Colloque Sénat-Ubifrance sur l'Australie et la Nouvelle-Zélande



Conclusion

Sarah DENNIS

Ambassadeur de Nouvelle-Zélande en France

J'aimerais remercier le Président du Sénat et Ubifrance d'avoir organisé ce colloque. Les intervenants ont plus longuement parlé de l'Australie que de la Nouvelle-Zélande. Je me propose donc de vous présenter les opportunités commerciales qui existent dans mon pays.

L'un des plus grands défis pour la Nouvelle-Zélande consiste à briser les stéréotypes qui la caractérisent. La Nouvelle-Zélande est un pays moderne et novateur comme l'illustre son succès dans l'America's Cup. Cette victoire a reposé sur un mélange de talents individuels et de technologies de pointe qui est également à l'oeuvre dans l'économie néo-zélandaise. Ainsi, un institut néo-zélandais a développé, dans le domaine des nano technologies, un programme de micro fluide qui pourrait révolutionner les moyens d'administrer les médicaments.

Je souhaiterais continuer à m'appuyer sur l'exemple de l'America's Cup. Les bateaux néo-zélandais ont, en effet, bâti leur victoire en utilisant des techniques et des tactiques originales ainsi qu'en s'appuyant sur des équipes multinationales. Ces caractéristiques sont également partagées par les entreprises qui choisissent de venir en Nouvelle-Zélande. Ces entreprises mettent ainsi en avant la capacité d'innovation et la présence d'équipes internationales pour expliquer leur choix d'implantation. Electronic Data Systems a choisi d'implanter une de ses divisions mondiales dans notre pays en raison de la réactivité des équipes néo-zélandaises, qui assurent un service en continu. De fait, le nombre des entreprises internationales qui choisissent de s'implanter en Nouvelle-Zélande pour assurer leur expansion en Asie n'a de cesse de croître.

L'intensification des implantations en Nouvelle-Zélande tient à la fiabilité des infrastructures de transport et de communication, qui permettent de desservir l'ensemble de la zone Asie-Pacifique depuis les principales villes. L'existence de ressources naturelles uniques et protégées est également un facteur explicatif. Enfin il convient de mentionner la crédibilité et l'expérience internationales de nos chercheurs.

La Nouvelle-Zélande offre d'autres avantages, mis en avant par les enquêtes menées par les organisations internationales. La Banque mondiale considère que la Nouvelle-Zélande est, avec Singapour, le premier pays au monde pour la création et le développement d'entreprises. De même, la Nouvelle-Zélande est le deuxième pays au monde sur la liste des pays les moins corrompus. L'environnement macroéconomique est, de surcroît, particulièrement sain. La Nouvelle-Zélande partage avec l'Australie et la Suède le privilège d'être l'un des rares pays de l'OCDE à avoir supprimé la dette publique en présentant un excédent budgétaire. En outre, la Nouvelle-Zélande mène une politique active d'intensification des accords de libre-échange. Des accords, conclus de très longue date, avec l'Australie permettent le développement de relations économiques profondes. De même, des accords ont été conclus, au cours de ces dernières années, avec Singapour, le Sultanat du Brunei et le Chili. Ils illustrent le potentiel de collaboration d'économies très diverses. Nous avons également conclu un accord de libre-échange avec la Thaïlande et nous sommes en négociations avec la Malaisie. Nous négocions également, conjointement avec l'Australie, des accords avec les dix pays membres de l'ASEAN. Enfin, nous menons actuellement des négociations avec la Chine. A travers cette politique nous ambitionnons de renforcer notre intégration dans la région et de consolider notre prospérité.

L'attractivité internationale de la Nouvelle-Zélande est particulièrement forte dans le secteur des technologies de l'information et de la communication. Elle est également importante dans le domaine des biotechnologies. L'entreprise Roche et la société de capital-risque Alta Partners, par exemple, ont investi dans des entreprises néo-zélandaises. La construction de super yachts illustre la capacité d'exportation des entreprises néo-zélandaises dans le secteur des produits manufacturés. L'agro-alimentaire est également un domaine d'excellence pour la Nouvelle-Zélande. Ainsi, les secteurs pionniers de l'agriculture et de l'horticulture ont réussi à enregistrer d'importants gains de productivité. Le secteur viticole, bénéficiant du savoir faire des investisseurs français, est également très performant. Enfin, Nestlé a investi dans plusieurs entreprises spécialisées dans les alicaments et les nutraceutiques.

La progression des investissements étrangers résulte de la combinaison de quatre avantages majeurs. La Nouvelle-Zélande peut offrir la pureté et la protection de son sol et de ses fonds marins. Elle dispose également d'espèces uniques, liées au sol et au climat. Elle peut également créer de nouvelles espèces grâce à la qualité de ses équipes. Enfin elle a su développer un savoir-faire reconnu dans l'extraction des produits assurant le lien entre la santé et la nourriture. Ainsi, l'entreprise Vital Food a pu extraire des omégas 3 et des omégas 6 à partir de grains de kiwi.

Helen Clark, Premier Ministre néo-zélandais, a récemment déclaré au sujet de la Nouvelle-Zélande que nous devions nous réinventer en permanence pour garder une longueur d'avance. Nous sommes ainsi, en permanence, tournés vers l'innovation.

Penelope WENSLEY

Ambassadeur d'Australie en France

Je suis très honorée d'avoir l'opportunité de clore ce colloque. Je voudrais, en préalable, remercier Ubifrance, les missions économiques et le Sénat d'avoir organiser cette rencontre.

J'espère que les différentes tables rondes auront permis de présenter la spécificité du marché australien ainsi que les opportunités dont il recèle pour les entreprises françaises. J'espère également que les entreprises françaises déjà présentes sur le marché australien auront été rassurées sur la pertinence de leur choix d'implantation. Les commentaires étaient particulièrement variés et d'une qualité exceptionnelle aujourd'hui.

Je me contenterai dès lors de souligner quelques-uns des points déjà abordés au cours de la matinée. Je souhaiterais, ensuite, offrir quelques commentaires et réflexions. En premier lieu, je tiens à insister sur l'attitude positive envers la France. Nous avons connu des périodes difficiles dans nos relations bilatérales avec les essais nucléaires, le statut des territoires d'Outre-mer et l'affaire du Rainbow Warrior . Je puis vous assurer que ce temps est révolu.

Je souhaiterais également aborder notre politique de libre-échange avec les pays asiatiques. Des accords ont été conclus avec les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, Singapour et la Thaïlande. Nous sommes également en négociation avec les pays de l'ASEAN, le Chili, la Malaise, la Chine, les pays membres du Conseil de coopération du Golfe, le Japon et la république de Corée. De fait, nous renforçons la position de tremplin régional qu'occupe l'Australie.

Monsieur Mascart a déclaré que les concurrents des entreprises françaises ne sont pas présents en Australie. Il me semble qu'il faut nuancer ce propos. En effet, beaucoup d'entreprises s'intéressent à notre région et la concurrence va s'intensifier à l'avenir. En outre, la France devance certes l'Italie dans son implantation en Australie mais elle est en retard par rapport à l'Allemagne ou au Royaume-Uni. J'invite ainsi les entrepreneurs français à se demander s'ils peuvent s'autoriser le luxe de ne pas être présents sur ce marché.

Je souhaiterais également aborder la question des habitudes culturelles en Australie. La notion de ponctualité est effectivement très importante. De même, les décisions sont extrêmement rapides en Australie par rapport à la France. En outre, les Australiens sont beaucoup moins formels et peuvent être rebutés par une trop grande distance avec leur interlocuteur. Le fait de tutoyer et d'appeler les gens par leurs prénoms est considéré comme normal lorsque l'on nourrit des contacts suivis avec des partenaires.

Par ailleurs, je souhaiterais assurer la promotion de deux nouveaux clubs. D'une part, Madame Lagarde et moi-même avons créé le Chairmen's club qui regroupent les entreprises australiennes et françaises les plus impliquées dans nos deux pays. Nous sommes convenues de renforcer ce premier réseau en s'appuyant sur l'association Australian Business in Europe afin d'étendre les échanges aux décideurs politiques. Le deuxième club s'inspirerait du Business networking club, créé en Australie pendant les Jeux Olympiques. Il s'agirait de favoriser les contacts entre les entrepreneurs passionnés de sport à l'occasion de la coupe du monde de rugby organisée en France.

Je souhaiterais exprimer quelques commentaires par rapport au colloque tenu aujourd'hui. J'ai eu l'impression que nous prêchions des convertis. J'aurais aimé avoir un éventail d'hommes et de femmes d'affaires français qui ne sont pas encore présents dans nos pays. En ce qui concerne la distance entre la France et l'Australie, il me semble que le problème réside plutôt dans l'esprit des Français. Ainsi, beaucoup d'autres nationalités ne sont pas entravées par cette distance. Nous avons réussi à faire changer les mentalités des hommes d'affaires australiens, qui avaient une forte propension à privilégier le Royaume-Uni. Je ne doute pas qu'il soit possible de faire évoluer la mentalité des entrepreneurs français.

Aussi, il me semble important de chercher les moyens de faire évoluer les perceptions. Il convient, tout d'abord, de sortir des clichés en apportant une information de qualité. Il me semble également que nous avons besoin d'un soutien politique plus visible. La France reçoit des personnalités politiques de premier plan alors que l'Australie n'accueille que des représentants des ministères techniques. Nous n'avons pas reçu de Président de la République, de Premier Ministre ou de Ministre des Affaires étrangères français depuis plus d'une décennie.

La situation est similaire en ce qui concerne les représentants des organisations économiques. Nous aimerions voir des délégations du MEDEF en Australie et en Nouvelle-Zélande. Enfin, nous avons besoin de délégations très spécialisées sur un secteur précis au lieu de délégations trop généralistes. De cette manière, il devient possible d'obtenir des retombées concrètes en termes de prise de commandes et de contrats.