III. L'INSTITUT FRANÇAIS DE BUDAPEST.

Depuis 1992 , un nouvel immeuble au bord du Danube abrite l'Institut français.

Ce déménagement a permis un changement d'échelle dans les activités culturelles françaises. Le moment était bien choisi puisque les entreprises françaises en Hongrie commençaient à se développer et que les autres pays d'Europe de l'ouest manifestaient aussi un regain d'intérêt pour la Hongrie.

Le nombre important d'ouvrages mis à la disposition du public, la fréquence des manifestations culturelles qui y sont organisées grâce à une équipe renforcée font de l'Institut français un lieu fréquenté et bien apprécié des Budapestois.

Tout dernièrement, la commémoration du 40ème anniversaire de la Révolution hongroise de 1956 fut marquée par le succès d'une exposition et des débats organisés à l'Institut français.

La délégation sénatoriale a visité cette exposition et apprécié l'extrême qualité de sa préparation et l'impact de la présentation retenue.

Certes, le thème ne pouvait qu'intéresser vivement les Hongrois mais il n'en demeure pas moins que cette exposition ne fut pas considérée comme une commémoration parmi d'autres mais bien comme un événement de référence dans l'évocation d'une page tragique de l'histoire, très présente au coeur des Hongrois.

Ce succès a été permis notamment par la bonne connaissance du pays et de la sensibilité de ses habitants.

Cette compréhension franco-hongroise se manifeste aussi, à des degrés divers, dans d'autres domaines culturels.

Qu'il s'agisse de la radio , de la télévision ou du cinéma , la France et la Hongrie ont beaucoup à accomplir en commun.

La coopération avec la France s'est, par exemple, traduite pour la radio à travers le cours de français de spécialité " Comment vont les affaires ?" ou la reprise du programme de chansons françaises " Top France ".

A la télévision , des accords avec France 3, Arte, l'INA marquent les débuts d'une collaboration.

Pour le cinéma , les Hongrois et les Français coproduisent chaque année deux ou trois longs-métrages sur les quinze que compte aujourd'hui la production hongroise.

Mais c'est aussi au niveau de la distribution et de l'exploitation des films que cette coopération devrait davantage s'exercer dans un intérêt commun comme l'illustrent les chiffres suivants : en 1995, sur 143 films distribués pour la première fois en Hongrie, 95 sont américains, 32 européens dont 11 français et 9 hongrois et surtout, la même année, sur 10.713.356 entrées en salle, les films américains représentent 88,3 % desdites entrées , les films européens 9,2 % dont les films hongrois 1,1 % et les films français 0,9 %.

Certes, la distorsion entre l'importance des films français coproduits, le nombre encore significatif de ceux distribués et le faible impact en nombre d'entrées en salle provient de la proportion importante de films français "art et essai" projetés.

Mais il n'en demeure pas moins que Français et Hongrois ont une carte à jouer ensemble pour assurer la pérennité et la diffusion de leur cinéma ; tous deux rencontrent autant de difficultés pour parvenir de l'auteur au spectateur. Car l'évolution constatée n'est pas irréversible. A titre d'exemple, entre 1993 et 1995, la part du cinéma européen en salle s'est améliorée passant de 5,8 % à 9,2 %.

Au moment où, en Hongrie, le nombre des salles de cinéma a chuté (2.000 en 1988, 580 en 1995) et où débute l'implantation de salles multiplexes, la présence du cinéma français et la force des liens avec le cinéma hongrois demeurent des signes essentiels de la vitalité de la diffusion de la culture française.

Entretien du Groupe sénatorial

France-Hongrie

Mardi 22 octobre 1996 - La délégation a été reçue à l'Institut français, par MM. Henri LEBRETON, Conseiller culturel, scientifique et de coopération, Patrick PREVOST, Attaché de coopération linguistique et éducative, Jean-Paul GUIDECOCQ, Attaché linguistique, Michel WATTREMEZ, Attaché linguistique et Vilmos BÁRDOSI, Professeur au lycée Eötvös Lóránd.

M. Henri LEBRETON, conseiller culturel, scientifique et de coopération , a commencé par rappeler que depuis 1986, pour les échanges scientifiques, cent bourses de spécialisation avaient été accordées pour le troisième cycle.

A propos de l'enseignement du français , il a insisté sur l'importance des filières de formation ; par exemple, pour les ingénieurs, il existe une coopération entre Budapest et Reims, entre une école hongroise de commerce et la Picardie, avec l'Université d'Angers pour les sciences économiques.

Depuis deux ans, à titre expérimental, un Institut universitaire de technologie français a été jumelé avec l'Union des sociétés hongroises.

Enfin, lors du troisième cycle de spécialisation, des filières donnent accès à des mastères de gestion, de journalisme européen (à Lille), de gestion et de stratégie immobilière.

Une filière de l'Institut d'études politiques de Paris est destinée à la formation des cadres hongrois qui sont chargés de négocier avec Bruxelles l'adhésion de la Hongrie à l'Union européenne.

Les autorités hongroises accordent leur appui total à ces coopérations.

Les Hongrois sélectionnés pour ces formations, pas toujours francophones au départ, se voient aussi offrir des possibilités de stages en France .

Le financement de ces opérations est bilatéral et lié au programme PHARE.

M. Jacques-Richard DELONG, sénateur, s'est interrogé sur les liens entre les activités de coopération et les emplois français en Hongrie.

M. Henri LEBRETON conseiller culturel, a reconnu que les investissements français en Hongrie constituaient une puissante incitation au développement de ces activités de coopération.

Une enquête très fine a d'ailleurs été menée en 1995 par le Conseil d'intercollaboration travail/études (CITE) sur la demande hongroise de personnes parlant français [19] .

M. Marcel VIDAL, sénateur, a souhaité connaître la situation des échanges entre les écoles d'architecture des deux pays et l'état de la facture instrumentale en Hongrie.

M. Henri LEBRETON, conseiller culturel, a mentionné qu'il existait des échanges entre l'Unité d'architecture Paris-Villette et Budapest qui se sont notamment traduits par des relevés des façades de Budapest.

Par ailleurs, pour le clavecin , des échanges très sérieux existent avec de jeunes facteurs hongrois. Des clavecins hongrois sont fabriqués avec l'aide de conseillers français.

Des facteurs d'orgue travaillent en Hongrie. Récemment, à l'Eglise Mathyas, à Budapest, s'est déroulé un cycle consacré à l'orgue français.

Pour le piano , aucune coopération n'existe.

M. Philippe NACHBAR, sénateur, s'est déclaré intéressé par la politique du livre menée en Hongrie par l'Institut français.

M. Henri LEBRETON, conseiller culturel, a répondu qu'il existait des aides aux traductions en français à travers un programme KOSTOLANYÏ, que des échanges d'auteurs avaient lieu et que la médiathèque de l'Institut français comprenait 50.000 ouvrages (40.000 livres et 10.000 cassettes).

De plus, le lycée Eötvös Lóránd forme des enseignants pour le secondaire -trois cents étudiants sont actuellement en cours d'étude- invite des professeurs français pour des conférences, appuie la France pour la publication de revues.

D'une manière générale, l'aide financière française est très importante.

M. Georges MOULY, sénateur, a souhaité savoir si l'évolution de l'activité de l'Institut français avait été sensible depuis l'inauguration du nouveau bâtiment, en 1992.

M. Henri LEBRETON, conseiller culturel, a insisté sur l'amélioration que représentaient la réalisation de 250 manifestations par an au lieu de 50, et sur la présence de 50.000 ouvrages contre 20.000 auparavant.

M. Gérard LARCHER, Président de la délégation sénatoriale, s'est inquiété de l'existence de seulement 50.000 élèves et étudiants hongrois apprenant le français contre 520.000 qui étudient l'allemand et 550.000 l'anglais.

M. Vilmos BÁRDOSI, professeur au lycée Eötvös Lóránd , a beaucoup insisté sur la nécessité d'entreprendre l'enseignement du français dès la classe maternelle . Il a estimé qu'une publicité serait à développer dans ces écoles où une action efficace pourrait être menée en allant sur le terrain.

M. Jacques-Richard DELONG, sénateur, a noté que cette manière de procéder avait été adoptée en Turquie et donnait d'excellents résultats.

M. Patrick PREVOST, attaché de coopération linguistique et éducative, a rappelé l'existence de projets menés en partenariat avec les établissements secondaires et techniques .

M. Gérard LARCHER, Président de la délégation sénatoriale, a relevé qu'une telle formule existait au lycée de Rambouillet à travers une formation aux automatismes.

Puis, il a souhaité connaître l'état d'avancement de la privatisation de la deuxième chaîne de télévision hongroise .

M. Henri LEBRETON, conseiller culturel, a précisé qu'en 1986 une loi sur les médias avait été adoptée, que de 1989 à 1995 une sorte de guerre des médias avait été livrée et que, maintenant, la fréquence MTV2 allait être privatisée ainsi que le 3ème canal affecté antérieurement aux troupes russes. L'ORTV (le CSA hongrois) n'a pas encore publié le cahier des charges de ces futures chaînes commerciales.

Les candidats en lice sont TF1 alliée à des groupes de presse allemands, la CLT alliée à Betelsmann, CME société 2002 dirigée par Francis PALMER, ancien ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique en Hongrie, SDS,scandinave, alliée à NBC.

Le Président de la République, M. Árpád GÖNCZ, ne semble pas voir d'un mauvais oeil le candidat français.

Par ailleurs, depuis 1995, une coopération existe entre France  3 et Magyar Televizio (échange de programmes [20] , coproductions, prestations de services et de soutien à la formation). De plus, la station régionale de France 3 Toulouse est jumelée avec la station régionale de MTV à Pecs.

Des accords de coproduction ont été signés avec ARTE.

Une chaîne culturelle , diffusée par câble, attire de 1 % à 4 % d'audience en diffusant beaucoup de films hongrois des années 1930 et 1940 et des concerts. Elle multiplie ses liens avec ARTE.

Mais il existe une crainte des Hongrois de voir le service public de la télévision s'effondrer sous la pression commerciale.

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