II. LE DÉROULEMENT DE LA MISSION

Arrivée à tel Aviv le dimanche soir 15 mai, la délégation a été invitée à Jérusalem par Mme Colette Avital, Présidente du groupe d'amitié interparlementaire « France-Israël » à la Knesset, à venir partager un dîner, au cours duquel les principaux points de préoccupations des parlementaires israéliens ont pu être abordés.

Dressant un tableau rapide de la situation, et notamment du contexte du retrait de la bande de Gaza, Mme Avital a présenté la société israélienne à un tournant de son histoire, même si elle n'a pas sous-estimé les tensions, nombreuses, qui la traversent : notamment l'agitation alimentée par les groupuscules d'extrême droite.

Vue de Jérusalem la nuit

Mme Avital est née en Roumanie en 1940. Sa famille s'est installée en Israël en 1950.

Elle a fait toute sa carrière professionnelle au ministère des Affaires étrangères et a exercé diverses fonctions :

? vice-directeur à l'information (1979-1981) ;

? directeur de l'école Ehud Avriel, chargée de former les futurs diplomates (1984-1986) ;

? vice-directeur général à l'information, aux medias et à la culture (1986-1988) ;

? vice-directeur général pour l'Europe au ministère des affaires étrangères.

A l'étranger, elle a été en poste à Montréal, Bruxelles (attaché de presse et attaché culturel), Paris (ministre-conseiller), Boston (consul), Lisbonne (ambassadeur), New York (consul général).

Elle est entrée en politique en 1999. Elle siège depuis lors dans les rangs travaillistes à la Knesset.

Francophile, elle a été la présidente du groupe d'amitié parlementaire France-Israël à la Knesset.

Mme Avital est une polyglotte distinguée (outre l'hébreu, elle pratique le français, l'anglais, l'allemand, le roumain, le portugais et l'italien). Elle est également diplômée de plusieurs universités en sciences politiques et en littérature anglaise (Jérusalem, Montréal, Harvard).

1. Le lundi 16 mai

Le matin, la délégation a été guidée dans la vieille ville de Jérusalem, sur les lieux saints de prière.

Les membres ont pu aller se recueillir devant le mur des lamentations et parcourir le tunnel creusé sous l'esplanade des mosquées, aujourd'hui entièrement déblayé.

Ils ont ensuite parcouru le coeur de la vieille ville, en suivant la trace du chemin de croix de Jésus-Christ, jusqu'au Saint-Sépulcre.

Dans la vieille ville de Jérusalem, les sénateurs suivent les étapes du chemin de croix, jusqu'au Saint-Sépulcre.

La délégation est ensuite allée déjeuner avec Mme Osnat Bar-Yosef et M. Samuel Ravel, directeurs des départements I et IV pour l'Europe de l'Ouest du ministère des affaires étrangères.

Issus du corps diplomatique, et s'occupant plus particulièrement des relations entre Israël et l'Ouest de l'Europe, ils ont fait part aux membres de la délégation du réel changement observé depuis l'accession de Mahmoud Abbas à la tête de l'autorité palestinienne.

Ils ont témoigné du réchauffement des relations avec la plupart des représentants du monde occidental, signe, selon eux d'une « normalisation » souhaitée des relations extérieures israéliennes.

L'après-midi, la délégation a visité le Mémorial des Martyrs et des Héros de l'Holocauste « Yak Vashem ».

Le soir, les membres ont pu discuter avec les correspondants des médias français à Jérusalem : Danièle Kriegel Enderlin, correspondante notamment de la dépêche du Midi sur les questions moyen-orientales ; Gilles Paris, correspondant du Journal « Le Monde » à Jérusalem ; Emmanuel Faux, correspondant permanent d'Europe 1 au Proche-Orient et Nicolas Rosenbaum, correspondant de RFI à Jérusalem.

Témoins quotidiens des tensions qui traversent à l'heure actuelle la société israélienne, ils ont pu apporter un éclairage direct sur les enjeux du processus de retrait des colonies et sur les réformes économiques à l'oeuvre.

2. Le mardi 17 mai

Le matin, la délégation s'est rendue sur les hauteurs de la ville de Kalkiliya (municipalité palestinienne remportée par le Hamas lors des dernières élections municipales), afin de se rendre compte sur le terrain de la réalité de la barrière de sécurité .

Sur les hauteurs de Kalkilia, un officier de l'armée israélienne explique les enjeux de la barrière de sécurité.

Un officier de l'armée chargé de l'information a examiné le tracé de la barrière et, graphiques à l'appui, a fait part des résultats déjà obtenus, à savoir, la diminution conséquente du nombre d'attentas.

L'après-midi, la délégation a pu s'entretenir avec les représentants d'une ONG israélienne spécialisée sur la question des minorités arabes en territoire d'Israël : Sikkuy (voir le compte-rendu de l'entretien en partie III).

Sikkuy qui signifie « occasion » ou « opportunité » en hébreu est une ONG israélienne non partisane et à but non lucratif qui soutient et met en oeuvre des projets qui doivent permettre de faire avancer l'égalité civique entre les citoyens arabes et juifs d'Israël tant au niveau du budget de l'Etat que la distribution d'allocations, les prêts accordés par les banques ou encore le partage des terres.

Créée en 1991 comme une organisation de défense judéo-arabe, les actions de Sikkuy sont fondées sur le droit de chaque citoyen à influencer les décisions et les politiques gouvernementales.

Membre actif au sein des organisations internationales privées, le Sikkuy s'efforce de faire avancer un certain nombre de valeurs au fondement de la société israélienne, notamment :

- l'égalité : parvenir à une égalité complète des droits entre citoyens juifs et arabes ;

- la citoyenneté partagée : fonder la bataille pour l'égalité sur le principe de citoyenneté ;

- la dignité de la personne humaine : promouvoir la dignité humaine comme la valeur suprême à la base des relations entre les citoyens et leur Etat.

L'ONG est dirigée conjointement par des administrateurs arabes et juifs, administrée par deux co-directeurs arabe et juif et emploie du personnel juif et arabe.

Les journalistes du journal Haaretz ont reçu les membres au siège du Journal, à Tel Aviv.

Quotidien de référence en Israël, le Haaretz a toujours été opposé à la politique de colonisation d'Ariel Sharon et soutient aujourd'hui le processus de désengagement (voir le compte-rendu de l'entretien dans la troisième partie).

Le soir, une réception à l'Ambassade de France avec des universitaires et autorités politiques du pays a permis aux membres d'être confrontés à la diversité des positions, face à la politique de retrait d'Ariel Sharon, et de discuter des scénarii possibles pour la suite des évènements.

3. Le mercredi 18 mai

Le matin, la délégation s'est rendue dans la ville sainte de Bethléem, ville du Christ.

Les membres sont allés se recueillir sur les lieux saints, et, en particulier, sur le berceau de la nativité.

Ils ont ensuite été reçus par le maire chrétien de Bethléem, Hanna Nasser (voir compte-rendu de l'entretien en partie III), dont le mandat était en jeu.

La délégation entoure le maire de Bethléem

(de gauche à droite :

MM. Laurent Béteille, Philippe Richert, Président, Hanna Nasser, maire, Jean-Pierre Plancade, David Assouline et Yannick Texier)

Quelques jours après le départ de la délégation, on apprenait que le conseil municipal issu des élections municipales du 5 mai avait élu Victor Batarseh, 70 ans, pour succéder au maire sortant Hanna Nasser.

Chrétien palestinien du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), M. Batarseh a été élu grâce aux voix du mouvement islamiste Hamas, a-t-on appris auprès du conseil municipal.

Le FPLP, parti laïc membre de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), ne disposait que de trois conseillers municipaux sur les 15 que compte le conseil, mais M. Batarseh a obtenu les voix des cinq élus du Hamas qui l'ont soutenu face à Toni Salmane, candidat du mouvement Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

Avant de regagner Jérusalem, la délégation s'est rendue de l'autre côté de l'enceinte, pour aller se recueillir sur le tombeau de Rachel.

De retour à Jérusalem, la délégation s'est rendue à la Knesset : après avoir été saluée dans l'hémicycle par le Président de la Knesset, les sénateurs ont visité la Knesset, avant de partager un déjeuner avec des parlementaires, autour de la Députée Mme Colette AVITAL, présidente du groupe d'amitié Israël France à la Knesset.

L'après-midi, le Président de la Knesset (voir compte-rendu de l'entretien dans la troisième partie), M. Rivlin, a reçu les sénateurs en audience.

Juriste de formation, M. Rivlin, né en 1939 à Jérusalem, est conseiller municipal de sa ville natale depuis 1978.

Il a exercé diverses fonctions dans le secteur privé (membre du conseil exécutif d'El-Al, de 1981 à 1986) et dans le domaine de la culture (ancien membre du conseil d'administration du « Khan Theater » et du conseil d'administration du musée d'Israël à Jérusalem). Il est élu en 1988 à la Knesset.

Dans le premier Gouvernement Sharon, il a été ministre des télécommunications de mars 2001 à février 2003.

Il a été élu à la présidence de la Knesset le 19 février 2003.

Enfin, la délégation a pu s'entretenir avec M. Vilnai, ministre du Gouvernement d'Ariel Sharon, dont les propos optimistes ont permis aux sénateurs d'entrevoir la possibilité de la reprise des négociations après le retrait de la bande de Gaza (voir le compte-rendu d'entretien en troisième partie).

M. Yannick Texier et M. Vilnai, ministre dans le Gouvernement d'Ariel Sharon.

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