II. LA COOPÉRATION FRANÇAISE AU GHANA

Traditionnellement, le Ghana, pays anglophone, ne faisait pas partie des « pays du champ ». Depuis la réforme de la coopération et la suppression de la distinction « champ/hors champ », les pays anglophones de l'Afrique sub-saharienne ont vocation à recevoir le même traitement que les États francophones.

Pour la Délégation du groupe d'amitié, cette mission était l'occasion de rappeler la traditionnelle vocation du groupe qui englobe à la fois des États francophones, bien entendu de loin les plus nombreux, mais également des États anglophones et lusopohones, d'Afrique de l'Ouest.

Cette mission fut également le prétexte pour illustrer le nouveau cours de la politique de coopération de la France.

A. LA COOPÉRATION ÉCONOMIQUE

1. Le cadre général de la coopération économique franco-ghanéenne

La coopération économique a été également abordée lors de l'entretien que le chef de l'État a accordé à la Délégation, le 1er mars 1996.

M. Jerry John RAWLINGS a tout d'abord estimé que le progrès économique était sans doute plus nécessaire au Ghana que l'application stricte d'une Constitution écrite.

Invité par M. Yann GAILLARD à présenter l'évolution économique du Ghana, le chef de l'État a remercié la France de son soutien au redressement économique du pays depuis 1983. notamment pour le développement des télécommunications et dans le secteur de l'énergie. Il a indiqué que le Ghana s'ouvrait à son marché régional notamment au Burkina-Faso et que l'amélioration des infrastructures routières à partir de Kumasi vers le nord constituait une priorité afin de renforcer l'intégration économique régionale du Ghana.

Évoquant l'action de la Caisse française de développement dont il a souligné qu'elle avait ouvert au Ghana son premier bureau dans un pays anglophone, il a estimé que son action avait permis de dynamiser l'économie ghanéenne citant en exemple de réalisation française la construction de l'hôtel Novotel d'Accra ou la rénovation de la distribution de l'eau ou des infrastructures routières.

Interrogé par M. Jean FAURE sur les relations économiques franco-ghanéennes M. Jerry John RAWLINGS a regretté l'absence de la France dans la privatisation du secteur bancaire.

Interrogé par M. François TRUCY sur les relations avec le Burkina Faso. pays frontalier, le chef de l'État a fait part de ses inquiétudes relatives au barrage projeté sur la Volta Blanche pour alimenter Ouagadougou en eau potable, de l'impact écologique de ce projet et ses conséquences sur l'approvisionnement en eau du barrage ghanéen d'Akosombo, dont il a rappelé le caractère stratégique pour le Ghana. Il a estimé nécessaire une approche globale, concertée et régionale du projet.

2. L'action de la Caisse française de développement au Ghana

La Caisse Française de Développement (CFD), ainsi que sa filiale PROPARCO pour le secteur privé, constituent un volet significatif de la coopération franco-ghanéenne pour le financement de l'aide au développement.

L'agence a ouvert ses portes à Accra en 1986 : c'était alors la première mission de la CFD en pays anglophone.

D'avril 1986 à mars 1993, 1 316 millions de francs (240 millions de dollars) de concours financiers et 464 millions de francs de dons (84 millions de $) ont été consentis au Ghana par la CFD faisant de la France l'un des trois plus importants bailleurs de fonds du Ghana pour 1992.

Les conditions de financement se sont diversifiées. Depuis les Sommets de Casablanca (1988) et de La Baule (1990) qui ont permis l'annulation de 20,7 millions de dollars de dettes publiques bilatérales, la Caisse Française de Développement intervient auprès du Gouvernement ghanéen exclusivement sous forme de dons. Des prêts concessionnels (à faible taux d'intérêt) ont également été attribués - en direct - à des entreprises du secteur public marchand pour financer leurs investissements.

La PROPARCO pour sa part finance, par le biais de prêts et de participations en capital, les investissements du secteur privé, soit directement, soit par l'intermédiaire des banques locales.

Le principal secteur d'intervention de la CFD au Ghana est celui des infrastructures : énergie, alimentation en eau (aussi bien en zone urbaine qu'en zone rurale), transport ferroviaire et télécommunications.

La Délégation a donc visité trois projets soutenus à des degrés divers par la CFD :


• Á Takoradi,
le 28 février la Délégation a visité le projet de réhabilitation d'une plantation agro-industrielle d'hévéas de 9 000 ha la Ghana Rubber Estate Ltd (GREL), et de construction d'une nouvelle usine de transformation du latex, avec l'appui de l'opérateur français SOCEDI (129 millions de francs). Après un redressement réussi, le projet est actuellement engagé dans un processus de privatisation impliquant des investisseurs français.

Ce projet s'accompagne d'un soutien aux planteurs villageois d'hévéas, de palmiers à huile et de tabac (20,5 millions de francs).


• Á Somanya, la Délégation a visité le 29 février le barrage hydroélectrique d'Akosombo sur le bassin de la Volta qui assure la totalité des besoins d'électricité du Ghana.

Au sein du secteur des infrastructures, le poste le plus important (33 % de l'encours global des financements de la CFD) est celui de l'électricité. Les engagements de la Caisse en faveur de la Volta River Authority et de l'EIectricity Cooperation of Ghana s'élevaient au 31 décembre 1995, à 548 millions de francs.


• Enfin à Cape Coast, la Délégation a visité le 3 mars un projet du BURGEAP , groupe français d'ingénieurs-conseil en environnement financé par la CFD. de trois programmes d'hydraulique villageois représentant près de mille points d'eau dans la Central Region pour un total de 120 millions de francs.

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