II- RWANDA : RECONSTRUIRE L'UNITÉ ET PRÉPARER L'AVENIR

Le Rwanda en quelques chiffres

Données générales

Nom officiel : République du Rwanda

Langue(s) officielle(s) : anglais, français, kinyarwanda

Monnaie : Franc rwandais (1 USD = 538 FrR)

Données géographiques

Superficie : 26.338 km 2

Villes principales : Kigali (capitale), Butare, Ruhengeri

Données démographiques

Population : 8,41 millions d'habitants

Croissance démographique : 3 % par an

Espérance de vie : 44 ans

Taux d'alphabétisation des adultes : 65 %

Religion(s) : chrétiens (50 %), protestants adventistes (45 %), musulmans

Indice de développement humain : 159 sur 177 (PNUD 2005)

Communauté française au Rwanda : 267 immatriculés en 2004

Données économiques

PNB : 11,15 milliard de $ (Banque Mondiale, 2004)

PIB par habitant : 1.300 $ PPA (Banque Mondiale, 2004)

Taux de croissance du PIB : 3,8 % par an

Taux de chômage : 50 %

Taux d'inflation : 12 %

Balance commerciale : - 185 millions de $

Principaux clients : Indonésie (38,4 %), Chine (4,2 %), Kazakhstan (3,6 %), Allemagne (2,7 %), Pays-Bas (2 %)

Principaux fournisseurs : Kenya (24 %), Allemagne (7,6 %), Belgique (7 %), France (5 %), Afrique du sud (3,4 %)

Part des principaux secteurs d'activités dans le PNB : agriculture (40 %), industries et mines (22 %), services (38 %)

Exportations de la France vers le Rwanda : 17,4 millions d'euros en 2004

Importations françaises du Rwanda : 0,6 million d'euros en 2004

A. LE TRAUMATISME DE 1994 : CAUSES ET CONSÉQUENCES

L'histoire du Rwanda est d'abord marquée par les troubles de la décennie 1990, et notamment par le génocide fratricide de 1994, qui a vu s'affronter pendant trois mois les Hutus et les Tutsis d'un même village, parfois d'une même famille, et dont les cicatrices sont encore vivaces.

1. De la guerre à la transition

Dès l'indépendance du pays en 1959, les Tutsis, qui constituent l'ancienne élite du pays bien qu'étant minoritaires, sont victimes de mesures de répression pouvant aller jusqu'au massacre, comme en 1973, et s'exilent dans les pays limitrophes - ils sont 600.000 en 1990 - ou vers l'Europe. La situation dégénère le 1 er octobre 1990, avec l'offensive des troupes du Front patriotique rwandais (FPR) au nord du Rwanda, à partir de l'Ouganda. Cette attaque, dirigée contre le régime du Président Habyarimana (Hutu), au pouvoir depuis 1973, trouve son origine dans le refus du Gouvernement d'autoriser le retour au Rwanda des réfugiés Tutsis.

Le régime de Kigali et le FPR parviennent toutefois à un accord le 4 août 1993, qui prévoit la mise en place d'institutions de transition et le transfert de la majorité des pouvoirs du chef de l'Etat à un gouvernement ouvert aux Tutsis. Mais l'assassinat du Président burundais Ndadaye (Hutu) le 21 octobre 1993, et les massacres qui en résultent marquent un tournant dans la détérioration de la situation régionale et dans l' exacerbation de la méfiance intercommunautaire .

Le 6 avril 1994, le Président Habyarimana et le Président burundais Ntaryamira trouvent, à leur tour, la mort dans l'attentat qui détruit l'avion qui les ramenait de Dar-es-Salam. Le jour même, les milices hutues Interahamwe projettent l'élimination systématique des Tutsis et des Hutus modérés. Près d' un million de personnes sont victimes du génocide, qui durera cent jours.

L'arrivée au pouvoir du FPR, durant l'été 1994, marque le début d'une période de transition qui sera prolongée de quatre ans en 1999. En 2000, le président de l'Assemblée, le Premier ministre et le président de la République, quittent leurs fonctions et Paul Kagame devient président de la République.

Des élections communales ont lieu en mars 2001 et une Constitution est adoptée par référendum le 26 mai 2003. Les élections présidentielles du 25 août 2003 et les élections législatives qui suivent, le 29 septembre, donnent une large victoire à Paul Kagame (95 % des suffrages) et au FPR, qui reconduit sans grand changement le dernier gouvernement de la transition.


Chronologie

- 1 er octobre 1990: invasion du FPR au Rwanda (en provenance de l'Ouganda) ;

- octobre 1990 : opération Noroît. Deux compagnies françaises sont dépêchées sur place. Deux autres viendront renforcer le dispositif en février 1993 ;

- juillet 1992 : premier cessez-le-feu. Déploiement par l'organisation de l'union africaine d'un groupe d'observateurs à la frontière entre le Rwanda et l'Ouganda ;

- juin 1993 : envoi d'une mission d'observation des Nations-Unies à la frontière entre le Rwanda et l'Ouganda (résolution 846) ;

- 4 août 1993 : accords d'Arusha entre le gouvernement et le FPR ;

- octobre 1993 : création de la Minuar (2.300 hommes) ;

- 15 décembre 1993 : retrait de Noroît. Arrivée de la Minuar ;

- 6 avril 1994 : attentat contre le président Habyarimana. Début du génocide ;

- 9-14 avril 1994 : opération Amaryllis d'évacuation des ressortissants français ;

- 21 avril 1994: la Minuar passe de 2.300 à 270 hommes ;

- 22 juin-21 août 1994 : opération Turquoise (prévue par la résolution 929) ;

- 4 juillet 1994 : chute de Kigali et prise du pouvoir par le FPR ;

- 19 juillet 1994 : mise en place du gouvernement d'union nationale ;

- novembre 1996 : attaques, par l'armée rwandaise, des camps de réfugiés au Zaïre ;

- fin 1996 : création de l'Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila ;

- mai 1997 : entrée des troupes rwandaises et de l'AFDL à Kinshasa ;

- juillet 1998 : Laurent-Désiré Kabila expulse le contingent militaire rwandais ;

- 2 août 1998 : opération aérotransportée sur la base militaire de Kitona (Bas Congo) pour prendre Kinshasa. L'Angola intervient pour sauver Laurent-Désiré Kabila ;

- 1998 : création par le Rwanda à Goma, du RCD/Goma. Début de la deuxième « guerre de libération » du Congo ;

- 1999: prolongation pour cinq ans de la période de transition ;

- 23 mars 2000 : Pasteur Bizimungu, président de la République, est poussé à la démission. Il est ensuite arrêté et emprisonné ;

- 22 avril 2000 : élection et prestation de serment du président Kagame ;

- 23 août 2001 : visite a Kigali d'Hubert Védrine ;

- 22 janvier 2002 : visite conjointe à Kigali d'Hubert Védrine et Jack Straw ;

- 30 juillet 2002 : accords de Pretoria entre le Rwanda et la RDC ;

- septembre 2002 : visite de Dominique de Villepin à Kigali. Entretien avec le président Kagame ;

- 26 mai 2003: adoption de la nouvelle Constitution par référendum ;

- 25 août 2003 : élections présidentielles (remportées par le président Kagame), suivies, le 29 septembre, des élections législatives, qui marquent la fin de la période de transition.

2. Une économie fragile

Avec la mise en place du régime de transition, le Rwanda a bénéficié d'un appui financier de la communauté internationale , d'un niveau considérable au regard de l'aide dont a bénéficié son voisin burundais, pour accélérer son redressement. Le Rwanda a ainsi signé, en août 2002, avec le FMI un programme de facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) de 6 millions de dollars sur trois ans.

Toutefois, si le pays a retrouvé son niveau de production de 1994, son économie fait face aujourd'hui à des problèmes structurels : une dépendance inquiétante vis-à-vis de l'extérieur (près de 50 % du budget de l'État provient de l'aide internationale), une absence de diversification (92 % de la population vit de l'agriculture), une pression démographique insoutenable à long terme, notamment s'agissant du partage des terres agricoles, et un déficit énergétique majeur. De fait, la majorité des régions agricoles souffre d'une extrême pauvreté.

Ces difficultés se traduisent par une dégradation des principaux indicateurs macroéconomiques : la croissance est passée de 9,4 % en 2002 à de 3,8 % en 2004, l'inflation atteint désormais 12 % et le solde commercial s'est largement détérioré du fait de la chute du cours des principaux produits exportés par le Rwanda, comme le café.

3. Des relations diplomatiques heurtées avec les Etats limitrophes

La politique extérieure du Rwanda est traditionnellement orientée vers la RDC, avec laquelle les relations ne se sont jamais normalisées depuis 1997. A cette date, le soutien apporté par le Rwanda à la coalition de l'AFDL, menée par Laurent-Désiré Kabila, a en effet précipité la chute du maréchal Mobutu.

Inquiet des agissements des miliciens Interahamwe et des anciens officiers de l'armée rwandaise (ex-Far) réfugiés dans l'Est de la RDC, le Rwanda est ensuite intervenu sur le sol congolais en 1998.

Si, en vertu de l'accord de Pretoria conclu en septembre 2002 et sous la pression internationale, le Rwanda a retiré ses troupes de RDC, Kigali a cependant longtemps entretenu la menace d'une nouvelle intervention , en invoquant l'inaction de la communauté internationale face au problème du désarmement des combattants rwandais encore présents dans l'Est de la RDC.

La force de maintien de la paix en RDC (Monuc), a ainsi récemment déploré, à deux reprises (avril et en décembre 2004), l'incursion de troupes rwandaises sur le territoire congolais.

En revanche, le Rwanda s'investit depuis dans le règlement de conflits africains . Il participe ainsi actuellement, avec un contingent de 300 hommes, à la force d'interposition de l'Union africaine déployée dans la région du Darfour au Soudan.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page