II. LE REDRESSEMENT DES GRANDS EQUILIBRES.

A la fin de l'année 1994, les déséquilibres tant des comptes courants (9,5 % du PIB) que des finances publiques (8,2 % du PIB) suscitaient de sérieuses inquiétudes chez les investisseurs et bailleurs de fonds, par ailleurs ébranlés par la crise mexicaine. Le Ministre des finances de l'époque, M. Lajos BOKROS, a alors lancé un programme de stabilisation de l'économie draconien :

• dévaluation immédiate de 9 % du forint et instauration d'un système de dévaluation à crémaillère, journalière sur une base mensuelle établie à l'avance : 1,9 % d'avril à juin 1995, 1,3 % de juillet à décembre et 1,2 % depuis janvier 1996 ;

• gel de 3 % des dépenses publiques de fonctionnement, réduction de 10 % des dépenses d'investissement, limitation des hausses de salaires ;

• surtaxe temporaire à l'importation de 8 % (au plus tard jusqu'à mi 1997), augmentation de la taxe sur les véhicules de 10 %.

Des résultats encourageants...

• le déficit des paiements courants se contracte fortement à 2,5 milliards de dollars en 1995 contre 3,9 milliards de dollars en 1994, le commerce extérieur étant le principal contributeur à cette amélioration. En volume, les importations ont diminué de 2 % tandis que les exportations ont progressé d'environ 7-8 %. Les biens de consommation ont subi de plein fouet la surtaxe à l'importation et la dépréciation monétaire. Le premier semestre de 1996 a confirmé cette évolution : le déficit courant s'est s'établi à 934 millions de dollars (2.075 millions au premier semestre 1995). L'objectif de limitation du déficit des paiements courants à 2 milliards de dollars pour l'année 1996 devrait être tenu ;

• le déficit budgétaire consolidé a suivi une évolution parallèle s'est élevé pour l'année 1995 à 6,5 % du PIB, avant versement au budget de 150 milliards de forints de recettes de privatisation, contre 8,2 % en 1994. Fin juillet 1996, le déficit du budget de l'Etat stricto sensu ne représentait que 44 % du montant fixé pour l'année par la loi de finances, et l'objectif de limitation à 4 % du PIB semble pouvoir être atteint, malgré le fort dérapage des comptes sociaux.

... mais encore des faiblesses

• l'inflation a atteint 28,3 % en glissement , dans la fourchette prévue lors de la mise en place du plan de stabilisation .Après avoir connu un pic en juin (31 %), les derniers mois témoignent d'un ralentissement, malgré les fortes hausses des prix de l'énergie en septembre. Les salaires réels ont diminué de plus de 10 % dans l'année et la politique de dévaluation à crémaillère définie en mars est pleinement respectée. Le processus de ralentissement se poursuit en 1996, le glissement sur douze mois s'établissant fin juillet à 23 %. L'objectif gouvernemental de 20 % à la fin de 1996 ne sera sans doute pas réalisé, mais le report à janvier 1997 des hausses des tarifs de l'énergie prévues pour octobre devrait permettre de s'en rapprocher ;

• la croissance économique, mesurée par la progression du PIB a été d'environ 1,5 % en 1995. La production industrielle, tirée par les exportations, a progressé de 4,8 %. En revanche, la consommation privée a sensiblement baissé (- 5 / - 6 %). Les ventes au détail ont fortement diminué en 1995 (- 7,8 %), avec des chutes très importantes pour certaines catégories de produits, en particulier les voitures. Les chiffres de 1996 font apparaître un sensible ralentissement de la croissance, généré par la faiblesse de la demande intérieure. Les instituts de conjoncture revoient à la baisse leurs prévisions pour 1996, avec une augmentation du PIB au mieux équivalente à celle de 1995, peut-être même seulement de 1 % ;

• le taux de chômage élevé n'a, jusqu'à aujourd'hui, pas connu de détérioration sensible et se maintenait fin décembre 1995 à 10,5 %. Après une sensible dégradation en début d'année, le taux est retombé à 10,8 % en juillet 1996. Il n'est pas envisagé à court terme d'amélioration dans ce domaine.

" Le gouvernement peut donc afficher les premiers résultats positifs de son plan de stabilisation, qui se traduisent cependant par une détérioration de la situation de la population. Il lui faut poursuivre l'effort, en réduisant les dépenses des secteurs sociaux, en restructurant le système fiscal, qui frappe très lourdement une partie seulement de l'activité économique, en restreignant la part de l'économie grise qui, selon des estimations officielles, atteindrait quelque 30 % du PIB," note le Conseiller économique et commercial qui poursuit :

"Si la Hongrie n'éprouve pas de difficultés à lever des capitaux sur les marchés financiers, l'endettement brut a connu un fort accroissement en 1995 (+ 3,5 milliards de dollars), le solde brut de la dette s'élevant à 31,7 milliards de dollars en fin d'année. En revanche, les 4,5 milliard de dollars d'investissements (dont privatisations) ont, entre autres, permis un accroissement exceptionnel des réserves (12 milliards de dollars à fin décembre, soit + 5,2 milliards de dollars par rapport à fin 1994) et une diminution de l'endettement net, qui retombe à 16,8 milliards de dollars à fin 1995. La Banque Centrale prévoit d'amortir par anticipation 1,5 milliards de dollars de dette en 1996 par prélèvement sur les réserves accumulées, diminuant ainsi l'endettement brut, qui retombe à 28,4 milliards de dollars à fin juin, l'endettement net s'élevant à 15,2 milliards de dollars .

Compte tenu d'un afflux attendu de capitaux étrangers de l'ordre de 2 - 2,5 milliards de dollars, la Hongrie n'aura pas de besoins de financement nets en 1996. Elle lancera cependant de nouvelles émissions, afin de poursuivre la restructuration de sa dette.

Ce début de redressement a permis de faire aboutir deux importantes négociations en mars 1996, l'une avec le FMI pour un accord stand-by et l'autre avec l'OCDE, dont la Hongrie devient le 27ème membre. Ces accords améliorent le crédit du pays auprès des bailleurs de fonds et devraient lui permettre de se financer à moindre coût."

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