C. LA CONFIANCE DES MILIEUX ÉCONOMIQUES SEMBLE REVENUE, MAIS ELLE RESTE SUBORDONNÉE À LA MISE EN oeUVRE DE PROFONDES RÉFORMES STRUCTURELLES

L'objectif du gouvernement de M. HARIRI est d'arriver, à l'horizon 2007, à la fois à un équilibre budgétaire et à une baisse significative de la dette publique. Les contributions financières annoncées à Paris II devraient permettre d'accélérer la réduction de la charge de la dette libanaise. Ceci est de nature à créer un climat de confiance à même d'entraîner une baisse des taux d'intérêt.

Paris II a d'ailleurs rapidement commencé à porter ses fruits grâce à une chute des taux d'intérêt, à une reconstitution des réserves de la banque centrale libanaise et à une abondance des liquidités sur le marché. Par un accord intervenu le 16 décembre dernier entre la Banque centrale libanaise et l'association des banques libanaises, tous les établissements financiers libanais sont convenus de contribuer à l'effort de Paris II en souscrivant des bons du trésor à hauteur de 10 % de leurs dépôts, évalués à 42 milliards de dollars. Les contributions annoncées à Paris se mettent en place progressivement : la Malaisie, les Émirats Arabes Unis, Koweït et Oman ont émis leurs contributions pour un total de 950 millions de dollars. Le concours français (prêt de 500 millions de dollars) a été versé le 28 février dernier.

Il faut donc se féliciter du soutien apporté par la communauté internationale et du succès de l'intermédiation française en faveur de nos amis libanais. Le "choc de confiance" attendu, et donc le succès réel de cette opération, dépendront cependant essentiellement du volontarisme avec lequel les autorités libanaises mettront en oeuvre les réformes et de la solidarité dont elles sauront faire preuve pour sortir durablement leur pays de l'adversité.

Le Liban s'est engagé dans un programme macro-économique d'assainissement de la situation financière du pays articulé autour de deux piliers principaux :

- budgétaire et fiscal (le budget 2003 - adopté le 28 février - a ramené le déficit à 8 % du PIB, contre 14 % dans la loi de finances pour 2002) ;

- politique de privatisations.

L'objectif est de parvenir à l'horizon 2007 à la fois à un équilibre budgétaire et à une baisse significative de la dette publique. S'agissant de la croissance, pour le gouverneur de la Banque centrale du Liban, l'année 2003 devrait être celle de l'ajustement, avant une reprise en 2004.

L'État libanais doit cependant continuer à renforcer sa crédibilité, que seules des réformes structurelles courageuses pourront restaurer sur le long terme.

Le programme de privatisations annoncé ne doit pas être davantage différé. Ainsi, d'aucuns avancent que si EDL (Électricité du Liban) avait été privatisée assez tôt, les recettes issues de cette opération auraient couvert la dette de 2002, tandis qu'une privatisation fin 2002 n'aurait payé que les intérêts de cette dette ...

Ne conviendrait-il pas d'aller au-delà des objectifs affichés, par exemple en réformant la fiscalité libanaise (la répartition entre impôts directs et indirects est très déséquilibrée, l'essentiel de l'effort portant sur les seconds) et, plus généralement, en mettant en oeuvre un système de "bonne gouvernance" de l'État ? De ce point de vue, la récente introduction d'une taxe de 5 % sur les intérêts des dépôts va dans le bon sens.

Le retournement de confiance tant attendu s'est produit. Le Président CHIRAC a parlé d' "engagements réciproques" et la communauté internationale a souhaité que les autorités libanaises poursuivent et approfondissent leurs relations avec le FMI, afin d'aboutir rapidement à un engagement financier significatif des institutions financières internationales

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