B. OFFRIR AU YÉMEN UN PARTENARIAT ÉCONOMIQUE

Le 18 octobre 2002 s'est tenu à Paris un forum d'affaires devant permettre aux entreprises françaises de prendre des contacts avec les autorités yéménites. Cette occasion était unique : la France est aujourd'hui très peu, et pas assez présente au Yémen sur le plan économique.

1. 2 secteurs d'intervention de poids : banque et ressources énergétiques

Les entreprises françaises sont présentes en petit nombre au Yémen et les relations économiques très peu développées (140,10 M€ d'exportations en 2000) en raison de difficultés indéniables (capacités de financement limitées, application du droit des affaires et de la loi sur les investissements étrangers imparfaite, insécurité...). Néanmoins, quelques grandes entreprises françaises sont présentes au Yémen dans le secteur de la banque avec Indosuez, une des rares banques occidentales installées et dans le domaine de l'énergie avec le BRGM. Le groupe TotalFinaElf s'est par ailleurs vu confier la direction du grand projet yéménite de gaz naturel, dont la mise en oeuvre dépend des débouchés commerciaux. Les firmes américaines Hunt et ExxonMobil se sont retirées de ce projet en 2002 et le consortium international chargé du projet se limite désormais à TotalFinaElf et aux firmes sud-coréennes, SK Corp. et Hyundai. Le gouvernement yéménite a accordé en juin 2002 aux trois firmes une nouvelle période de quatre ans, finissant en juin 2006, pour la réalisation du projet. D'un coût de 2,2 milliards de dollars, le projet a été reporté à de nombreuses reprises en l'absence de promesse fermes d'acheteurs 10( * ) . Il prévoit notamment la construction d'une usine de liquéfaction de gaz et d'un terminal gazier dans la région de Bal-Haf, sur le golfe d'Aden, située à 350 kms des gisements gaziers de Maarib (est de Sanaa). Un gazoduc, devrait également être construit pour lier le gisement de Ma'rib au terminal d'exportation. L'usine devrait avoir une capacité de production de 5,3 millions de tonnes par an.

2. En France, des acteurs à mobiliser

Outre les difficultés réelles à pénétrer le marché yéménite et au faible potentiel de la demande intérieure solvable, les investisseurs français manquent d'information et de visibilité sur les perspectives d'implantation et d'affaires. Les rencontres qui ont eu lieu entre la délégation du conseil de la Choura et le MEDEF International ou la Chambre de Commerce franco-arabe mettent en exergue la difficulté de recenser les opportunités d'investissement offertes par le Yémen. Le pays reste mal connu et l'image offerte par les médias effraie.

Aux acteurs majeurs que sont les deux ambassades, de France à Sanaa, et du Yémen à Paris, le poste d'expansion économique, l'agence française de développement, le MEDEF international, le centre français du commerce extérieur et la chambre de commerce franco-arabe de se constituer en réseau et de mobiliser les synergies pour mieux promouvoir les investissements français au Yémen.

3. Des synergies possibles

Les acteurs ayant intérêt au développement du Yémen doivent sans doute conclure des partenariats autour d'investissements et de projets partagés. Entre pays occidentaux, pas du Golfe et Yémen peuvent être inventées des formules mobilisant leur valeur ajoutée respective. Ainsi, un trio réunissant France, Arabie Saoudite et Yémen peut lancer une initiative de développement prometteuse.

- A la France, la mobilisation de ses compétences et de son « expertise » ;

- A l'Arabie Saoudite, la recherche des ressources financières et l'investissement en capital ;

- Au Yémen, la mise à disposition de la main d'oeuvre.

C'est sans doute autour de partenariats de ce type, où chaque acteur mobilise ses points forts et les met en commun, autour d'invention de formules nouvelles d'action économique, que pourrait s'enclencher pour le Yémen le cercle vertueux de la croissance économique.

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La formule, tant de fois assénée depuis le 11 septembre 2001 par les membres de la coalition antiterroriste, « pas de sécurité sans développement » , doit, plus d'un an après les événements dramatiques qui ont conduit le Yémen à se ranger ostensiblement dans le « bon camp », trouver désormais une traduction rapide et concrète.

La première traduction consiste sans doute à raffermir l'Etat de droit en s'engageant auprès des autorités et des partis yéménites dans l'organisation des élections législatives de 2003 pour que celles-ci puissent servir de modèle, tant dans la péninsule arabique que dans les autres pays arabes.

Puisse la démocratisation du régime, véritable défi dans le climat de lutte anti-terroriste, mais aussi de suspicion vis-à-vis de certains partis et tribus, s'accompagner d'un engagement accru des pays occidentaux à investir au Yémen. Au-delà de la lutte contre la pauvreté, les échanges économiques constitueront le facteur d'un développement durable.

La France, malgré le coup de tonnerre de l'attentat contre le Limbourg, demeure un des meilleurs alliés du Yémen. L'entrevue du 18 octobre 2002 entre M. Bajammal, Premier Ministre du Yémen et M. Jean-Pierre Raffarin a sans aucun doute permis de dissiper les appréhensions de certains et de donner le ton d'une nouvelle coopération policière et judiciaire avec les services yéménites.

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