IV. AUDITIONS DES REPRÉSENTANTS DES ASSOCIATIONS « AMIS DE LA RASD1 ( * ), DE DE L'AFPSA2 ( * ) ET DU CORELSO3 ( * ), ET DE M. OMAR MANSOUR, REPRÉSENTANT DE LA RASD À PARIS.

A. ENTRETIEN AVEC MMES REGINE VILLEMONT, SECRETAIRE GENERALE DE L'ASSOCIATION DES AMIS DE LA RASD, MICHELE DECASTER, SECRETAIRE GENERALE DE L'AFPSA ET CLAUDE MANGIN DU CORELSO - MERCREDI 20 OCTOBRE 2010 À 17 HEURES.

M. Christian CAMBON, président, a accueilli les représentantes des associations proches du POLISARIO en leur présentant le programme et les thèmes du voyage de la délégation qui s'est rendue au Sahara en septembre 2010. Il a indiqué le souci de la délégation de dialoguer avec toutes les parties.

Mmes Régine VILLEMONT, Michèle DECASTER et Claude MANGIN se sont, tout d'abord, inquiétées de la possible instrumentalisation de la délégation qui n'a rencontré que les autorités officielles marocaines.

M. le Président a souligné que les membres de la délégation étaient assez avertis pour ne pas se laisser impressionner par les échos médiatiques suscités par ce déplacement dans la presse écrite audiovisuelle marocaine. Pour lui, la réalité prime toujours sur les discours. Il a illustré son propos en mettant en exergue les politiques de développement et de lutte contre la pauvreté comme les meilleures garantes contre le terrorisme et l'insécurité. Il a salué alors les efforts d'investissement considérables faits par le Maroc au Sahara occidental.

Les représentantes des associations ont, pour leur part, dénoncé un développement économique et social au seul bénéficie de la population marocaine du Sahara occidental et qui exclut en grande partie la population sahraouie.

Elles ont ainsi signalé l'installation d'un camp de tentes situé dans la banlieue de Laâyoune, habité par des sahraouis qui se sentent marginalisés dans leur vie sociale, dans leur recherche d'un travail, dans leur spécificité culturelle, et qui ont ressenti le besoin de rendre visible leur pauvreté et leur désarroi. Elles ont ajouté que les autorités marocaines entretiennent un climat hostile entre familles marocaines et familles sahraouies, ajoutant à la frustration de part et d'autre.

Enfin, elles ont rappelé la situation des associations de défense des droits de l'Homme au Sahara occidental qui, bien qu'ayant gagné des procès face aux autorités marocaines, ne sont toujours pas reconnues par l'État marocain.

M. le Président a souligné que les exactions contre les droits de l'Homme avaient lieu de part et d'autre. Il a néanmoins fait remarquer que, face à une situation qui semble figée depuis des années sur le terrain, il y avait une évolution prudente du Conseil de Sécurité de l'ONU sur la question du Sahara occidental, et que celui-ci avait jugé la proposition du Maroc comme « crédible et sérieuse ».

M. le Président a ensuite évoqué la situation des camps de Tindouf, et des conditions de vie des populations qui sont retenues dans ces camps.

Les représentantes des associations ont affirmé que les populations n'étaient pas retenues contre leur gré dans les camps de Tindouf. Elles ont appuyé leurs dires sur la base d'un rapport publié par l'ONG « Human Right Watch » qui témoigne de la liberté de circulation et d'expression dans les camps. Elles ont ensuite témoigné de la situation précaire existant dans ces camps puisque 75% de la population de ces camps a moins de 25 ans et n'a pas de travail.

À la question de M. le Président de savoir si un État Sahraoui indépendant était réellement viable, les représentantes des associations ont répondu que l'État ainsi formé serait tout à fait viable et aurait une maitrise complète du terrain. Pour preuve, elles ont cité l'échec des forces armées marocaines à vaincre le Polisario, et ce, depuis près de trente ans.

Elles ont, par ailleurs, expliqué que la politique du Maroc de fournir maison et argent pour inciter les jeunes à quitter les camps et à venir s'installer dans les villes, n'atteignait pas son but. En effet, les nouveaux arrivants, une fois installés, revendent les appartements reçus et retournent dans les camps avec les bénéfices engrangés.

M. le Président a souligné que de nombreux réfugiés fuyaient les camps en passant par la Mauritanie. Pour lui, cela prouve que la liberté de circulation n'existe pas entre l'Algérie et le Maroc et que la précarité de la situation dans les camps poussait les réfugiés à venir au Sahara marocain.


* 1 RASD : République arabe sahraouie démocratique.

* 2 AFPSA : Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Algérie.

* 3 CORELSO : Comité pour le respect des libertés et des droits humains au Sahara occidental

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