Colloque sur Chypre


Réactivation de la Chambre de Commerce franco-chypriote

Monsieur VOISIN

Président de la Chambre de Commerce franco-chypriote
Courriel : lvoisin@stereau.fr

Chers amis, c'est pour moi un honneur de m'adresser à vous en qualité de nouveau président de cette chambre de commerce franco-chypriote, que nous allons réactiver grâce aux efforts concordants du Sénat, de M. le Sénateur André Rouvière et de notre ami, M. Boyadjis, Consul honoraire de Chypre à Marseille : que tous soient salués et remerciés pour l'importante contribution qu'ils viennent ainsi d'apporter à la cause du rapprochement entre nos deux pays.

Chypre présente une situation envieuse, et peut être considérée comme le trait d'union entre trois continents. Chypre est depuis cette année membre à part entière de l'UE, et est dotée d'institutions démocratiques stables ; les citoyens présentent un niveau de vie élevé, sans équivalent dans cette zone. En outre, Chypre offre un environnement propice aux affaires.

En 2003, la France était le troisième fournisseur de Chypre, cette dernière exportant, en France, un volume plus modeste. Il existe donc un fort potentiel d'accroissement des échanges entre nos deux pays. La Chambre de Commerce franco-chypriote s'inscrit résolument dans un tel cadre, en relation avec les Chambres de commerce françaises et chypriotes. La Chambre de Commerce franco-chypriote a été créée en 1971 ; aujourd'hui, à Chypre, les projets se multiplient, en ce qui concerne les grands travaux, le domaine de la santé, les nouvelles technologies, le tourisme et le volet culturel. C'est pour accompagner ces projets que la Chambre de Commerce franco-chypriote est réactivée, bénéficiant ainsi d'une nouvelle vitalité. Cette Chambre de Commerce permettra de regrouper, et de fédérer les énergies des entrepreneurs. Nous avons pour ambition d'être un pivot pour favoriser et dynamiser les échanges entre nos deux pays.

Clôture du colloque

Son Excellence Minas HADJIMICHAEL

Ambassadeur de Chypre en France

Si j'avais à dresser un bilan des relations franco-chypriotes, j'insisterais sur leur caractère affectif et sur leur grande diversité et leur richesse, qui nous autorisent à envisager leur avenir avec sérénité. Les amis de Chypre sont nombreux, et c'est avec beaucoup d'émotion que je voudrais exprimer nos remerciements et notre gratitude pour leur soutien précieux mais aussi leur faire part de notre souhait de les voir continuer dans l'avenir, dorénavant en tant que partenaires au sein de l'UE, à oeuvrer et à coopérer entre nous, avec le même dévouement. C'est également pour moi aujourd'hui l'occasion de remercier la France pour son aide et la compréhension dont elle a fait preuve à notre égard, en particulier dans les circonstances difficiles que vit Chypre depuis trente ans. On ne peut jamais oublier que la France, en 1974, a été le seul pays d'Europe occidentale à autoriser son industrie d'armement à fournir des armes à la République de Chypre pour défendre sa liberté, son indépendance et son intégrité territoriale. La France, en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité, a toujours adopté sur la question chypriote des positions conformes à des principes de droit international et a contribué à la recherche d'une solution qui respecterait les résolutions du Conseil de Sécurité sur Chypre.

En ce qui concerne notre marche vers l'adhésion européenne, la France a, là encore, joué un rôle très important. La décision pour le lancement des négociations d'adhésion a été prise, en 1995, sous la présidence française de l'UE. En 1999, la contribution française au bon déroulement des négociations a été déterminante et, sous la dernière présidence française en 2000, l'élan définitif a été donné pour que les négociations soient achevées rapidement.

Le 1 er mai 2004, Chypre, l'île tout entière, en tant que personne internationalement reconnue comme une seule nation souveraine, devient membre à part entière de l'UE. A travers son adhésion, Chypre officialise et concrétise son appartenance de toujours à l'espace européen, que ce soit par sa situation géographique, son histoire, sa civilisation et sa culture. Cet aboutissement heureux de la marche européenne de l'île constitue le point d'orgue d'un long parcours marqué par cette volonté inflexible de tous les Chypriotes d'affirmer leur appartenance à la grande famille européenne et de faire partie de l'espace européen, qui est un espace de paix, de sécurité et de prospérité. De très grands efforts d'harmonisation ont dû être déployés dans tous les domaines de la vie chypriote. Pour cela, il y a eu un certain prix à payer, mais tous les Chypriotes étaient partisans de l'adhésion de l'île de l'UE et du besoin de moderniser le corpus de la loi existant.

L'adhésion de Chypre à l'UE est l'occasion à saisir pour procéder à un renforcement des relations franco-chypriotes sur tous les plans, politique, économique et culturel. Nous sommes aujourd'hui partenaires. La présence française à Chypre doit être soutenue. Les investissements dans notre pays, qui offre un très fort potentiel et qu'il est prêt à les accueillir, méritent une attention particulière et doivent être encouragés.

Chypre est un pays indépendant, qui se veut proche de la France et qui s'est détaché de la sphère d'influence de son passé colonial. Si vous venez à Chypre, vous allez constater que, dans la société chypriote, et notamment dans le monde politique, nombreuses sont les personnalités francophones et francophiles, qui sont profondément touchées par le soutien de la France en faveur de l'adhésion de leur pays à l'UE. Chypre est un pays d'avenir, un pays qui a déjà tous les atouts pour devenir le pont qui unirait l'Europe au Proche et au Moyen-Orient. Après l'élargissement de l'UE, Chypre peut contribuer au renforcement du partenariat euro-méditerranéen, un projet auquel la France tient énormément.

Pour nous, l'adhésion de notre pays à l'UE a aussi une autre dimension très importante. Elle apportera une amélioration dans les relations entre les deux communautés de l'île, grecque et turque, suivant l'exemple de l'Europe des peuples unis qui vivent en paix et en harmonie dans un espace commun à tous. Personne ne peut oublier que la Communauté économique européenne, qui a précédé l'Union européenne, est née de l'expérience amère de la Seconde Guerre Mondiale ; un rapprochement des Etats européens et des nationalités était indispensable.

La conception de base de Jean Monnet pour résoudre la question allemande fut de changer le contexte : c'est ainsi que le concept de l'UE est né. A Chypre, le problème chypriote a bloqué le pays pendant trente ans. L'adhésion à l'UE représente pour nous le nouveau contexte qui nous permettra de sortir de l'impasse. Au sein de l'UE, nous sommes convaincus que nous pourrons réussir à réunifier notre pays, et à faire en sorte que les Chypriotes grecs et turcs puissent vivre ensemble, sans avoir peur les uns des autres, dans la sécurité et dans la confiance qu'un avenir prometteur s'ouvre devant eux. Pendant les réunions préparatoires de ce colloque, Monsieur le Sénateur Rouvière et moi-même, nous nous sommes penchés à plusieurs reprises sur la question de ce nouveau contexte, et comment l'on pourrait inviter à notre colloque des hommes d'affaires chyprio-turcs, des industriels et des entrepreneurs. Je suis sincèrement désolé de ne pouvoir aujourd'hui les accueillir parmi nous, bien que des invitations leur aient été adressées. Cela dit, je souhaite leur adresser un message de bonne foi, d'optimisme de détermination à poursuivre nos efforts en vue de la réunification des deux parties du pays.

Personnellement, je me sens inspiré par l'exemple impressionnant donné par Jacques Chirac, qui a représenté le Chancelier allemand et l'Allemagne au Conseil européen ; je pense que cette coopération, ce signe d'apaisement et de dépassement des conflits historiques pourrait démontrer à tous les Chypriotes qu'il existe un intérêt commun à travailler ensemble dans une Europe unifiée. Je vous remercie.

Son Excellence Hadelin DE LA TOUR DU PIN

Ambassadeur de France à Chypre

Merci d'avoir organisé cette matinée de travail, qui rencontre un grand succès. Je voudrais limiter mon propos à quelques constats simples ; je suis arrivé à Chypre il y a un an, et j'ai constaté que la situation a évolué depuis ; cette évolution n'est pas spectaculaire, certes, mais elle est néanmoins sensible. Ainsi, les référendums du 24 avril ne marquent pas la fin de l'Histoire ; la réunification est en train de se faire, de manière très discrète. Si une réunification n'a pu être faite par le haut, elle s'opérera par le bas.

Chypre est entrée dans l'UE le 1 er mai : ce fait, nouveau, représente un point de départ, et non un point d'aboutissement. En effet, les administrations, les tribunaux, les citoyens doivent maintenant « intégrer » cette nouvelle appartenance. Si le processus n'en est qu'à ses débuts, force est de constater que Chypre veut résolument faire partie de l'Europe, avec, comme perspective, d'entrer rapidement dans la zone euro. En outre, il convient de rappeler que l'entrée dans l'UE introduit un nouveau cadre de vie pour les Chypriotes, mais aussi pour les investisseurs. Il est possible de circuler librement dans les deux parties de l'île, ce qui représente un fait entièrement nouveau par rapport aux trente dernières années.

Dernière observation, qui peut intéresser les uns et les autres : même si la question politique n'a pas été réglée (celle de la division de l'Ile), l'Union européenne a décidé de prendre un certain nombre d'initiatives (et soulignons à cet égard que les conclusions du Conseil européen, à ce sujet, sont partagées) visant à « réunifier l'île en favorisant son intégration économique ». Pour ma part, je suis optimiste quant à l'atteinte de cet objectif à terme.

En conclusion, il me paraît nécessaire de reprendre, dans un horizon assez proche (2005 peut-être), des conversations sous l'égide des Nations Unies, pour reprendre cette « tapisserie » de la réunification que nous voulons réaliser, sur le modèle d'une fédération qui s'inspirerait du système belge ou suisse.

André ROUVIERE

Président du groupe sénatorial France-Chypre

Je souhaite tout d'abord dire à nouveau à Monsieur Lillikas et à Monsieur Loos combien nous sommes honorés de leur présence. Mes remerciements vont également au Président Poncelet pour l'aide qu'il nous a apportée dans l'organisation de cette rencontre. Ces remerciements vont également aux Ambassadeurs français et chypriote qui viennent de s'exprimer.

Rappelons que la tenue de ce colloque, comme la réactivation de la Chambre de Commerce franco-chypriote, a été évoquée dès 2002. Peu à peu, cette idée a fait son chemin, et, comme dans d'autres domaines, notre persévérance a été récompensée. L'officialisation de la Chambre de Commerce franco-chypriote est le fruit d'un travail collectif : je souhaite donc remercier chaudement tous ceux qui y ont participé. Mes remerciements, et mes félicitations, vont également à Monsieur Voisin, nouveau Président de cette Chambre de Commerce. Son discours a montré quel était l'avenir des relations commerciales entre nos deux pays. Plus généralement, je salue la détermination et l'acharnement de tous les acteurs qui contribuent au rapprochement entre la France et la République de Chypre.

Ce colloque n'est pas un point final ; il ne constitue qu'une première étape. D'autres rencontres doivent prendre place, que cela soit en France, ou à Chypre. Toutes les opportunités de nous rencontrer doivent être saisies. Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements à tous les orateurs ; leurs interventions ont été de grande qualité.

Nous avons le désir ardent de travailler avec vous. Si ce désir reste de mise, je suis persuadé que nous pourrons mieux nous connaître, mieux échanger. Je suis convaincu que ces relations vont se renforcer.

En conclusion, je dois dire que nous devons tous apporter notre contribution à la question cruciale de la réunification de l'île. Si, souvent, le politique prédomine l'économique, je pense, en ce qui concerne Chypre, que l'économie peut largement aider à la réunification de l'île. Au fond, l'unité vous permettra de vous renforcer. L'UE vous apportera, dans ce cadre, une aide importante. J'espère que nous pourrons bientôt nous rencontrer, à Nicosie, pour fêter la réunification de l'île de Chypre. J'espère plus généralement que nous nous rencontrerons bientôt à nouveau pour des réunions de travail similaires. Je vous remercie de votre participation.

Synthèse réalisée en temps réel par Ubiqus Reporting

Tél. 01 44 14 15 16, www.ubiqus.fr

Colloque organisé sous l'égide du groupe interparlementaire


France-Chypre par la Direction des Relations internationales du Sénat.
Pour toute information sur les colloques, vous pouvez contacter
le service des Relations internationales du Sénat :
M. Michel LAFLANDRE, Conseiller
Téléphone : 33 (0)1 42 34 20 47 - Télécopie : 33 (0)1 42 34 27 99
courriel : m.laflandre@senat.fr
ou consulter le site internet du Sénat : www.senat.fr/international

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