colloque Libye 2006



Ouverture

Christian PONCELET
Président du Sénat

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Chers collègues, Mesdames et Messieurs,

Le Sénat est heureux d'accueillir aujourd'hui ce colloque économique sur la Libye, organisé en partenariat avec nos amis d'UBIFRANCE et le concours actif du groupe sénatorial d'amitié France-Libye.

Cette rencontre a aussi été préparée en étroite concertation avec la Chambre de commerce franco-libyenne et, bien sûr, notre mission économique à Tripoli.

A tous, j'adresse mes vifs remerciements -et mes compliments- pour avoir enfin pu concrétiser une initiative évoquée à plusieurs reprises mais qui, jusque là, n'avait pu être menée à bien.

Les contraintes de mon emploi du temps ne me permettent pas d'être parmi vous ce matin, mais soyez assurés que j'ai suivi avec attention et beaucoup d'intérêt la préparation de cette rencontre. Cela étant, je sais que le Président du groupe d'amitié, mon collègue et ami André Dulait, animera parfaitement vos travaux qui, j'en suis convaincu, vous permettront de mieux appréhender les réalités économiques d'un pays à propos duquel circulent encore beaucoup d'idées fausses.

Je le remercie encore d'avoir accepté de lire ce discours en mon nom.

Nous le savons tous, les relations franco-libyennes n'ont pas toujours été sereines. Mais au cours des dernières années, la situation a beaucoup évolué, notamment avec la mise en place d'un cadre d'apurement du contentieux du tragique attentat contre le DC10 d'UTA, puis avec la reprise des visites officielles réciproques de haut niveau : une visite en Libye de notre ministre du commerce extérieur en mars 2004, une visite en France du Premier ministre libyen en avril 2004 et la visite officielle du Président Jacques Chirac en Libye les 24 et 25 novembre 2004.

Depuis lors, d'autres rencontres ministérielles ont eu lieu : je pense en particulier à celle de notre ministre des Affaires étrangères au début de cette année, qui a permis de faire un utile bilan d'étape de cette notable relance de nos relations bilatérales.

J'ajoute que nos positions à l'égard de la Libye s'inscrivent, au-delà de leur cadre purement bilatéral, dans une perspective européenne à laquelle la France attache beaucoup d'importance. Nous souhaitons, à cet égard, que la Libye approfondisse ses relations avec l'Union européenne.

Après la levée définitive de l'embargo onusien en 2003, puis des dernières sanctions européennes en 2004, cette ouverture contribuerait à réinsérer la Libye encore plus pleinement dans le jeu normal et pacifié des relations internationales.

J'en veux pour gage l'admission de la Libye comme membre observateur du Partenariat euro-méditerranéen, formalisé par le fameux « processus de Barcelone », ou encore sa participation au « Dialogue 5 + 5 » : ces rapprochements vont dans le bon sens et pourraient s'amplifier encore, si la partie libyenne maintient son cap européen.

Certes, plusieurs contentieux subsistent, mais j'ai bon espoir qu'ils trouvent désormais un aboutissement satisfaisant.

La reprise du dialogue politique a en tout cas permis de relancer efficacement les échanges économiques avec un pays qui, pour reprendre les termes de notre Chef de mission économique, présente une « excellente santé financière ».

Là encore, les choses ont bien évolué depuis trois ans, avec une politique de libéralisation, d'ouverture et de privatisation qui, déjà, porte ses fruits.

Sur le plan structurel, la Libye dispose il est vrai, outre son formidable potentiel touristique, d'un atout capital : ses vastes ressources en hydrocarbures. Elles lui ont déjà permis d'accumuler d'appréciables réserves financières tout en engageant un programme d'investissements lourds, principalement dans deux secteurs : les infrastructures publiques et l'exploitation pétrolière et gazière.

Avec l'ouverture, une part de ces marchés a été confiée à des entreprises étrangères.

Nos entreprises auraient tort de ne pas saisir les opportunités que cette politique de relance peut leur offrir, d'autant que le cadre juridique des affaires s'améliore en Libye, en même temps que se développe un secteur privé dynamique.

Mais je laisse le soin de préciser ces aspects techniques aux spécialistes qui vont se succéder à la tribune toute la matinée.

Pour ce qui me concerne, je préfère insister sur deux points qui me tiennent à coeur :

· le premier concerne l'évolution positive du paysage institutionnel libyen depuis une dizaine d'années avec, en particulier, la promotion d'une certaine décentralisation et l'émergence progressive de pouvoirs locaux. En qualité de représentants constitutionnels des collectivités locales, les sénateurs français ne peuvent qu'être sensibles à ces avancées, même si, pour l'heure, les structures de représentation politique en Libye n'ont encore rien de comparable aux nôtres.

· le second point touche aux relations interparlementaires entre le Sénat français et la Libye.

Le groupe France-Libye du Sénat a été créé à l'initiative du Président Dulait il y a presque exactement dix ans. Même dans des périodes tendues, ce groupe a su établir et maintenir un dialogue régulier avec les autorités libyennes ; il a utilement appuyé, en plusieurs occasions, des initiatives extérieures intéressantes et innovantes comme, par exemple, les réunions au Sénat du Bureau mixte de la Chambre de commerce franco-libyenne.

Avec un effectif d'environ trente sénateurs et une politique de contact suivie, ce groupe travaille dans la discrétion, certes, mais aussi dans la durée et l'efficacité !

Il illustre bien, à mes yeux, le rôle de nos groupes sénatoriaux d'amitié au service de la diplomatie parlementaire.

Je souhaite à chacun d'entre vous d'excellents travaux, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat un très bon souvenir et que vous y reviendrez.

Elsa LOCKE
Directeur, Département Séminaires et Événements multisectoriels, UBIFRANCE

Monsieur le Président du Groupe interparlementaire France-Libye, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames, Messieurs,

J'adresse mes souhaits de bienvenue aux participants et mes remerciements aux intervenants qui nous entretiendront de la progression de la Libye vers la libéralisation économique, des réformes en cours et de ce que vous, entreprises, pouvez en attendre.

L'activité d'UBIFRANCE et des missions économiques s'articule autour de trois grands pôles que sont l'information sur les marchés étrangers, l'accompagnement sectoriel et les actions de promotion à l'étranger, enfin le volontariat international en entreprise pour le déploiement des ressources humaines qualifiées à l'international.

Il s'agit aujourd'hui du troisième séminaire sur la Libye organisé par UBIFRANCE. Je souhaite tout particulièrement saluer et remercier Jean-Luc Sibiude, Ambassadeur de France en Libye ; Patrick Lebrun, chef de la mission économique de Tripoli ; la Chambre de commerce franco-libyenne, son Président Georges Vaillant, son premier Vice-président Michel Casals et son Secrétaire général Ahmad Jalaleddine ; et enfin, Christian Valery, directeur général de BOI.

Pour reprendre votre expression, Monsieur l'Ambassadeur, l'année 2005 a été celle des retrouvailles entre la Libye et la France. L'année 2006 marque la relance du partenariat et de la coopération avec la Grande Jamahiriya : en effet, la convention bilatérale de protection réciproque des investissements est entrée en vigueur et celle de la non double imposition devrait être ratifiée d'ici à janvier 2007. Par ailleurs, en juillet 2006, s'est tenue une réunion d'experts visant à circonscrire les domaines d'une collaboration étroite entre nos deux pays, qui devrait privilégier la santé, la coopération universitaire, la culture -notamment le patrimoine archéologique- et le tourisme.

En 2005, la France était le quatrième fournisseur de la Libye, avec une part de marché de 6 %, derrière l'Italie, l'Allemagne et le Japon. La présence française en Libye est ancienne : actuellement, on dénombre une trentaine d'implantations françaises et 450 expatriés.

Les exportations ont doublé sur le premier semestre 2006, atteignant 264 millions d'euros, contre 128,5 millions d'euros à la même période en 2005. Cependant, les importations de produits libyens étant constituées à plus de 75 % par du pétrole, le déficit commercial de notre pays se creuse : il a évolué de 821 millions d'euros en 2004 à 1,288 milliard d'euros en 2005.

S'agissant de ses relations avec l'Union européenne, la Libye a fait part de son intérêt quant à une adhésion au processus de Barcelone, et assiste déjà aux conférences interministérielles des Affaires étrangères à titre d'observateur. Par ailleurs, la candidature à l'OMC de la Libye a été acceptée en juillet 2004.

Enfin, pour ce qui est des activités d'UBIFRANCE sur la Libye, nous prévoyons la tenue d'un colloque à Tripoli les 13 et 14 novembre prochain, sur la maîtrise du risque technologique dans le secteur énergétique, ainsi qu'un séminaire d'information à Paris sur le thème « Comment travailler avec la National Oil Corporation ? » en décembre 2006. Du 7 au 9 février 2007, se tiendra également un forum MED-ALLIA à Casablanca, qui sera l'occasion de rencontres « B to B ». Je vous signale également la sortie du guide répertoire du secteur BTP en Libye.

Votre présence nombreuse aujourd'hui nous conforte dans notre décision de développer une véritable dynamique d'information et d'accompagnement des entreprises françaises sur le marché libyen.

Enfin, je tenais à saluer la présence parmi nous de Pierre Rosek, nouvellement nommé Président de la Chambre de commerce franco-arabe.