Le développement du secteur privé

Omar RAMDANE ,
Président du Forum des Entrepreneurs d'Algérie

I. Historique

L'importance du secteur privé en Algérie est souvent méconnue. Cette perception inexacte trouve sans doute son origine dans les relations commerciales qui ont prévalu, des décennies durant, entre des agents économiques étrangers et les entreprises publiques algériennes. Depuis 1998, le secteur privé a dépassé le secteur public. En 2000, il représente 55 % de la valeur ajoutée, hors hydrocarbures. C'est à partir de 1970 que le secteur privé avait commencé à régresser, pour atteindre 41 % de la valeur ajoutée. A l'époque, le secteur privé était à peine toléré... En 1979, la contribution du secteur privé dans la valeur ajoutée tombe à 37 %. Une base industrielle puissante est créée à cette époque, financée par les recettes pétrolières, l'endettement externe et la création monétaire. C'est seulement en 1982 que l'on accorde au secteur privé un rôle complémentaire au secteur public, dans les activités aval de transformation et de distribution. Le secteur privé n'est cependant pas autorisé à investir plus de 35 millions de francs. En 1993, toutes les activités sont ouvertes au secteur privé, sans plafond d'investissement. Mais cette liberté toute nouvelle coïncide avec une crise de liquidités sans précédent. Dès 1995, à la faveur de la stabilisation des grands équilibres financiers, l'entrepreneur privé dispose enfin de tous les instruments de gestion de son entreprise, et le secteur peut dès lors prendre son envol.

II. Etat des lieux

Les PME privées se répartissent en cinq grands secteurs. Le transport et le commerce ne représentent que 10 % des entreprises de plus de 10 personnes. Le secteur privé réalise un chiffre d'affaires de 12 milliards de dollars. Sa contribution à la valeur ajoutée atteint 55 % à la fin de l'année 2000. Alors que le secteur public était dominant dans pratiquement tous les secteurs jusqu'en 1989, il ne domine plus aujourd'hui que la sidérurgie et la mécanique. Plus de 43 000 projets d'investissements privés ont été recensés depuis 1993, dont 37 % dans l'industrie. Signalons que plus de 7 000 projets sont destinés à des expansions de capacités, pour un montant de 7 milliards de dollars.

Le secteur privé connaît une croissance de 6 % à 8 % depuis cinq à six ans, avec des pics à 11 % pour l'agroalimentaire et à 20 % pour l'électronique en 2000. Il va sans doute connaître un essor considérable à la faveur du vaste programme de privatisation annoncé ce matin. Cela dit, le secteur privé ne possède pas les capacités suffisantes pour absorber seul les actifs du secteur public. Il éprouve donc quelque inquiétude à la perspective de l'ouverture totale du marché national. Dans le même temps, des opportunités de partenariat se font jour dans tous les secteurs d'activité : je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de pays qui soient actuellement aussi ouverts aux partenariats avec l'étranger. Si les produits français bénéficient encore de l'habitude des consommateurs algériens d'acheter « made in France », cette habitude pourrait évoluer. Les entreprises françaises doivent désormais penser à établir une relation plus qualitative avec leurs clients algériens. Le Forum des Entrepreneurs est prêt, à cet égard, à favoriser les rapprochements entre entrepreneurs français et algériens.