C. LES PERSPECTIVES EN MATIÈRE DE COOPÉRATION INTERPARLEMENTAIRE ENTRE LA FRANCE ET LE CAP-VERT

La délégation du groupe sénatorial d'amitié France-Afrique de l'Ouest s'est rendue à Praia, où elle a rencontré, tout d'abord, les principaux responsables politiques au sein de l'Assemblée nationale du Cap-Vert. M. Aristides Lima, président de l'Assemblée nationale, a plaidé pour la mise en place d'un cadre d'échanges réguliers et réciproques entre nos deux assemblées afin de permettre le renforcement des capacités institutionnelles du parlement cap-verdien. La délégation a également rencontré les chefs respectifs des deux principaux groupes politiques, l'un de la majorité (le Parti africain pour l'indépendance du Cap-Vert - PAICV), l'autre de l'opposition (le Mouvement pour la démocratie - MPD).

L'état des droits consentis à l'opposition au sein de l'Assemblée nationale du Cap-Vert est remarquable, dans la mesure où près de la moitié des présidences de commissions législatives sont accordées à des membres de l'opposition. La présidente de la commission des finances, notamment, est issue du principal parti d'opposition, le MPD. Le système institutionnel est moderne et pluraliste.

Une conférence sur les expériences comparées de la France et du Cap-Vert en matière de décentralisation a été l'occasion pour la délégation de prendre la mesure de la maturité du débat politique au Cap-Vert, qui se fonde sur des échanges contradictoires et des exposés rigoureux. Le président du Tribunal des comptes du Cap-Vert, M. José Carlos da Luz Delgado, est une personnalité remarquable qui a signé en 2010 un accord de coopération avec le premier président de la Cour des comptes française, M. Didier Migaud. M. Delgado n'a pas ménagé son propos sur la nécessité pour les municipalités cap-verdiennes de faire preuve de plus de discipline et d'honnêteté dans la transmission pour examen de leurs comptes au Tribunal des comptes. Les Cap-Verdiens se sont engagés dans un processus de décentralisation ambitieux qui leur permet de répondre de façon pertinente aux problèmes posés par l'insularité.

Cette conférence s'est déroulée dans le cadre du forum parlementaire, initié en 2005 et formalisé par la signature d'un accord de coopération entre l'Assemblée nationale du Cap-Vert, le Tribunal des comptes du Cap-Vert et l'ambassade de France au Cap-Vert. Ce forum constitue désormais un rendez-vous de haut niveau incontournable de réflexion et d'échanges d'expériences sur les questions de bonne gouvernance dans l'hémicycle cap-verdien.

Les précédentes éditions du forum parlementaire ont porté sur les thèmes suivants :

- 2005 : le rôle d'une Cour des comptes dans le contrôle de la gestion des finances publiques ;

- 2006 : bonne gouvernance, contrôle des finances publiques et lutte contre la corruption ;

- 2007 : la citoyenneté et la responsabilité dans la lutte contre la corruption et le blanchiment de capitaux ;

- 2008 : le système fiscal et les défis du développement ;

- 2009 : crise internationale, financement du développement et contrôle financier.

Les sénateurs se sont également entretenus avec le Président de la République du Cap-Vert, M. Pedro Pires, ainsi qu'avec le ministre des affaires étrangères, M. José Brito. Au cours de ces rencontres, il a été souligné que le Cap-Vert, fort de sa bonne gouvernance politique et de ses performances économiques, a accédé en 2008 au statut de pays à revenu intermédiaire. Le chef de l'État a réaffirmé l'intérêt constant que nourrit son pays pour la francophonie. Du fait de sa position à l'ouest des côtes sénégalaises, le Cap-Vert est désormais incontournable dans la gestion des problèmes posés par le trafic de drogues. Membre de la communauté des pays lusophones, il entretient des relations particulières avec l'Angola, notamment concernant la résolution de la crise politique en Guinée-Bissau.

Le Président Pires a également souligné les ambitions du Cap-Vert dans les domaines suivants :

- en matière de sécurité : le Cap-Vert a adopté des lois autorisant la confiscation des biens dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, qui s'est imposée comme une priorité de l'action du Gouvernement ;

- en matière de tourisme : c'est ce secteur qui permet de faire fonctionner les aéroports des différentes îles de l'archipel et qui constitue une source de devises considérable ;

- en matière d'énergie : le Cap-Vert compte sur la coopération entre le public et le privé afin d'atteindre un objectif de 25 % d'énergies renouvelables, par la mise en oeuvre de projets éoliens et solaires, et d'amener chaque municipalité à constituer son propre réseau électrique.

La délégation a relevé qu'en raison de son insularité et de sa place au sein de la communauté lusophone, le Cap-Vert entretient une certaine distance vis-à-vis du processus d'intégration régionale de l'Afrique de l'Ouest, et se tourne de plus en plus, sur le plan international, vers le partenaire privilégié que constitue le Brésil.

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