L'environnement des affaires

Jean-Jacques SANTINI
Administrateur Directeur général de la Banque marocaine pour le Commerce et l'Industrie (BMCI), président de la section Maroc du Comité national des Conseillers du Commerce extérieur de la France (CNCCEF)

La section Maroc des Conseillers du commerce extérieur de la France est composée de 35 membres : cet effectif important témoigne là encore de l'importance des liens qui unissent les deux pays. Ils représentent pratiquement tous les secteurs économiques.

Au Maroc, l'environnement des affaires est globalement favorable. Des bases attrayantes existent pour l'investisseur et une évolution positive se dessine depuis plusieurs années. Les textes législatifs et réglementaires relatifs aux affaires sont largement inspirés du dispositif français. Une forte volonté politique d'encourager les investissements étrangers se traduit par ailleurs par une réforme qui devrait grandement contribuer à simplifier ce que l'on appelle encore « le parcours du combattant de l'investisseur ». Le Royaume du Maroc et la France consentent aux investisseurs de nombreuses aides. On trouve au Maroc d'excellents ingénieurs, formés dans les écoles françaises. De grandes entreprises se sont d'ailleurs implantées au Maroc pour réaliser des activités de recherche. Ce serait une erreur que de fonder un investissement au Maroc simplement sur le coût de la main-d'oeuvre, dans la mesure où l'écart se réduit et où d'autres pays, en Europe de l'Est ou en Asie, offrent désormais de ce point de vue des conditions plus attrayantes.

L'environnement financier est lui aussi plutôt favorable. Tous les instruments financiers (crédits, dépôts, instruments de couverture) existent pour conduire une activité selon les techniques de financement les plus modernes. Vous trouverez sur place non seulement des succursales de banques françaises, mais aussi des banques marocaines des plus solides, souvent dotées de structures spécialisées dans le traitement des investisseurs étrangers. Les marchés de capitaux, en revanche, sont moins développés : la Bourse de Casablanca peine à se développer.

Les infrastructures sont de bonne qualité. Le Maroc compte par exemple 6 millions de téléphones mobiles et les réseaux GSM offrent une excellente couverture géographique. Cela devrait encore s'améliorer avec l'octroi d'une deuxième licence de téléphonie fixe. Les infrastructures hôtelières sont de bonne qualité. Dans l'énergie, on espère que les investissements autorisés dans l'exploration off-shore donneront de bons résultats. S'agissant enfin des utilities (eau, assainissement, déchets...), des progrès très importants ont été réalisés grâce aux concessions. Ces progrès se poursuivent.

Sur le plan des institutions, le Maroc a consenti de louables efforts de démocratisation et les pouvoirs publics ont la ferme intention de respecter les échéances fixées.

Pour autant, il demeure des difficultés importantes pour l'investisseur.

Tout d'abord, le Maroc souffre encore de handicaps structurels, à commencer par la dépendance de l'économie marocaine à l'agriculture, qui emploie toujours 45 % de la population. La croissance économique reste par ailleurs insuffisante. Le secteur agricole doit être modernisé, à un rythme à la fois suffisamment rapide pour réduire la dépendance du Maroc à son égard, mais suffisamment lent pour rester compatible avec l'absorption par les villes de l'exode rural. Il faut également reconnaître l'étroitesse du marché marocain. Par ailleurs, le tissu industriel marocain a grand besoin d'être mis à niveau. On peut encore citer les difficultés de fonctionnement de l'administration. L'investissement privé marocain manque enfin de dynamisme, même si la nouvelle équipe au pouvoir, avec un Premier Ministre issu de l'entreprise, constitue un signe encourageant à cet égard.

Le Maroc doit également poursuivre son effort d'adaptation du cadre juridique. Le droit de grève doit être réglementé de façon plus claire, tout comme les licenciements. Un investisseur doit avoir la possibilité, lorsque la conjoncture est moins favorable, de réduire ses effectifs. Ajoutons que le système judiciaire a besoin d'être conforté et harmonisé, pour éviter certains dérapages. La troisième réforme d'importance tient au droit foncier : il n'est pas toujours aisé d'obtenir un titre juridique de propriété.

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