Colloque Energies, Synergies - Acteurs français et islandais : quelles perspectives ensemble ?



Colloque
ENERGIES, SYNERGIES

Acteurs français et islandais : quelles perspectives ensemble ?

Sous le haut patronage de Christian PONCELET, Président du Sénat,
et sous l'égide du groupe sénatorial d'amitié France-Europe du Nord,

Ouverture

Alain VASSELLE ,
Sénateur, Président du Groupe interparlementaire France-Europe du Nord

Le Sénat est particulièrement honoré d'accueillir aujourd'hui ce colloque consacré aux énergies renouvelables en France et en Islande. Au nom du groupe interparlementaire France-Europe du Nord du Sénat, que j'ai l'honneur de présider, je vous remercie d'être venus aussi nombreux, parfois de très loin pour assister à ce débat qui s'annonce passionnant. Je salue tout particulièrement leurs excellences Monsieur Thomas INGI OLRICH, ambassadeur d'Islande en France et Madame Nicole MICHELANGELI, ambassadeur de France en Islande.

Cette manifestation, organisée conjointement par l'ambassade d'Islande en France, la Chambre de Commerce franco-islandaise et le groupe d'amitié France-Europe du Nord, souligne la qualité des relations entretenues par nos deux pays et vient couronner les initiatives prises de part et d'autre pour approfondir nos liens d'amitié. Le groupe interparlementaire du Sénat a notamment eu le plaisir de recevoir plusieurs fois au Sénat son excellence Monsieur l'Ambassadeur d'Islande à l'occasion de déjeuners mais également lors d'une conférence sur le fonctionnement de la démocratie islandaise. Nous avons aussi effectué deux missions d'étude en Islande depuis 2002 et accueilli plusieurs délégations islandaises.

C'est cependant la première fois que notre groupe interparlementaire prend part à l'organisation d'un colloque. Outre l'Islande, notre groupe concerne la Suède, la Norvège et le Danemark. Le président et le vice-président auraient pu avoir la tentation de privilégier d'abord ses relations avec les autres pays, plus grands. Il n'en a rien été, car lorsque j'ai pris sa présidence en 1994, nous avons effectué notre premier déplacement à l'étranger en Islande. Nous ne favorisons en effet pas la taille, mais l'intérêt présenté par le développement de nos relations diplomatiques, économiques et culturelles. Le sujet d'aujourd'hui fera la démonstration de cet intérêt.

Je ne peux donc que me réjouir du dynamisme et de la richesse des échanges franco-islandais et formuler le voeu qu'ils favorisent l'émergence de nouveaux partenariats culturels, économiques et scientifiques.

Aujourd'hui des représentants de nos deux pays sont réunis au Sénat pour évoquer une question dont les enjeux dépassent largement leurs simples horizons. En effet, le développement et la diversification des énergies propres sont devenus indispensables pour protéger notre environnement et assurer l'équilibre écologique de la Terre. Gageons que les échanges et les réflexions de cette matinée nous permettent à plus long terme d'unir nos savoir-faire, nos connaissances mais aussi nos forces, afin d'oeuvrer ensemble au développement des énergies renouvelables et à la protection de notre patrimoine naturel.

Lors de la constitution de son nouveau gouvernement, la France a prouvé qu'elle accordait une importance majeure aux questions environnementales. La nomination d'un ministre aux compétences les plus larges, sur des sujets variés et en interactions, démontre le souci de France d'agir tous azimuts dans le domaine de l'environnement pour assurer un avenir plus protecteur dans ce domaine au profit de nos concitoyens. Les investissements du Président lors du G8 témoignent de notre détermination. La coopération entre nos deux pays peut être déterminante dans l'action qu'a décidé de mener la France.

Yves POZZO di BORGO,
Sénateur, Président délégué pour l'Islande

Depuis plusieurs années, le groupe interparlementaire France-Europe du Nord, au sein duquel j'ai l'honneur d'être chargé des questions relatives à l'Islande, n'a cessé d'oeuvrer à l'intensification des relations entre nos deux pays. Ainsi, comme l'a rappelé le président VASSELLE, en quatre ans, deux délégations du groupe d'amitié se sont rendues en Islande. En juin 2002, Bertrand AUBAN, Louis MOINARD ont accompagné Alain VASSELLE à Reykjavik. Quant à moi, j'ai eu la joie de découvrir la capitale islandaise et ses environs en octobre 2006 avec Monique PAPON et Pierre MARTIN.

Notre déplacement s'est révélé passionnant et instructif. L'accueil fut particulièrement amical et chaleureux, nous permettant de découvrir l'Islande dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, à travers les visites d'usines géothermiques, de sites industriels mais également grâce aux entretiens avec les membres de l'Althing, nous avons réalisé combien l'Islande était en pointe en matière économique et environnementale. Nous avons également apprécié le dynamisme et les initiatives de nos représentants en Islande, et l'implication de notre ambassadrice Madame MICHELANGELI. A notre retour, nous avons souhaité organiser un colloque sur ces éléments novateurs.

Parmi les pays les plus compétitifs d'Europe, l'Islande est également la seule nation au monde dont les ressources énergétiques sont à 70 % renouvelables. Longtemps distancée par ses voisins, l'Islande a réalisé une véritable transition économique, et se classe aujourd'hui au sixième  rang des pays de l'OCDE, grâce à l'intelligence de ses habitants et à leur travail. Ce succès économique n'a pas empêché l'Islande de se lancer dans un pari environnemental ambitieux. Alors que l'objectif européen est d'atteindre d'ici à 2020, une part de 20 % d'énergies renouvelables dans son bouquet énergétique, l'Islande a pour ambition une économie totalement durable et énergétiquement indépendante en 2050. Cette alliance entre réussite économique et performance écologique nous a convaincus de rédiger un rapport pour faire partager les initiatives originales développées par nos amis islandais et susciter des pistes de réflexion pour la France de demain.

Le colloque d'aujourd'hui ne pouvait mieux tomber. Il s'inscrit parfaitement dans la continuité de notre mission en Islande. J'espère qu'il contribuera à dynamiser la coopération économique mais également environnementale et politique, entre nos deux pays. Cependant, au vu du nombre de participants français et islandais présents dans cette salle, je crois qu'il n'en faut pas douter et que cette rencontre constitue d'ores et déjà un succès pour nos deux pays.

Nicole MICHELANGELI,
Ambassadeur de France en Islande

Je ne vous entretiendrai pas d'énergie, mais du renforcement des relations économiques et culturelles entre la France et l'Islande, en m'appuyant sur l'exemple du Festival français en Islande - Franskt vor á Islandi- qui s'est tenu en mai 2007. En réponse aux nombreuses interrogations qu'il suscitait, nous l'avons intitulé « Pourquoi pPpas un printemps français en Islande ? ».

Nos deux pays ont toujours entretenu des relations amicales, scellées par l'aventure des pêcheurs français en Islande aux XIXe et XXe siècles. Ils ont en commun une identité très forte, ainsi qu'un amour de leur culture et de leur langue. En dépit de ces relations excellentes, ils devaient encore se rencontrer véritablement. La Quinzaine culturelle islandaise en France, organisée en 2004, puis le Festival français en Islande, en 2007, y ont contribué.

1. Echanges économiques et commerciaux

Les relations économiques et commerciales franco-islandaises bénéficient de l'intensification des relations politiques, touristiques et culturelles entre nos deux pays. La France n'a longtemps constitué qu'un partenaire de second rang pour l'Islande, qui lui préférait ses voisins géographiques et les Etats-Unis.

Au cours de la période récente, les échanges entre la France et l'Islande ont cru de manière significative. Nos entreprises montrent en effet un intérêt croissant pour ce marché à la taille limitée mais aux potentialités importantes. Entre 2005 et 2006, les exportations ont augmenté de 30 %, atteignant 134 millions d'euros. En deux ans, le volume des exportations en Islande a quant à lui augmenté de 72 %.

La structure même des échanges a évolué. La part des exportations traditionnelles françaises - produits de luxe et automobile - diminue progressivement au profit de produits à forte valeur ajoutée. Les biens d'équipement et les biens intermédiaires représentent désormais près des deux tiers des exportations françaises en Islande. Ainsi, Icelandair Cargo a récemment acquis quatre Airbus A330-200F.

Par ailleurs, si les produits de la pêche et les produits transformés occupent toujours une place prégnante dans les exportations islandaises, la part des produits à forte valeur ajoutée augmente. Il y a dix ans, seules quatre entreprises islandaises étaient implantées en France, employant 150 personnes. Elles sont aujourd'hui vingt-huit, et emploient 6 700 personnes. Depuis le début de 2007, des sociétés telles que Bakkavör, Alfesca et Össur ont investi en France, afin de consolider leur présence en Europe continentale. Nous espérons vivement que de nouvelles coopérations verront le jour.

2. Le Festival français en Islande

Notre festival visait à renforcer les relations franco-islandaises, et à augmenter la visibilité de la France dans un pays à fort tropisme anglo-saxon. Pour la première fois, l'Islande accueillait une culture étrangère, sur une base intergouvernementale, pour une manifestation de grande envergure. Nous poursuivions trois objectifs :

· montrer une image moderne, dynamique, diverse et ouverte de la France ;

· développer l'attractivité de notre pays sur tous les plans ;

· renforcer l'intérêt des jeunes islandais pour la France, sa langue, ses universités et son tourisme.

Je remercie une fois de plus les sociétés françaises et islandaises qui nous ont soutenus dans ce projet, car nous n'aurions pu le mener à bien sans elles. Nous avons par ailleurs travaillé en étroite collaboration avec des partenaires locaux, faisant de ce festival français une manifestation commune.

Ce festival s'articulait autour de cinq volets.

· Le volet culturel a été le plus important. Avec le soutien de Culturesfrance, nous avons organisé des expositions, des concerts classiques, des représentations de danse classique et moderne, des représentations théâtrales et d'arts de la rue, ainsi qu'une semaine du livre.

· Le volet scientifique visait à dépasser l'image traditionnellement culturelle de la France. Nous avons ainsi monté une exposition sur Airbus, et organisé trois séminaires de grande qualité.

· Le Festival du film s'est tenu au mois de mars. Une cinquantaine de films français ont été programmés, autour de divers cycles thématiques.

· Le volet commercial et touristique a notamment consisté en un forum des affaires, à l'attention des sociétés islandaises intéressées par le marché français. Je tiens ici à remercier le président et le directeur de la Chambre de Commerce franco-islandaise, Emmanuel JACQUES, ainsi que Patrice OLOFSSON.

· Le volet scolaire reposait sur deux concours de représentations de la France.

L'impact de ce festival est encore difficile à mesurer. J'espère que nous avons offert une image plus variée de notre pays. Nous souhaiterions que cette manifestation encourage davantage d'Islandais à apprendre le français, étudier et voyager en France.

Alain VASSELLE

Au nom de notre groupe interparlementaire, je tiens à féliciter Madame l'ambassadeur de l'action dynamique qu'elle mène en Islande, et de la promotion de la France qu'elle y assure.

Thomas Ingi OLRICH,
Ambassadeur de l'Islande en France

La Quinzaine culturelle islandaise en France et le Festival français en Islande ont tous deux présenté le mérite de consacrer une place importante à la science, et en particulier aux savoir-faire dans le domaine de l'énergie.

Il est aisé d'établir des affinités entre Français et Islandais dans le domaine culturel : les deux peuples ont la passion de la littérature et l'amour de leurs langues respectives. Ils partagent également une certaine absence de modestie, la confiance en soi et la fierté.

En revanche, s'agissant de l'énergie, presque tout les oppose : la démographie, les ressources naturelles et le contexte géopolitique. Ce secteur revêt pourtant une importance stratégique croissante. L'Europe dépend de plus en plus de sources d'énergies fossiles, qui proviennent des pays les plus instables et les mois démocratiques. Depuis des décennies, nos deux pays ont forgé des stratégies à moyen et long terme dans le domaine des énergies non fossiles. La France s'est investie dans le nucléaire et l'hydroélectricité, alors que l'Islande valorisait l'hydraulique et la géothermie. Ils ont donc moins souffert des chocs pétroliers, et bénéficient encore d'une situation relativement confortable. Ils peuvent par conséquent contribuer à alléger le bilan écologique de l'énergie.

Malgré tout, la France et l'Islande dépendent encore d'énergies fossiles importées pour le transport. Elles cherchent donc des solutions nouvelles, et souhaitent développer leur production d'énergies renouvelables. La France possède une impressionnante structure de chauffage urbain, et cherche à diversifier ses ressources énergétiques ; la géothermie pourrait y contribuer.

Nos deux pays coopèrent par ailleurs au sein du programme-cadre de recherche et de développement de l'Union Européenne dans le domaine de l'énergie, et contribuent aux objectifs fixés par la Commission Européenne.

André MERLIN,


Président du Forum européen de l'Energie et du Transport

Je suis très honoré d'animer ce débat sur le thème des énergies, qui m'est cher.

Le secteur énergétique constitue l'un des enjeux stratégiques majeurs du XXIe siècle pour la France, l'Islande, l'Europe et plus largement pour toutes les grandes nations du monde. Les politiques énergétiques se situent en effet à la convergence de trois préoccupations :

· la compétitivité de nos économies et de nos industries ;

· la sécurité de nos approvisionnements énergétiques ;

· le réchauffement climatique.

Lors du sommet européen de mars 2007, les chefs d'Etats et de gouvernements européens se sont mis d'accord sur certains objectifs :

· réduire à l'horizon 2020 les émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport à 1990, dans la lignée du « facteur 4 » ;

· faire passer la proportion d'énergies renouvelables dans le bouquet énergétique européen de 7 % à 20 % ;

· atteindre une proportion de 10 % de biocarburants parmi les carburants utilisés dans les transports.

Ce colloque intervient donc au moment opportun, alors que de nombreux questionnements se posent sur le sujet.