afrique en création de peuples, d'africanité nouvelle et en création de nouveaux pouvoirs et de nouveaux systèmes de gestion.

Pourquoi cette Afrique est-elle en création de peuples ? Il n'y a aucun espace dans l'histoire de l'humanité dont la population a crû à un rythme aussi rapide sur la base d'un peuplement endogène. Le seul exemple de croissance aussi rapide que l'on puisse mentionner est celui des États-Unis, mais à partir d'une colonisation.

La population de l'Afrique de l'Ouest, si l'on comprend cette région comme allant du Cap Vert jusqu'au Cameroun compris, est passée de 45 millions en 1930 à 87 millions en 1960, 194 millions actuellement et l'on pense qu'elle atteindra 430 millions en l'an 2020.

La proportion d'urbains dans cette population est passée de 4 % en 1930 à environ 40 % aujourd'hui et elle comptera environ 60 % sans doute en 2020.

En dépit de cette croissance des villes, les campagnes n'ont cessé et ne cessent de se peupler. L'espace ne cesse de se densifier en dehors des villes. Nous pensons que cette perspective se poursuivra.

En l'espace de quatre générations, la région aura donc vu sa population totale multipliée par 10 et sa population urbaine multipliée par 100. Il faut peser chacun de ces chiffres.

Les projections que nous avons essayé de faire au travers de cette étude sur les perspectives à long terme en Afrique, au sud du Sahara, montrent une probabilité en 2020 d'environ 430 millions d'habitants dont 271 millions en ville, avec une croissance exponentielle. Nous avons arrêté nos perspectives en 2020. Bien entendu, au-delà reste une interrogation.

Une remarque additionnelle : malgré ces 430 millions, cette région restera relativement vide à l'échelle internationale. Elle n'atteindra pas en tout cas et de loin ce que l'on pourrait appeler les densités asiatiques. Ce n'est donc pas un espace aujourd'hui comble, mais bien entendu il faut faire la part des espaces mobilisables en termes de potentiel rural notamment.

Ce qui est intéressant à évoquer est la structuration de cet espace. Cette carte tente de vous donner une image probable de ce que pourra être cet espace ouest-africain aux environs de 2020. Il se dégage à peu près 3 grands espaces structurés et des sous-espaces. Une façade atlantique qui correspond en gros à la façade actuelle du Sénégal, zone qui devrait continuer à se densifïer, mais qui va rester assez fortement différenciée et coupée du reste de l'Afrique de l'Ouest par toute une série d'espaces actuellement faiblement occupables pour de nombreuses raisons (pédologie, climatologie, voire de maladies).

Ce qui est le plus impressionnant, c'est le très grand espace côtier qui est en train de se constituer. En gros, on imagine aujourd'hui qu'il est en train de se constituer une mégalopole qui ira à peu près de Lagos à Accra et qui pourrait compter aux environs de 2020 entre 18 et 20 millions d'habitants, un ensemble tout à fait exceptionnel, d'autant que ce sera une urbanisation basse, en zone côtière, avec de nombreuses difficultés techniques.

Enfin, une densification centrale dans les zones sahéliennes qui correspond aux zones des grands empires et des cités haoussas, des zones déjà relativement denses à l'échelle historique de l'Afrique et dont le processus de peuplement continue à se faire à haute vitesse, ceci malgré la migration.

Cette structuration en trois grands espaces s'accompagne de marges soudaniennes et d'espaces interstitiels notamment entre la zone côtière et la zone sahélienne qui sont des espaces faiblement occupables pour des raisons d'aménagement d'espace, de faiblesse de tissu urbain. L'on voit bien que les villes intermédiaires et les villes moyennes ont tendance à retenir les populations et à structurer l'espace rural autour d'elles, et aussi pour des raisons de bilharziose pour l'espace rural.

Les conséquences en termes de circulation de la population vont être extrêmement importantes. La plupart des espaces intérieurs, dont la population est en train de croître à grande vitesse, continueront à se densifier mais exporteront une grande partie de leur population. Les deux graphiques montrent les soldes migratoires dans la période 60-90 et un essai d'évaluation de ces soldes migratoires sur la période 1990-2020.

Les pays sahéliens ont été exportateurs de main d'oeuvre vers les pays côtiers, la Côte d'Ivoire étant le principal bénéficiaire, mais le Cameroun, le Sénégal constituant des réceptacles non négligeables de cette population.

Dans la période 1990-2020, on risque de voir changer assez substantiellement ces flux, en termes de destination et d'origine, mais surtout de les voir se poursuivre en termes de chiffres absolus à des niveaux encore plus importants. Le Cameroun et la Côte d'Ivoire devraient rester des pays de réceptacles, mais si sa croissance économique continue, le Ghana devrait devenir également un pays bénéficiaire de fort afflux de population.

Les pays sahéliens devraient continuer à être des pays exportateurs de population. Mais on voit l'émergence de pays très faiblement exportateurs de population comme le Niger, le Tchad et le Burkina Faso ou le Mali.

On peut estimer qu'à l'horizon de 2020, si on part de l'hypothèse que les zones rurales du Sud Niger sont faiblement densifiables dans les connaissances techniques actuelles, à peu près la moitié de la population du Niger vivra en dehors des frontières de ce pays, vraisemblablement dans les pays côtiers.

Ceci a une importance extrêmement grande. Si les frontières ne sont pas très largement ouvertes à la circulation des hommes, il se produira des problèmes majeurs dans les pays potentiellement exportateurs de population.

Cette région est de plus en plus urbaine. Elle va le devenir de plus en plus. Je l'évoquais à propos des probabilités d'atteindre 60 % de la population dans les villes. Ces deux cartes vous montrent une image de la situation actuelle en 1990. On compte à peu près 2500 villes dont 90 de plus de 100.000 habitants et on estime que vers 2020 il devrait y avoir à peu près 6000 villes dont 300 de plus de 100.000 habitants.

Il est intéressant de constater l'avance du Nigeria. Sa densité urbaine aujourd'hui est à peu près celle de l'Afrique de l'Ouest en 2020. Etudier le Nigeria aujourd'hui, c'est donner une bonne image, vraisemblable, de ce que sera le tissu urbain et les problèmes qui y sont liés dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest dans environ 30 ans.

Pour ceux qui connaissent le Nigeria, cette remarque mérite aussi des réflexions et des approfondissements.

On pourrait penser que cette urbanisation se fait au détriment de l'agriculture. En fait, ce que nous avons repéré, c'est l'extraordinaire relation entre la densification urbaine et l'amélioration du sort dans les campagnes. Au fur et à mesure que la croissance urbaine se développe, pour peu que les zones rurales soient viabilisées et desservies, il y a un accroissement de demandes adressées à la campagne en termes de produits vivriers et de produits maraîchers.

D'autre part, même les cultures d'exportation se trouvent améliorées par l'urbanisation, en particulier parce qu'un certain nombre de services sont fournis aux campagnes à travers une amélioration du savoir-faire dans les villes.

Entre 1960, 1990 et 202, entre les réalisations et les estimations, on note que des zones seront complètement en périphérie urbaine et des zones dont on peut considérer qu'elles seront en relation immédiate avec un centre urbain et donc soumises à une monétarisation complète et insérées complètement dans un cycle d'échange. Vous voyez qu'à cet horizon 2020 on peut estimer que la quasi totalité de cet espace sera intégrée dans une économie marchande de relations entre la ville et la campagne.

Cette hypothèse est très importante. Elle repose sur l'idée qu'il n'y a pas contradiction entre l'urbanisation et l'amélioration des revenus et de la situation dans les campagnes. Au contraire, il y a des dynamiques positives, à condition bien entendu que les politiques macro-économiques et sectorielles soient menées qui permettent à cette liaison ville-campagne de se faire. Bien entendu, les politiques des gouvernements peuvent, si elles sont inadaptées, contrarier profondément ce mouvement.

Un certain scepticisme règne sur les capacités de réponse de la production agricole face à la population. C'est un point que nous avions particulièrement travaillé dans le cadre de cette prospective.

S'agissant des évolutions respectives de la consommation et de la production d'une part, et d'autre part des importations alimentaires en pourcentage de la consommation totale, après avoir culminé vers 1981, et notamment en conséquence des grandes sécheresses sahéliennes des années 1970, le décalage entre l'offre et la demande alimentaire décroît régulièrement dans cette région et les importations en pourcentage de la consommation totale ont tendance à régresser.

On voit bien à travers cette mécanique toutes les relations positives qui existent entre l'expansion de cette demande urbaine et les capacités qu'ont les campagnes d'offrir des produits vivriers à la ville.

Bien évidemment, ces scénarios restent sujets aux problèmes climatiques généraux - les dernières années ont été plutôt favorables - ainsi qu'aux politiques économiques. Dans ce domaine, la dévaluation du franc CFA a eu un impact extraordinairement positif et on a vu en particulier exploser ces rapports entre ville et campagne.

Ces quelques perspectives vous donnent une idée extrêmement synthétique et schématique de cette évolution de la situation de l'Afrique de l'Ouest dans les 30 ans à venir.

Cette évolution peut se résumer de trois manières. D'une part cette Afrique est en train de se créer des peuples nouveaux, parce que les populations ne cessent de s'accroître, parce que se créent des ensembles extrêmement importants qui se moquent des limites frontalières et politiques, et qui structurent des relations à l'échelle de l'ensemble de la région, avec des réseaux commerçants extrêmement actifs, non seulement au niveau de l'espace régional, mais au niveau mondial en allant chercher dans le monde entier leurs relations commerciales.

C'est une Afrique qui devient de plus en plus africaine dans son économie parce que les groupes ethniques qui étaient autrefois composés de quelques centaines de milliers de personnes seront composés de quelques millions et parfois de quelques dizaines de millions de personnes. Il s'agit de véritables nations qui sont progressivement en train d'émerger avec leur langue, leurs façons de faire, leurs pratiques commerciales, souvent une excellente insertion à l'échelle internationale.

Ce n'est pas une Afrique repliée sur elle-même à la naissance de laquelle nous assistons mais à une Afrique extrêmement immergée dans le monde et dynamique qui prend beaucoup d'initiatives et qui travaille avec ses règles propres qui ne sont pas celles des anciens colonisateurs qu'ils soient Français, Britanniques ou Portugais.

C'est une Afrique qui est également en création de pouvoirs complets. Il faut évoquer la très grande crise que l'ensemble de ce mouvement démographique est en train de provoquer. Crise de l'État d'abord puisque les États affrontés à une crise financière absolument considérable, elle-même gérée à travers les processus d'ajustements structurels, ne sont plus en mesure aujourd'hui d'assurer toutes les fonctions de la souveraineté. Ils perdent de plus en plus de légitimité, ils se replient sur des fonctions extrêmement élémentaires et parfois insuffisantes pour maintenir les grands équilibres.

Face à cette crise de l'État, qui a du mal à se gérer, renaissent des pays au sens géographique et rural du terme, ou des villes, avec leurs pouvoirs propres, leur citoyenneté propre, leur façon de s'organiser.

Parallèlement, les pouvoirs traditionnels des sociétés africaines sont également fortement mis en cause, à cause de l'urbanisation, de l'explosion démographique qui place la jeunesse dans une position complètement différente par rapport aux classes âgées, qui met les hommes d'expérience dans une situation délicate face à des groupes de jeunes qui ont des expériences complètement différentes de celles du passé, et également en raison des problèmes fonciers, la densification foncière en zone rurale bouleversant complètement les modes de gestion traditionnelle du foncier.

L'ensemble de ce mouvement crée donc une crise politique et on peut estimer que la façon de gouverner cette région d'Afrique sera particulièrement modifiée et sera le principal enjeu des prochaines années.

Cette perspective ne fait qu'ouvrir le débat. Elle appelle plus de questions et plus de doutes que de certitudes, mais il est important de dire que ce n'est pas une vision pessimiste. Le peuplement, la croissance démographique, s'ils sont convenablement gérés, peuvent être l'espoir et la chance d'un espace qui pendant très longtemps a été trop vide pour asseoir de véritables bases d'un développement durable.

(Applaudissements).

M. Jean-Pierre CANTEGRIT. - Nous devons remercier Jean-Michel Sévérino pour cet excellent exposé introductif. Vous aurez apprécié comme moi-même ce qu'il nous a dit. Je le remercie de sa concision. Je sais que ce n'était pas commode, mais il n'a dépassé son temps de parole que de 5 minutes.

Notre deuxième intervenant est Serge Mikhaïlof, 52 ans, qui a fait des études à H.E.C., au Massachussets Institute of Technology, qui a une licence de sociologie, un doctorat d'économie du développement, et qui depuis 1975 a travaillé pour la Caisse Française de Développement. De 1977 à 1993, il a exercé les fonctions de Directeur des agences locales de la Caisse Française de Développement au Niger, au Gabon et au Sénégal. Il a ensuite été détaché depuis 1993 auprès de la Banque mondiale comme Conseiller spécial auprès des Directeurs pour l'Afrique occidentale et centrale.

Il fait ensuite partie d'une société d'aide technique et de coopération. Ingénieur d'études, puis directeur du bureau d'études, enfin économiste consultant auprès de la banque mondiale, avec diverses missions de préparation de projets de développement dans plus de 30 pays du sud.

M. Mikhaïlof a publié plusieurs ouvrages, notamment « les apprentis sorciers du développement » (1985, Economica), un « guide d'analyse des projets d'investissements » en collaboration avec Manuel Bridrier (Economica, 1995) et « La France et l'Afrique », directeur de l'ouvrage collectif (Karthala, 1993).

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