CONCLUSION : QUEL APRES-2006 ?

L'année 2006 sera une année charnière pour l'avenir de la Serbie et Monténégro. Confrontée au départ plausible du Monténégro et à l'indépendance du Kosovo, la Serbie se retrouverait soumise à des turbulences politiques logiques, tant la démocratie y est encore jeune et tant la question des frontières est un élément fondamental pour l'équilibre d'un Etat. Accompagnées cette fois-ci par la communauté internationale, ces sécessions ne doivent avoir d'autres conséquences que l'ouverture d'une nouvelle perspective, européenne, pour Belgrade.

Bien qu'encore refoulée par l'Union Européenne, l'indépendance du Monténégro est une hypothèse possible, qui ne devra pas conduire, une fois acquise, à écarter Podgorica du projet européen. Sécession citoyenne, elle est aussi le signe de l'échec d'une stratégie diplomatique peu adaptée à la complexité politique locale et sans réel appui populaire sur place. Elle sonne le glas des constructions artificielles de type bosnien qui, dans le cadre de protectorats internationaux, confirment les séparatismes plus qu'elles ne les annihilent. A ce titre, il conviendra sans doute de repenser les modalités des accords de Dayton visant la Bosnie-Herzégovine, ainsi que l'a proposé dans une récente résolution de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe 22 ( * ) , afin d'accélérer la fusion des entités serbe et croato-musulmane, et éliminer par delà un foyer de tension à la frontière serbe.

Le Kosovo est également un miroir cruel pour la Communauté internationale, qui si elle n'a pas démérité, n'en a pas moins fait preuve d'une certaine passivité et n'a pas su imposer quand il était temps une ligne politique claire à son action. Réalisée dans l'urgence, la démarche en deux temps (standards puis statut) s'avère finalement inadaptée, tant le statut institutionnel peut préjuger de la réalité des normes démocratiques. L'indépendance conditionnelle du Kosovo ne signifie pas pour autant un retrait de la Communauté internationale à court et moyen terme. Elle vient confirmer qu'une présence militaire, qu'elle soit européenne ou euro-atlantique, reste indispensable et qu'elle doit désormais répondre à des objectifs divers, aussi bien civils que sécuritaires. En l'absence d'une scolarité commune aux deux ethnies principales qui permettrait aux jeunes générations de partir sur de nouvelles bases, un retrait des troupes ne pourrait se concevoir que dans le cadre de vastes mouvements de populations, permettant le regroupement des communautés dans des entités cohérentes, coexistant dans une structure étatique hyperdécentralisée, celle-la même qui tend à s'essouffler en Bosnie-Herzégovine...

* 22 Résolution n°1384 du 23 juin 2004

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