L'environnement des affaires

Débats animés par Jean-François BIJON et Guy RANDRIANARISOA, conseiller responsable du pôle économique à l'Ambassade de Madagascar.

Activités de la zone franche

Bruno de FOUCAULT
Président du Groupement des Entreprises franches et partenaires (GEFP)
et Vice-Président du Groupement des Entreprises de Madagascar (GEM)

Il m'appartient aujourd'hui de vous dire quelques mots des entreprises franches de Madagascar. Durant les années 80, le pays manquait cruellement de devises, lesquelles sont pourtant indispensables au développement des exportations. C'est pourquoi le Gouvernement malgache a décidé d'attirer davantage d'investisseurs étrangers.

C'est ainsi que depuis fin 1989, le Gouvernement malgache promeut la loi sur les entreprises franches. En vertu de cette loi, les entreprises éligibles au statut sont - entre autres - exonérées d'impôt sur les bénéfices pendant deux à quinze ans. Cette loi prévoit également :

· la liberté de contracter des emprunts à l'étranger ;

· la liberté de transfert des capitaux après rapatriement sur une banque locale ;

· la liberté de transfert des revenus salariaux ;

· une exemption de droits et taxes à l'importation et à l'exportation.

Les actionnaires des entreprises à statut franc bénéficient de conditions d'obtention de visa facilitées pour eux-mêmes et leur famille. Des facilitations sont également prévues pour les personnels salariés.

A ce jour, 280 agréments ont été octroyés par le régime malgache et, à fin 2001, 180 sociétés étaient effectivement opérationnelles. Il s'agit principalement d'entreprises du domaine du textile. Toutefois, l'agroalimentaire, l'horlogerie, la bijouterie, la saisie de données informatiques, la crevetticulture et l'aquaculture sont également concernées.

Avec 350 millions d'euros de chiffre d'affaires réalisés, les entreprises franches représentent 50 % de l'ensemble des exportations du pays, ce qui est remarquable, sachant que le pays fut, pendant des années, fort isolationniste. A ce chiffre d'affaires, s'ajoutent les effets induits par les entreprises franches sur les entreprises ordinaires. Ainsi, le chiffre d'affaires total généré par l'activité est de l'ordre de 550 millions d'euros.

· Le textile reste majoritaire avec 77 % ;

· L'aquaculture prend de plus en plus d'importance et représente aujourd'hui 14 % du chiffre d'affaires total généré.

Les entreprises franches, depuis leur création, ont généré 110 000 emplois directs, auxquels il convient d'ajouter tous les emplois induits. Au total, c'est ainsi 220 000 emplois qui ont vu le jour. Là encore, le secteur du textile reste le premier pourvoyeur d'emplois (88 %), suivi par l'artisanat, l'aquaculture et la saisie de données. Il convient toutefois de signaler que le solde net des devises reste faible en valeur relative, notamment si on le compare au solde généré par l'aquaculture.

Depuis 2000, date à laquelle Madagascar a adhéré à l'AGOA, les entrepreneurs peuvent accéder au marché américain avec des exonérations de taxes et de quotas, avec une non-condition d'origine.

Les récentes mesures prises par le gouvernement contribuent également à renforcer les atouts de Madagascar. Au nombre de ces mesures, il convient de citer :

· la suppression temporaire de la TVA pour les entreprises franches ;

· la suppression des taxes sur les intrants du secteur textile ;

· la mise en place d'une commission des douanes qui a abouti à la simplification des procédures douanières ;

· la prolongation de six mois à un an des délais de séjour des importations des entreprises franches ;

· l'accélération du délai d'octroi des agréments.

Aujourd'hui, nous poursuivons deux objectifs principaux, s'agissant des entreprises franches.

· La verticalisation de la branche textile

La clef réside dans notre capacité à susciter les investissements en amont de la filière textile : coton, filature, tissage, ennoblissement, etc. Le coton produit à Madagascar est aujourd'hui exporté vers des filatures. En verticalisant la branche textile, nous pourrions apporter localement une valeur ajoutée au coton. Cette réorganisation de la branche permettrait en outre de réduire les coûts de production ; elle s'impose d'autant plus que fin 2004, Madagascar perdra la non-condition d'origine, ce qui nécessitera un approvisionnement hors zones préférentielles. Ainsi, il est important de porter au plus haut niveau la création de valeur ajoutée nationale.

Sélim ISMAIL, Président de COTONA

Cette verticalisation s'inscrit en outre dans la logique promue par l'AGOA et la Convention de Cotonou. Aujourd'hui, 30 % du marché textile est contrôlé par seulement dix chaînes de distribution. Or celles-ci sont de plus en plus demandeuses d'un service en quasi temps réel. C'est pourquoi, elles attendent de leurs fournisseurs qu'ils leur proposent des offres multi-produits. Dans ce contexte, la verticalisation apparaît indispensable.

Depuis que l'AGOA a été promulguée, les entreprises franches des pays directement concurrents de Madagascar ont considérablement accru leur chiffre d'affaires sur le marché américain.

Bruno de FOUCAULT

· La diversification

Dans les activités périphériques de la zone franche, nous souhaitons diversifier notre production vers des activités propres et à forte valeur ajoutée.

Pour améliorer notre compétitivité, nous avons initié un certain nombre d'actions portant notamment sur le coût des facteurs - et en particulier des transports routiers et aériens -, sur l'efficience des exploitations aériennes, l'amélioration des procédures douanières, la refonte du régime des entreprises franches.

Fort heureusement, nous disposons de structures favorisant le dialogue entre les autorités et le secteur privé. Au nombre de celles-ci, il convient de citer :

· le CAPE, présidé par le Premier Ministre ;

· une commission sociale, créée après les licenciements massifs survenus durant la crise.

Si nous avons tous souffert de la crise, force est de constater que le gouvernement a donné une nouvelle orientation à son action envers le secteur privé. J'en veux pour preuve la grande écoute que nous rencontrons désormais auprès des autorités. Pour information, sachez que le taux d'échec dans le secteur des entreprises franches n'excédait pas 2 % en 2001. Le régime France/Madagascar est, à notre sens, le plus performant qui soit. Il nous semble donc que les conditions sont en place pour que ce succès se confirme.

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