Premier atelier :
Projets infrastructures/privatisation

Hafez GHANEM, représentant de la Banque Mondiale à Madagascar

Claude DORWLING-CARTER, coordonnateur régional Afrique centrale, australe et Océan Indien, Agence française de Développement (AFD)

Emmanuel TERREE, responsable de la communication, Total Outre-Mer

I. Le rôle de l'AFD

Claude DORWLING-CARTER

L'AFD est un établissement public, opérateur pivot dans le système de coopération française. Dans le cadre de notre action, nous disposons d'une capacité d'emprunt importante - nous sommes classés C3A. L'AFD est placée sous la tutelle du Ministère des Finances et est, avec 8 millions d'euros par an, le premier bailleur français au plan international.

Bien que nos moyens financiers puissent paraître minimes, nous avons une capacité indubitable à influencer les politiques locales. Nos secteurs d'intervention sont multiples :

· le secteur agricole, en particulier la préservation de l'environnement ;

· le secteur de la pêche ;

· le développement urbain ;

· le transport maritime ;

· les services sociaux.

L'AFD favorise les partenariats entre secteur public et secteur privé et encourage le gouvernement malgache à la privatisation. Toutefois, nous ne souhaitons pas passer d'un monopole public à un monopole privé

L'AFD dispose de différents moyens d'actions. Il convient ainsi de signaler qu'elle alloue des subventions à l'Etat malgache, octroie des prêts aux entreprises privées, place des lignes de crédits auprès des établissements bancaires basés à Madagascar.

II. Débat

De la salle

Quelle a été votre réaction lors de la généralisation de l'euro ? Cela a-t-il eu un impact sur la valorisation du franc malgache ?

Jean-Pierre DUCROQUET

L'AFD intervient en direct auprès des entreprises en francs ou en euros. En ce qui concerne le financement de l'économie, nous avons mis en place des lignes de crédit. Si nous étions amenés à créer des systèmes de garanties d'emprunt, nous pourrions limiter les effets de change. Ces produits bancaires seraient particulièrement intéressants pour les entreprises tournées essentiellement vers le marché local.

De la salle

Je tiens à ajouter que le passage à l'euro a fait l'objet d'une préparation technique. Toutefois, notre système de change étant bâti selon un modèle fluctuant, nous n'avons pas connu les mêmes problèmes que ceux qu'ont pu rencontrer d'autres pays africains.

De la salle

Quelle est la politique du gouvernement malgache en matière d'énergie ?

Hafez GHANEM

La Banque Mondiale a quelque peu changé de position quant à la privatisation du secteur énergétique malgache. La vision commune de la Banque Mondiale et de l'AFD s'appuie aujourd'hui davantage sur les modèles véhiculés par l'Europe de l'Est. Il s'agit notamment de distinguer le transport et la distribution. S'il nous semble opportun de privatiser la chaîne de distribution, nous sommes encore réticents à la privatisation de l'acheminement de l'énergie. Girama restera donc - quelque temps encore - dans le domaine public.

Aujourd'hui, seuls 12 % des ménages malgaches ont accès à l'électricité. Si le Gouvernement entend réduire de moitié la pauvreté, il conviendra donc de favoriser cet accès à l'électricité, notamment en considérant de nouvelles sources d'énergie - je pense en particulier à la production hydraulique. Cela ne saurait toutefois se faire sans investissements massifs.

La privatisation de la production d'électricité est déjà amorcée. J'en veux pour preuve l'installation à Madagascar d'une société française. Celle-ci a pris auprès de notre guichet MIGA des garanties d'investissement. Sans doute serons-nous amenés à traiter d'autres projets similaires. J'ai bien noté ce qu'indiquait à l'instant mon ami Jean-Pierre Ducroquet : nous ne saurions trop lui conseiller d'injecter quelques-unes des sur-liquidités du secteur bancaire dans les processus de privatisation du secteur énergétique.

De la salle

80 % du prix du kilowatt de l'énergie provient du carburant. Or le prix au litre est quasiment 50 % plus cher à Madagascar qu'à l'Ile Maurice. Comment l'expliquez-vous ?

Hafez GHANEM

A mon sens, la comparaison avec la situation mauricienne n'est pas pertinente, dans la mesure où le gouvernement de l'Ile Maurice subventionne largement les hydrocarbures. Cela étant, je reconnais que le prix du fioul mérite réflexion.

Hubert ANDRADE, Aéroports de Paris

Quels sont les projets du gouvernement de Madagascar en matière aéroportuaire ?

Hafez GHANEM

C'est au Gouvernement à répondre à cette question. Nous ne saurions vous dire si une privatisation des aéroports malgaches est en cours. Toutefois, peut-être pourriez-vous nous indiquer, Monsieur Andrade, pourquoi la qualité de service des aéroports malgaches - dont vous êtes le principal partenaire - est aussi médiocre ?

Hubert ANDRADE

Ma réponse sera extrêmement brève : je vous rappelle que la zone fret de l'aéroport d'Ivate n'est pas du ressort de notre entreprise.

Jean-François BIJON

Pour conclure cet atelier, je tiens à rappeler à chacun des investisseurs présent dans cette salle que ni l'AFD ni la Banque Mondiale ne font le marché malgache. N'ayez pas peur de faire preuve d'imagination, de prendre des risques et de soumettre tous vos projets, aussi originaux soient-ils, au Gouvernement malgache.

Emmanuel TERREE

En guise de conclusion, je tiens à vous délivrer un message d'optimisme que je résumerais en ces quelques mots : mieux les règles sont définies au préalable, plus elles s'avèrent capables de résister aux aléas. Je ne doute pas, pour ma part, que la situation à Madagascar ira en s'améliorant, les récentes évolutions en témoignent.

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