Colloque Energies, Synergies - Acteurs français et islandais : quelles perspectives ensemble ?



Table des matières


Colloque
ENERGIES, SYNERGIES

Acteurs français et islandais : quelles perspectives ensemble ?

Sous le haut patronage de Christian PONCELET, Président du Sénat,
et sous l'égide du groupe sénatorial d'amitié France-Europe du Nord,

Ouverture

Alain VASSELLE ,
Sénateur, Président du Groupe interparlementaire France-Europe du Nord

Le Sénat est particulièrement honoré d'accueillir aujourd'hui ce colloque consacré aux énergies renouvelables en France et en Islande. Au nom du groupe interparlementaire France-Europe du Nord du Sénat, que j'ai l'honneur de présider, je vous remercie d'être venus aussi nombreux, parfois de très loin pour assister à ce débat qui s'annonce passionnant. Je salue tout particulièrement leurs excellences Monsieur Thomas INGI OLRICH, ambassadeur d'Islande en France et Madame Nicole MICHELANGELI, ambassadeur de France en Islande.

Cette manifestation, organisée conjointement par l'ambassade d'Islande en France, la Chambre de Commerce franco-islandaise et le groupe d'amitié France-Europe du Nord, souligne la qualité des relations entretenues par nos deux pays et vient couronner les initiatives prises de part et d'autre pour approfondir nos liens d'amitié. Le groupe interparlementaire du Sénat a notamment eu le plaisir de recevoir plusieurs fois au Sénat son excellence Monsieur l'Ambassadeur d'Islande à l'occasion de déjeuners mais également lors d'une conférence sur le fonctionnement de la démocratie islandaise. Nous avons aussi effectué deux missions d'étude en Islande depuis 2002 et accueilli plusieurs délégations islandaises.

C'est cependant la première fois que notre groupe interparlementaire prend part à l'organisation d'un colloque. Outre l'Islande, notre groupe concerne la Suède, la Norvège et le Danemark. Le président et le vice-président auraient pu avoir la tentation de privilégier d'abord ses relations avec les autres pays, plus grands. Il n'en a rien été, car lorsque j'ai pris sa présidence en 1994, nous avons effectué notre premier déplacement à l'étranger en Islande. Nous ne favorisons en effet pas la taille, mais l'intérêt présenté par le développement de nos relations diplomatiques, économiques et culturelles. Le sujet d'aujourd'hui fera la démonstration de cet intérêt.

Je ne peux donc que me réjouir du dynamisme et de la richesse des échanges franco-islandais et formuler le voeu qu'ils favorisent l'émergence de nouveaux partenariats culturels, économiques et scientifiques.

Aujourd'hui des représentants de nos deux pays sont réunis au Sénat pour évoquer une question dont les enjeux dépassent largement leurs simples horizons. En effet, le développement et la diversification des énergies propres sont devenus indispensables pour protéger notre environnement et assurer l'équilibre écologique de la Terre. Gageons que les échanges et les réflexions de cette matinée nous permettent à plus long terme d'unir nos savoir-faire, nos connaissances mais aussi nos forces, afin d'oeuvrer ensemble au développement des énergies renouvelables et à la protection de notre patrimoine naturel.

Lors de la constitution de son nouveau gouvernement, la France a prouvé qu'elle accordait une importance majeure aux questions environnementales. La nomination d'un ministre aux compétences les plus larges, sur des sujets variés et en interactions, démontre le souci de France d'agir tous azimuts dans le domaine de l'environnement pour assurer un avenir plus protecteur dans ce domaine au profit de nos concitoyens. Les investissements du Président lors du G8 témoignent de notre détermination. La coopération entre nos deux pays peut être déterminante dans l'action qu'a décidé de mener la France.

Yves POZZO di BORGO,
Sénateur, Président délégué pour l'Islande

Depuis plusieurs années, le groupe interparlementaire France-Europe du Nord, au sein duquel j'ai l'honneur d'être chargé des questions relatives à l'Islande, n'a cessé d'oeuvrer à l'intensification des relations entre nos deux pays. Ainsi, comme l'a rappelé le président VASSELLE, en quatre ans, deux délégations du groupe d'amitié se sont rendues en Islande. En juin 2002, Bertrand AUBAN, Louis MOINARD ont accompagné Alain VASSELLE à Reykjavik. Quant à moi, j'ai eu la joie de découvrir la capitale islandaise et ses environs en octobre 2006 avec Monique PAPON et Pierre MARTIN.

Notre déplacement s'est révélé passionnant et instructif. L'accueil fut particulièrement amical et chaleureux, nous permettant de découvrir l'Islande dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, à travers les visites d'usines géothermiques, de sites industriels mais également grâce aux entretiens avec les membres de l'Althing, nous avons réalisé combien l'Islande était en pointe en matière économique et environnementale. Nous avons également apprécié le dynamisme et les initiatives de nos représentants en Islande, et l'implication de notre ambassadrice Madame MICHELANGELI. A notre retour, nous avons souhaité organiser un colloque sur ces éléments novateurs.

Parmi les pays les plus compétitifs d'Europe, l'Islande est également la seule nation au monde dont les ressources énergétiques sont à 70 % renouvelables. Longtemps distancée par ses voisins, l'Islande a réalisé une véritable transition économique, et se classe aujourd'hui au sixième  rang des pays de l'OCDE, grâce à l'intelligence de ses habitants et à leur travail. Ce succès économique n'a pas empêché l'Islande de se lancer dans un pari environnemental ambitieux. Alors que l'objectif européen est d'atteindre d'ici à 2020, une part de 20 % d'énergies renouvelables dans son bouquet énergétique, l'Islande a pour ambition une économie totalement durable et énergétiquement indépendante en 2050. Cette alliance entre réussite économique et performance écologique nous a convaincus de rédiger un rapport pour faire partager les initiatives originales développées par nos amis islandais et susciter des pistes de réflexion pour la France de demain.

Le colloque d'aujourd'hui ne pouvait mieux tomber. Il s'inscrit parfaitement dans la continuité de notre mission en Islande. J'espère qu'il contribuera à dynamiser la coopération économique mais également environnementale et politique, entre nos deux pays. Cependant, au vu du nombre de participants français et islandais présents dans cette salle, je crois qu'il n'en faut pas douter et que cette rencontre constitue d'ores et déjà un succès pour nos deux pays.

Nicole MICHELANGELI,
Ambassadeur de France en Islande

Je ne vous entretiendrai pas d'énergie, mais du renforcement des relations économiques et culturelles entre la France et l'Islande, en m'appuyant sur l'exemple du Festival français en Islande - Franskt vor á Islandi- qui s'est tenu en mai 2007. En réponse aux nombreuses interrogations qu'il suscitait, nous l'avons intitulé « Pourquoi pPpas un printemps français en Islande ? ».

Nos deux pays ont toujours entretenu des relations amicales, scellées par l'aventure des pêcheurs français en Islande aux XIXe et XXe siècles. Ils ont en commun une identité très forte, ainsi qu'un amour de leur culture et de leur langue. En dépit de ces relations excellentes, ils devaient encore se rencontrer véritablement. La Quinzaine culturelle islandaise en France, organisée en 2004, puis le Festival français en Islande, en 2007, y ont contribué.

1. Echanges économiques et commerciaux

Les relations économiques et commerciales franco-islandaises bénéficient de l'intensification des relations politiques, touristiques et culturelles entre nos deux pays. La France n'a longtemps constitué qu'un partenaire de second rang pour l'Islande, qui lui préférait ses voisins géographiques et les Etats-Unis.

Au cours de la période récente, les échanges entre la France et l'Islande ont cru de manière significative. Nos entreprises montrent en effet un intérêt croissant pour ce marché à la taille limitée mais aux potentialités importantes. Entre 2005 et 2006, les exportations ont augmenté de 30 %, atteignant 134 millions d'euros. En deux ans, le volume des exportations en Islande a quant à lui augmenté de 72 %.

La structure même des échanges a évolué. La part des exportations traditionnelles françaises - produits de luxe et automobile - diminue progressivement au profit de produits à forte valeur ajoutée. Les biens d'équipement et les biens intermédiaires représentent désormais près des deux tiers des exportations françaises en Islande. Ainsi, Icelandair Cargo a récemment acquis quatre Airbus A330-200F.

Par ailleurs, si les produits de la pêche et les produits transformés occupent toujours une place prégnante dans les exportations islandaises, la part des produits à forte valeur ajoutée augmente. Il y a dix ans, seules quatre entreprises islandaises étaient implantées en France, employant 150 personnes. Elles sont aujourd'hui vingt-huit, et emploient 6 700 personnes. Depuis le début de 2007, des sociétés telles que Bakkavör, Alfesca et Össur ont investi en France, afin de consolider leur présence en Europe continentale. Nous espérons vivement que de nouvelles coopérations verront le jour.

2. Le Festival français en Islande

Notre festival visait à renforcer les relations franco-islandaises, et à augmenter la visibilité de la France dans un pays à fort tropisme anglo-saxon. Pour la première fois, l'Islande accueillait une culture étrangère, sur une base intergouvernementale, pour une manifestation de grande envergure. Nous poursuivions trois objectifs :

· montrer une image moderne, dynamique, diverse et ouverte de la France ;

· développer l'attractivité de notre pays sur tous les plans ;

· renforcer l'intérêt des jeunes islandais pour la France, sa langue, ses universités et son tourisme.

Je remercie une fois de plus les sociétés françaises et islandaises qui nous ont soutenus dans ce projet, car nous n'aurions pu le mener à bien sans elles. Nous avons par ailleurs travaillé en étroite collaboration avec des partenaires locaux, faisant de ce festival français une manifestation commune.

Ce festival s'articulait autour de cinq volets.

· Le volet culturel a été le plus important. Avec le soutien de Culturesfrance, nous avons organisé des expositions, des concerts classiques, des représentations de danse classique et moderne, des représentations théâtrales et d'arts de la rue, ainsi qu'une semaine du livre.

· Le volet scientifique visait à dépasser l'image traditionnellement culturelle de la France. Nous avons ainsi monté une exposition sur Airbus, et organisé trois séminaires de grande qualité.

· Le Festival du film s'est tenu au mois de mars. Une cinquantaine de films français ont été programmés, autour de divers cycles thématiques.

· Le volet commercial et touristique a notamment consisté en un forum des affaires, à l'attention des sociétés islandaises intéressées par le marché français. Je tiens ici à remercier le président et le directeur de la Chambre de Commerce franco-islandaise, Emmanuel JACQUES, ainsi que Patrice OLOFSSON.

· Le volet scolaire reposait sur deux concours de représentations de la France.

L'impact de ce festival est encore difficile à mesurer. J'espère que nous avons offert une image plus variée de notre pays. Nous souhaiterions que cette manifestation encourage davantage d'Islandais à apprendre le français, étudier et voyager en France.

Alain VASSELLE

Au nom de notre groupe interparlementaire, je tiens à féliciter Madame l'ambassadeur de l'action dynamique qu'elle mène en Islande, et de la promotion de la France qu'elle y assure.

Thomas Ingi OLRICH,
Ambassadeur de l'Islande en France

La Quinzaine culturelle islandaise en France et le Festival français en Islande ont tous deux présenté le mérite de consacrer une place importante à la science, et en particulier aux savoir-faire dans le domaine de l'énergie.

Il est aisé d'établir des affinités entre Français et Islandais dans le domaine culturel : les deux peuples ont la passion de la littérature et l'amour de leurs langues respectives. Ils partagent également une certaine absence de modestie, la confiance en soi et la fierté.

En revanche, s'agissant de l'énergie, presque tout les oppose : la démographie, les ressources naturelles et le contexte géopolitique. Ce secteur revêt pourtant une importance stratégique croissante. L'Europe dépend de plus en plus de sources d'énergies fossiles, qui proviennent des pays les plus instables et les mois démocratiques. Depuis des décennies, nos deux pays ont forgé des stratégies à moyen et long terme dans le domaine des énergies non fossiles. La France s'est investie dans le nucléaire et l'hydroélectricité, alors que l'Islande valorisait l'hydraulique et la géothermie. Ils ont donc moins souffert des chocs pétroliers, et bénéficient encore d'une situation relativement confortable. Ils peuvent par conséquent contribuer à alléger le bilan écologique de l'énergie.

Malgré tout, la France et l'Islande dépendent encore d'énergies fossiles importées pour le transport. Elles cherchent donc des solutions nouvelles, et souhaitent développer leur production d'énergies renouvelables. La France possède une impressionnante structure de chauffage urbain, et cherche à diversifier ses ressources énergétiques ; la géothermie pourrait y contribuer.

Nos deux pays coopèrent par ailleurs au sein du programme-cadre de recherche et de développement de l'Union Européenne dans le domaine de l'énergie, et contribuent aux objectifs fixés par la Commission Européenne.

André MERLIN,


Président du Forum européen de l'Energie et du Transport

Je suis très honoré d'animer ce débat sur le thème des énergies, qui m'est cher.

Le secteur énergétique constitue l'un des enjeux stratégiques majeurs du XXIe siècle pour la France, l'Islande, l'Europe et plus largement pour toutes les grandes nations du monde. Les politiques énergétiques se situent en effet à la convergence de trois préoccupations :

· la compétitivité de nos économies et de nos industries ;

· la sécurité de nos approvisionnements énergétiques ;

· le réchauffement climatique.

Lors du sommet européen de mars 2007, les chefs d'Etats et de gouvernements européens se sont mis d'accord sur certains objectifs :

· réduire à l'horizon 2020 les émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport à 1990, dans la lignée du « facteur 4 » ;

· faire passer la proportion d'énergies renouvelables dans le bouquet énergétique européen de 7 % à 20 % ;

· atteindre une proportion de 10 % de biocarburants parmi les carburants utilisés dans les transports.

Ce colloque intervient donc au moment opportun, alors que de nombreux questionnements se posent sur le sujet.

Présentation du secteur énergétique islandais

Sont intervenus :

Thorkell HELGASON, Directeur de l'Agence nationale islandaise pour l'Energie

Thorleifur FINNSSON, Directeur Innovation et Projets internationaux de Reykjavik Energy

Larus ELIASSON, Directeur général d'Enex

Auður Nanna BALDVINSDÓ,TTIR, responsable marketing de Geysir Green Energy

Les débats étaient animés par André MERLIN, Président du Forum européen de l'Energie et du Transport.

André MERLIN

Thorkell HELGASON est depuis 1996 le Directeur de l'Agence nationale islandaise pour l'Energie. Il a acquis en 1971 un PhD du Massachussetts Institute of Technology. Il a travaillé dans le domaine des mathématiques, et a auparavant dirigé un centre de calcul en Islande.

Thorkell HELGASON

En préambule, je tiens à vous rappeler que l'Islande ne comporte que 300 000 habitants, élément qui doit toujours être pris en compte dans l'analyse des chiffres que je vais vous présenter.

1. L'économie islandaise

Durant plus de cinquante ans, nos exportations se sont concentrées sur des produits à base de poisson, notamment à destination des bases américaines. Toutefois, la situation évolue rapidement depuis quelques années : la proportion des produits industriels - notamment l'aluminium - et des biens de haute technologie augmente. Nos exportations concernent donc aujourd'hui des secteurs très demandeurs en énergie. Par ailleurs, nous développons le secteur touristique et les exportations de services financiers.

2. La consommation énergétique islandaise

Notre consommation en énergie augmente fortement depuis la Seconde Guerre mondiale. Je dois préciser qu'avant cette date, nous connaissions un certain retard par rapport aux autres pays occidentaux.

Après les chocs pétroliers des années 1980 et 1990, nous avons diversifié nos sources d'énergie, afin de remplacer les combustibles fossiles. En 1970, les combustibles fossiles couvraient encore 50 % de notre consommation. A l'heure actuelle, la consommation énergétique domestique repose entièrement sur des sources géothermiques ou hydrauliques.

Notre consommation en énergie augmente très fortement ces dernières années. En effet le secteur industriel, et en particulier la production d'aluminium, consomme beaucoup d'énergie. Durant les deux prochaines années, nous produirons 16 Téra Watt heure (TWh), dont 80 % sera destiné aux industries.

3. Les sources d'énergie hydraulique et géothermique

Les centrales sont principalement sur les fleuves dans le Sud-est de l'île, soit à proximité des points d'utilisation de l'énergie. Des sources potentielles ne sont pas encore exploitées, toutefois nous pourrions décider de préserver ces sites et de les transformer en réserves naturelles. Le projet le plus important à l'heure actuelle est l'ouverture d'une centrale à la fin de l'année 2007, sur le site de Kárahnjúkar, près du plus important glacier du pays. Nos réservoirs doivent être de grande taille, car nous exploitons l'écoulement en provenance des glaciers en été ; nous devons par conséquent accumuler des eaux afin de produire de l'énergie durant l'hiver.

L'Islande étant une île volcanique, les ressources géothermiques existent sur l'ensemble du territoire. Des puits de forage à haute température sont exploités pour chauffer les maisons. Leur température peut atteindre jusqu'à 150°C.

Nous procédions jusqu'à présent à des forages de deux à trois kilomètres. La vapeur émanant de ces puits géothermiques atteint alors une température de 250 à 300°C. Nous commençons aujourd'hui à creuser des puits d'exploration atteignant jusqu'à cinq kilomètres de profondeur. Les conditions d'exploitation sont alors supercritiques, et la température avoisine les 600°C. Nous espérons fournir ainsi dix fois plus d'énergie que grâce auxles puits actuels.

Pour la première fois au monde des conditions supercritiques sont atteintes. Ce projet est donc soutenu par des fonds scientifiques internationaux et suscite un fort intérêt de par le monde.

4. Le potentiel énergétique islandais

Nous estimons que notre potentiel de production énergétique atteint 50 TWh par an. Cette production correspond à une population de 6 millions de personnes, soit vingt fois supérieure à la population islandaise. L'Islande est donc le premier producteur d'électricité par habitant au monde.

Nous avons jusqu'à présent attiré des usines d'aluminium, et l'Islande est devenue l'un des plus importants producteurs d'aluminium en Europe occidentale. Toutefois nous recherchons d'autres utilisations pour ce potentiel énergétique. Les forages en grande profondeur pourraient d'ailleurs considérablement accroître ce potentiel.

Cette énergie pourrait également être acheminée en Europe, via un câble sous-marin. Ce projet est souvent évoqué, mais il impliquerait un câble d'une longueur encore jamais atteinte. Même s'il est techniquement possible, il ne serait sans doute pas viable économiquement.

Nous pourrions également songer à remplacer les combustibles fossiles dans les transports. Nous avons travaillé sur des moteurs à hydrogène, mais nous pourrions également envisager d'utiliser directement l'électricité dans les moteurs. J'espère que la France participera à ces projets.

5. Le partage des connaissances et les politiques publiques

Nous possédons des savoir-faire importants dans les domaines de la géothermie et de l'hydraulique, et nous souhaitons les exporter. Nous avons ainsi soutenu financièrement plusieurs projets énergétiques à l'étranger. Par ailleurs, nous participons depuis trente ans à l'Université des Nations-Unies dans le domaine de la géothermie. Nous y formons des centaines d'étudiants du monde entier, qui travaillent par la suite dans leurs propres pays.

La politique gouvernementale vise à utiliser des ressources renouvelables au profit de l'ensemble de l'humanité. Le gouvernement formé récemment, notamment son ministre de l'Industrie, porte une attention particulière aux questions environnementales. Les déclarations du Premier Ministre et du Ministre des affaires étrangères en témoignent.

Le taux d'énergies renouvelables dans notre consommation énergétique totale, égal à 70 %, est le plus élevé de l'OCDE, et sans doute du monde. Nous avons éliminé toutes les sources fossiles de nos utilisations stationnaires d'énergie. Nous espérons que notre économie fonctionnera sans produire de CO 2 en 2050.

6. La coopération avec la France

La France développe déjà l'énergie hydraulique. Les fontes de glaces s'accroissant, le potentiel de cette énergie augmentera au cours de ce siècle. Je me félicite du reste de la participation de la France au projet islandais qui étudie ces changements.

S'agissant de la géothermie, les recherches relatives aux ressources profondes s'intègrent au réseau ENGINE (ENhanced Geothermal Innovative Network for Europe), placé sous la direction de la France et de l'Islande.

Nous souhaiterions coopérer avec la France dans le domaine des énergies renouvelables appliquées aux transports. Ce pays est en effet leader dans la fabrication de voitures électriques, et se situe en pointe dans la recherche sur les véhicules hybrides, les biocarburants, et l'utilisation de l'hydrogène.

L'Islande est membre de l'EEE (Espace Economique Européen). Les investissements étrangers y sont donc ouverts à tous, et les directives européennes relatives au marché de l'électricité y sont appliquées. Par ailleurs, les ressources énergétiques sont principalement contrôlées par le secteur public.

Je vous informe enfin que le Président islandais a récemment publié un fascicule intitulé L'Islande comme laboratoire de l'énergie verte .

André MERLIN

Thorleifur FINNSSON est le Directeur de l'Innovation et des Projets internationaux de Reykjavik Energy. En 1991, il a été chargé d'assurer la fusion des trois sociétés énergétiques de Reykjavik. Il a par la suite assumé la fonction de Directeur de la Recherche et du Développement de Reykjavik Energy, avant d'y prendre ses fonctions actuelles.

Thorleifur FINNSSON

L'énergie utilisée en Islande est multidimensionnelle, et se base sur l'exploitation de divers sites. Au sein de notre entreprise, nous proposons des services variés : production et distribution d'électricité, d'eau chaude ou froide, et traitement des eaux usées. Nous espérons en outre finaliser un réseau de projet Ethernet haut débit en 2012. Nous intervenons dans vingt municipalités, et nous nous développons fortement depuis huit ans. Nous sommes actuellement en conformité avec les normes ISO 9001 et 14001, ainsi qu'avec les normes de sécurité des infrastructures et des exploitations.

Le sol de l'Islande est gorgé d'eau, chaude ou froide, très pure et propre à la consommation. Nous pouvons par conséquent creuser des puits de 20 à 100 mètres de profondeur, et injecter directement cette eau dans le système de distribution.

S'agissant plus particulièrement de l'eau chaude, 54 puits ont été creusés dans la zone de Reykjavik. La température de leur eau atteint 70 à 130°C. Tous les sites géothermiques sont connectés, dans le système le plus vaste au monde, et nous pouvons en permanence passer d'une source à l'autre. Avant la Seconde Guerre mondiale, toutes les maisons de Reykjavik étaient chauffées au charbon ; aujourd'hui, elles utilisent toutes la géothermie. La ville a par conséquent fortement réduit ses émissions de CO 2 .

Pour transformer la chaleur en électricité, nous exploitons deux sites combinés, qui nous permettent de produire 80MW. Cette production devrait prochainement atteindre 310MW.

Reykjavik Energy est profondément préoccupée par l'environnement. Le Conseil d'Administration a ainsi déclaré en 2006 qu'elle devait être une « entreprise environnementale ». Nous avons par conséquent fait évoluer notre politique et le mode de fonctionnement de nos exploitations.

1. Le partage des connaissances

La géothermie est utilisée depuis longtemps en Islande, et nous souhaitons désormais exporter notre technologie à l'étranger. Des points chauds existent en effet partout dans le monde, de l'Afrique à l'Alaska, en passant par l'Indonésie. Diverses entreprises islandaises sont déjà implantées dans ces pays, où elles exploitent les sources géothermiques, seules ou en coopération.

Pour exemple, nous avons passé un contrat avec le gouvernement de Djibouti afin d'utiliser la géothermie pour produire de l'électricité. Nous espérons mettre en place prochainement une centrale d'une puissance de 40 à 1000 KW. D'autres suivront ensuite, et Djibouti devrait devenir le premier pays au monde à répondre à tous ses besoins en électricité par la géothermie. D'une certaine manière, nous travaillons en collaboration avec la France, car nous utilisons les recherches approfondies des scientifiques français sur la géothermie en Afrique. Nous menons également un autre projet en Guadeloupe, en lien avec les recherches géologiques françaises.

2. La séquestration de CO2

La séquestration de CO 2 consiste à mélanger le dioxyde de carbone avec de l'eau, à l'injecter dans le sol, où il est soumis à une forte pression, et à l'y faire cristalliser avec le basalte. Il s'agit d'un phénomène naturel, auquel la planète Terre procède chaque jour.

Ce projet de recherche est important. Quatre partenaires y sont associés : l'Université d'Islande, l'Université de Columbia aux Etats-Unis, l'Université Paul Sabatier de Toulouse et Orkuveita Reykjavik. Cette dernière société fournit le site et les capacités de forage.

A la fin de l'année 2009 ou au début de l'année 2010, nous devrions avoir terminé nos tests, et nous commencerons à développer une méthodologie. Une grande partie du sol terrestre étant constituée de basalte, ce procédé pourra par la suite être exportée dans de nombreux pays. Notre budget initial est de 8,5 millions d'euros, mais il pourrait atteindre à terme 10 à 12 millions d'euros.

3. Le système de transports

Après avoir nettoyé les maisons de Reykjavik, notre entreprise s'est fixé le projet ambitieux de nettoyer ses rues.

Nous avons notamment participé à l'ECTOS bus programm, finalisé au début de l'année 2006. Trois bus fonctionnant à l'hydrogène ont alors circulé à Reykjavik, et une station d'hydrogène a été installée. Nous avons également mené des recherches sur l'impact social et l'acceptation par la population de ces nouveaux modes de transport. Nous cherchons en effet à utiliser l'hydrogène sans susciter de crainte parmi la population. Au cours du mois de juin 2007, nous nous sommes engagés dans la deuxième étape de ce projet, intitulée SMART-H2. Des voitures individuelles de démonstration ont alors été mises à disposition.

Ces projets ont été financés conjointement pars l'Union Européenne, le Gouvernement islandais, les entreprises d'énergie et les entreprises privées islandaises. Nous les soutenons nous-mêmes depuis 1995, en achetant des véhicules électriques, notamment françaises. Nous souhaiterions désormais acquérir des voitures fonctionnant à l'hydrogène. Nous nous sommes en effet fixés un objectif de 55 % de voitures écologiques au sein de notre parc automobile d'ici 2013. Nous souhaitons favoriser l'hydrogène, mais nous envisagerons également les biocarburants.

André MERLIN

Larus ELIASSON possède une formation d'ingénieur en mécanique. Il est diplômé de l'Université d'Islande en géothermie, et de l'Université de Karlsruhe dans le domaine de la production d'énergie. Il possède également un MBA de l'Université de l'Ohio. Après avoir été responsable de l'étude de divers projets énergétiques, il devenu Directeur général d'Enex en 2003.

Larus ELIASSON

Enex est détenu par diverses sociétés énergétiques islandaises, et bénéficie donc de leurs 70 ans d'expertise dans ce domaine. Nous visons à exploiter ce savoir-faire dans notre pays comme à l'étranger. Nous offrons des solutions énergétiques, sur la base de centrales binaires, de centrales à vapeur, et de centrales hydrauliques de petite taille. Nous proposons notre recherche, notre matériel, notre savoir-faire, et nous pouvons également fournir des solutions « clés en main », en nous investissant directement dans un projet de centrale.

Depuis 10 à 20 ans, l'Islande s'est imposée comme le leader dans le domaine de la géothermie en Europe, et n'y connaît qu'une faible concurrence. Notre main d'oeuvre est jeune, dynamique, et très spécialisée.

Nos principaux actionnaires sont Geysir Green Energy, Landsvirkjun, Orkuveita Reykjavikur et Jarðboranir hf. Nous intervenons actuellement sur divers projets.

· En Allemagne, nous possédons un droit de concession à Munich, ainsi que quatre autres concessions. Nous souhaitons construire dix centrales, produisant 30MW de chaleur. Les lois allemandes sur l'énergie rendent ce projet viable pour nous.

· En Chine, nous sommes associés à un partenaire local sur le site de Xianyang. Nous élaborons un système de chauffage à destination de 500 000 habitants. Ce premier projet peut paraître d'ampleur limité, mais nous savons d'expérience que le premier pas est de loin le plus difficile. Par la suite, nous bénéficierons d'un effet boule de neige, et ce projet pourrait devenir le plus important au monde.

· Aux Etats-Unis, nous intervenons dans une usine de 150MW en Californie, ainsi que sur un site dans les montagnes.

· En Slovaquie, nous prévoyons de devenir le développeur géothermique le plus important du pays. Nous menons d'ores et déjà trois projets dans l'Est du pays, en lien avec les communautés locales. La décision de l'Union Européenne d'atteindre les 20 % d'énergies renouvelables dans son bouquet énergétique d'ici à 2020 est irréalisable sans le recours à la géothermie. Cette source existe pourtant dans la plupart des pays européens.

· En Hongrie, nous sommes associés à la MOL, société hongroise du pétrole et du gaz, ainsi qu'à un partenaire financier australien.

· Au Salvador, nous avons répondu à un appel d'offre pour la construction d'une centrale binaire de 8 MW. Elle devrait être achevée très prochainement. Nous ne fournissons pas le matériel, mais essentiellement notre savoir-faire dans le traitement des fluides géothermique, ainsi que dans la conception des centrales.

Nous nous sommes d'abord basés sur les marchés existants, mais nous cherchons désormais à développer de nouveaux marchés, notamment dans l'Est de l'Europe. Nos prochaines cibles seront sans doute les Philippines et l'Indonésie. Par ailleurs, nous rencontrons un vif intérêt pour nos activités en Amérique Latine ainsi que dans la Vallée Rift.

André MERLIN

Madame BALDVINSDÓ,TTIR est responsable marketing de la société Geysir Green Company, et remplace aujourd'hui Monsieur MARGEIRSSON. Elle a notamment obtenu un Master of Science de l'Imperial College de Londres dans le domaine des technologies de l'environnement. Elle possède également un diplôme de la State University de New York en économie et en mathématiques.

Auður Nanna BALDVINSDÓ,TTIR

1. La société Geysir Green

Geysir Green Company est une petite entreprise, mais elle intervient à l'échelle planétaire. Elle constitue un cas unique d'entreprise travaillant exclusivement dans le domaine de la géothermie. La création de notre société, en janvier 2007, découlait de trois réalités :

· le changement climatique ;

· l'immense savoir-faire islandais en géothermie ;

· la disponibilité de capitaux en Islande.

Nous ne souhaitons pas que nos savoir-faire demeurent en Islande, et nous cherchons à les transférer. Nous avons donc eu recours à diverses sources de financement : FL Group, Glitnir Bank et VGK Hönnun Engineering.

Notre financement initial s'élevait à 100 millions de dollars. Nous procédons actuellement à une seconde série de financement, qui modifiera la structure de l'actionnariat. Nous accueillerons bientôt un nouvel investisseur important.

Nous nous concentrons sur notre coeur de métier, la géothermie, et nous nous reposons pour le reste sur les savoir-faire de nos actionnaires en matière de financement et d'ingénierie.

Notre stratégie consistait jusqu'à présent à investir dans des projets en cours. Nous étudions désormais de nouveaux projets, et nous cherchons à nous développer au travers de fusions et d'acquisitions.

Du fait de l'extrême complexité du secteur géothermique, une entreprise telle que la nôtre doit disposer d'une expertise de pointe, ainsi que de solides appuis capitalistiques. La plupart des investisseurs hésitent donc à s'y engager. Nos investisseurs actuels nous soutiennent malgré tout, et ont compris que nous aurons besoin de temps afin de devenir rentables. Ils nous donnent en outre accès à des partenaires internationaux. Enfin, nous pouvons compter sur le soutien de la communauté de la géothermie et du PNUD.

2. Quelques projets

Nous avons d'emblée investi dans des entreprises intervenant à l'étranger, telle Enex. Nous participons ainsi à son projet chinois à hauteur d'un tiers.

Nous avons également investi dans la société Exorka, avec laquelle nous exploitons quatre concessions. Cette petite entreprise a développé un procédé permettant de profiter de températures peu élevées.

Plus récemment, nous avons accompagné le processus de privatisation du marché énergétique, en acquérant 15 % d'une entreprise. Sa dDirection est visionnaire et dispose d'un savoir-faire considérable dans le domaine de la géothermie. Nous bénéficierons de sa dimension internationale et de son développement très rapide.

Nous exploitons également le Lagon Bleu. Ce site géothermique, producteur d'eau et d'électricité, devient également le site touristique le plus populaire d'Islande, et nous y avons implanté un laboratoire de recherches médicales.

Aux Etats-Unis, nous menons actuellement des négociations auprès d'un partenaire local, afin d'exploiter la région des geysers en Californie. Les entreprises américaines manifestent un regain d'intérêt pour la géothermie depuis qu'un nouveau cadre fiscal les y encourage.

Aux Philippines, nous participons à un passionnant projet de privatisation. Enfin, en Allemagne, nos concessions fusionnent avec un autre détenteur de licences.

Nous sommes ouverts à tous types de projet, car nous sommes convaincus que la géothermie possède un potentiel considérable. Une cinquantaine de pays pourraient en effet devenir des producteurs d'énergie géothermique de premier plan.

Les synergies franco-islandaises

Sont intervenus :

Gunnlaugur NIELSEN, Directeur Recherche et Développement de Landsvirkjun

Halldor KRISTJANSSON, Directeur général de Landsbanki

Pascal DUPUIS, Sous-Directeur de la Demande et de la Maîtrise de l'Energie au ministère de l'Industrie

Claude JEANDRON, Directeur-adjoint du Développement durable d'EDF

Les débats étaient animés par André MERLIN, Président du Forum européen de l'Energie et du Transport.

André MERLIN

Landsvirkjun peut être considérée comme l'équivalent d'EDF en Islande. Gunnlaugur NIELSEN en est le Directeur Recherche et Développement, et s'intéresse à tous les projets dans le domaine des transports et de l'énergie. Il est diplômé de l'Université d'Islande et de l'Université Technique du Danemark en ingénierie électrique.

Gunnlaugur NIELSEN

En 2001, l'entreprise HECLA a été fondée par trois sociétés islandaises - Landsvirkjun, Linuhonnun et AFL - et une société française - JC Ingénierie. Elle travaille dans le secteur de l'hydroélectricité et de sa transmission.

Nous nous sommes intéressés à ce sujet en Islande après la Seconde Guerre mondiale, soit assez tardivement. Le système islandais a donc intégralement été conçu durant les trois dernières décennies. Sa taille a d'ailleurs doublé au cours de la dernière décennie. Nous possédons donc des connaissances et des technologies de pointe.

L'Islande présente des éléments naturels très spécifiques. Les pluies denses, les vents, la neige et les glaces représentent des difficultés considérables pour le fonctionnement de nos systèmes de transmission. Par ailleurs, nous connaissons également des avalanches, des inondations, des tremblements de terre, et parfois même des éruptions volcaniques.

La vitesse des vents dépasse parfois les 200 km/h, ce qui correspond aux vitesses maximales observées en France lors de la tempête de 1999. Les lignes de transmission islandaises continuent à fonctionner dans ces conditions. De la même manière, nous sommes confrontés à des poids de glace extrêmes de la même manière que dans les Alpes, mais nos lignes ne sont pas interrompues. Nous avons donc été en mesure de fournir des services de haute qualité pour répondre à des situations difficiles en Europe.

HECLA propose des services d'ingénierie pour des systèmes de transmission d'énergie. Les systèmes de transmission doivent être améliorés en France, et nos compétences dans ce domaine peuvent y contribuer. HECLA travaille ainsi avec RTE depuis 2001.

Nous procédons également à l'évaluation de l'état et de la durée de vie de lignes de transmission déjà existantes. Nous les remodelons ou concevons, le cas échéant, de nouvelles lignes. Les directives de RTE ont établi de nouveaux critères de conception et d'utilisation, et nous avons par exemple vérifié la résistance des systèmes au regard de ces exigences. Nos outils informatiques nous permettent par ailleurs de visualiser des lignes sur le terrain et d'évaluer leur impact environnemental.

Le croisement de lignes est une source importante de problèmes. De même, leur nettoyage est souvent négligé. Nous nous souvenons tous de l'effondrement massif intervenu en Italie à la suite d'un manque d'entretien des lignes. De plus, bien que leur nocivité n'ait jamais été prouvée, les interférences des champs électromagnétiques préoccupent de nombreuses personnes. Enfin, nous menons également des négociations avec les propriétaires terriens locaux en Islande.

Nous travaillons en France, notamment avec RTE et EDF, en Afrique et en Asie centrale. Prochainement, nous collaborerons également avec les opérateurs des systèmes de transmission portugais et espagnol. Nous préparons d'autres projets, en lien avec les services d'électricité du Maroc, du Burkina-Faso, du Ghana, de la Côte d'Ivoire et du Bénin.

André MERLIN

Halldor KRISTJANSSON est le Directeur général de Landsbanki. Il est diplômé en droit de l'Université d'Islande, de l'Université de New York et de l'Université d'Harvard. Il a préalablement occupé diverses fonctions au sein du gouvernement, en particulier celle de secrétaire général au ministère de l'Industrie et du Commerce de 1994 à 1998.

Halldor KRISTJANSSON

1. L'économie islandaise

Au cours des dernières années, l'économie islandaise s'est fortement internationalisée. Les investissements étrangers en Islande ont considérablement augmenté. En dix ans, la part des investissements islandais en Europe est par ailleurs passée de 3 à - 4 % ? à 65 %. Les industries de l'énergie ont dominé ce mouvement. Actuellement, toutes les grandes entreprises islandaises possèdent une dimension internationale très marquée.

Cette évolution résulte de divers facteurs. Nous avons dû, comme nombre d'autres pays, contenir notre inflation. Nous avons en outre établi avec l'Union Européenne la Zone Economique Européenne, qui a largement contribué à notre développement en permettant une circulation libre des capitaux et de la main d'oeuvre. Enfin, la privatisation du secteur énergétique s'est effectuée progressivement. Les finances ont été mises en ordre de manière très stricte, les impôts ont été allégés, et les entreprises privées peuvent désormais bénéficier d'un contexte favorable.

Les investissements directs en Islande sont essentiellement le fait de holdings , dans les domaines de la finance et de la recherche, notamment pharmaceutique. En 2006, nous avons néanmoins remarqué que 30 % des investissements concernaient des industries à haute exigence énergétique, contre 19 % dans le secteur financier.

A l'étranger, les entreprises islandaises investissent essentiellement en Europe, dans le domaine de la recherche et développement, mais surtout dans le secteur alimentaire, les banques, et l'industrie chimique. Les investissements dans le secteur énergétique sont encore récents et doivent se poursuivre dans le futur.

2. Landsbanki en Islande et en Europe

Landsbanki a aujourd'hui 120 ans. Cette banque universelle est présente aussi bien en Islande qu'à l'étranger.

Le secteur financier est florissant en Islande, et est à même de soutenir les entreprises qui se développent à l'étranger. Landsbanki, deuxième banque d'Islande, est l'une des quatre banques connaissant la plus forte croissance en Europe.

Nos opérations sont réparties à égalité entre l'Islande et l'Europe. Sur le continent, notre siège est situé à Paris. Nous sommes présents dans quinze pays, où nous employons 400 personnes et intervenons auprès de 900 entreprises, dont 30 travaillent dans le secteur des énergies renouvelables. Nous souhaitons donc soutenir la coopération dans ce domaine entre la France et l'Islande, car nous savons que les capitaux jouent un rôle central dans de telles alliances.

3. Landsbanki et le secteur énergétique

Comme dans de nombreux autres pays européens, le secteur énergétique n'est pas encore entièrement privatisé en Islande. Il n'apparaît donc pas comme un enjeu majeur pour les investisseurs. Son développement dans le futur ira de pair avec celui du secteur financier, ce qui lui permettra de se consolider au niveau international. Landsbanki souhaite mettre ses importants capitaux à la disposition de telles entreprises.

Lors de la privatisation de Landsbanki en 2002, la banque a connu un développement exponentiel. Forts de cette expérience, nous pensons qu'un potentiel similaire existe dans le secteur énergétique appelé à être privatisé. Nous savons par exemple que les besoins en énergie vont croître de plus de 50 % au cours des 25 prochaines années. Même si les combustibles fossiles demeurent importants, des demandes de nature politique émergent en faveur des énergies renouvelables. Nous financerons donc ce secteur en priorité dans les années à venir. Les énergies renouvelables constituent en effet un enjeu à l'échelle internationale, et contribuent à réduire les émissions de CO 2 .

Les énergies renouvelables - hydraulique, biomasse, géothermie - représentent actuellement 17 % de la production d'énergie dans le monde. Alors que la production d'énergie doublera d'ici à 2030, la part des énergies renouvelables devra non seulement se maintenir, mais passer de 17 à 20 %. Cet effort considérable nécessitera d'importants investissements financiers. En France, l'énergie nucléaire jouera un rôle-clé, mais ce pays devra également développer des énergies propres.

La France possède des entreprises technologiques de très grande qualité dans le domaine de l'énergie, et l'Islande dispose d'un savoir-faire riche. Nous sommes prêts à appuyer des projets de coopération entre nos deux pays.

La privatisation du secteur énergétique n'est pas encore totalement finalisée en Islande, toutefois les entreprises peuvent d'ores et déjà s'y investir. Ainsi, Landsbanki a récemment créé, en partenariat avec Landsvirkjun, la société HydroKraft. Elle se consacre à la production d'énergie hydraulique hors d'Islande. Le financement initial s'élavait à 170 millions de dollars, mais nous recherchons activement d'autres partenaires afin d'accroître cette somme. Nous finançons également des projets de plus petite ampleur, initiés par des PME dans le secteur de l'énergie hydraulique. Ce type de projet pourrait à mon sens intéresser vivement la France.

Les quelques exemples que je viens de vous présenter constituent autant d'encouragement pour le développement du secteur énergétique, mais également des synergies entre la France et l'Islande. Je souhaiterais que nos deux pays favorisent de tels rapprochements, et que davantage d'entreprises françaises profitent des opportunités développées en Islande. Les banques islandaises sont solides, elles disposent de liquidités, et sont capables de soutenir des investissements massifs. Pour l'heure, nous travaillons en lien avec le secteur public, mais nous espérons que de nouveaux projets vont émerger.

André MERLIN

Pascal DUPUIS est sous-directeur de la demande et de la maîtrise de l'énergie au ministère de l'Industrie. Après une formation à l'X-Télécoms, il a travaillé dans le domaine de l'intelligence artificielle, puis a été en charge de la télécommunication et des systèmes au sein de Thalès. Il est actuellement responsable des politiques relatives à l'efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables et du suivi des politiques climatiques au sein du nouveau ministère de l'Ecologie du Développement et de l'Aménagement durable.

Pascal  DUPUIS

1. Le bouquet énergétique de la France

La France consomme chaque année environ 275 millions de tonnes équivalent pétrole (tep). Son bouquet énergétique est composé à 40 % d'énergie nucléaire et à 50 % d'énergies fossiles, dont le pétrole. L'hydroélectricité représente environ 5 millions de Tep, soit 70 TWh. Quant aux autres énergies renouvelables, elles s'élèvent à 13 millions de tep. Les trois quarts sont constitués par le bois-énergie ; le reste comprend les biocarburants, les pompes à chaleur et la géothermie.

La part des énergies renouvelables dans du le bouquet énergétique français est conforme à la moyenne européenne d'environ 7 %. Au sein de l'Union Européenne, la France se situe au deuxième rang des producteurs d'énergie renouvelable en volume, à quasi-égalité avec l'Allemagne. Elle est également bien placée dans l'OCDE. Elle se situe au septième rang s'agissant des émissions de gaz à effet de serre par habitant ; et au quatrième rang pour les émissions de gaz à effet de serre par PIB.

2. Les objectifs de la France dans le domaine énergétique

Malgré ces résultats, nous souhaitons encore progresser. En 2005, une loi de programme a fixé des orientations pour la politique énergétique française. Nous visons à stabiliser notre consommation énergétique d'ici 2015, puis la faire décroître entre 2015 et 2030, et finalement à diviser nos émissions de gaz à effet de serre par quatre d'ici 2050.

Durant cette période, la croissance économique devra en outre être maintenue à un niveau satisfaisant. Nos prévisions montrent que l'objectif dit « facteur 4 » ne devrait pas entamer le niveau du PIB.

Notre objectif à moyen terme est d'atteindre une proportion de 10 % d'énergies renouvelables dans notre bouquet énergétique en 2010. La loi de 2005 mentionne également le développement d'un réacteur nucléaire, et met l'accent sur la recherche et le développement.

3. Quelques outils

Afin de remplir ces objectifs de long terme, nous portons une attention particulière à la recherche et au développement en matière de nouvelles technologies de l'énergie. Elles comprennent notamment la capture et la séquestration du carbone, la biomasse, le solaire photovoltaïque, le nucléaire de génération 4, la pile à combustible et l'hydrogène, les bâtiments à énergie positive et la recherche sur les véhicules.

Nous disposons d'ores et déjà de divers outils, tels que les pôles de compétitivités. De nombreux établissements existent également : le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique), l'IFP (Institut Français du Pétrole), le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Des agences traitent en outre des sujets plus particuliers. Il s'agit notamment de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) et l'AII (Agence de l'Innovation Industrielle). Enfin, nous disposons de budgets européens conséquents.

A plus court terme, la France vise à maîtriser sa consommation énergétique et à améliorer l'efficacité énergétique de son économie.

4. Les énergies renouvelables

Nous souhaitons qu'en 2010, 21 % de notre électricité provienne d'énergies renouvelables, et que la part de nos énergies renouvelables d'origine thermique augmente de 50 %. De plus, nous visons une proportion de biocarburants de 7 % en 2010 et de 10 % en 2015.

a. L'électricité

Nous nous sommes fixés des objectifs de développement des filières renouvelables en 2006. Nous souhaitons augmenter d'ici à 2010 notre production de biogaz de 100 MW, notre production de biomasse de 1 000 MW et notre production éolienne de 13 500MW. Notre capacité de productions énergétique éolienne double tous les ans. Ainsi, nous l'estimons à l'heure actuelle à 2 000 MW, alors qu'elle n'était que de 1 500 MW à la fin de l'année 2006.

Nous visons par ailleurs un développement de la géothermie à hauteur de 200 MW à l'horizon 2015. Il proviendra surtout des Caraïbes et de l'Est de la France continentale. Nous pouvons remarquer que le prix d'achat du Méga Watt heure produit par géothermie varie entre 100 et 150 euros.

b. Les biocarburants

La production de biocarburants croît fortement. Ils ne sont toutefois pas encore compétitifs, malgré le prix élevé du pétrole et l'importante défiscalisation dont ils ont bénéficié. Les distributeurs sont néanmoins soumis à une obligation d'incorporation des biocarburants.

Des mesures spécifiques ont encouragé le développement du flex-fuel , auprès des distributeurs comme des consommateurs. Le flex-fuel permet un usage direct par les véhicules de l'éthanol, mélangé à l'essence.

c. Les énergies renouvelables thermiques

Les énergies renouvelables thermiques ne sont que très peu émettrices de gaz à effet de serre.

L'utilisation du bois-énergie se développe progressivement dans le chauffage des locaux, voire dans l'industrie. Nous pouvons soutenir cette évolution, car nous disposons du deuxième potentiel forestier européen. Toutefois, un développement trop rapide pourrait créer des conflits d'usage ou déstabiliser des filières existantes.

La biomasse assurera la majeure partie du développement des énergies renouvelables thermiques d'ici 2010. Nous avons mis en place un vaste programme d'installation de centrales de cogénération à partir de biomasse. Elles devraient produire 300 MW d'électricité, mais également de la chaleur renouvelable. Il est toutefois plus difficile de stimuler le développement de la chaleur renouvelable que celui de l'électricité, car nous ne bénéficions pas des instruments de réseaux dans ce domaine.

La géothermie n'est pas encore très développée en France, mais nous possédons un potentiel, notamment pour la géothermie de basse température. Elle permet aujourd'hui de chauffer 150 000 logements, mais ce chiffre pourrait être augmenté. S'agissant de la géothermie haute température, permettant la production d'électricité, elle peut être envisagée dans les Caraïbes. Nous avons ainsi commencé à exploiter la centrale de Bouillante en Guadeloupe. En France continentale, nous avons établi un projet-pilote en Alsace.

La France se révèle donc un bon élève européen dans le domaine des énergies renouvelables. Notre volonté de mieux faire s'inscrit à la fois dans une dynamique européenne, et dans celle de notre nouveau gouvernement, qui a lancé un Grenelle de l'environnement. Des décisions importantes concernant les énergies renouvelables devraient donc intervenir au cours du second semestre 2007.

André MERLIN

Claude JEANDRON est directeur-adjoint du développement durable d'EDF, et à ce titre en charge de l'élaboration des politiques d'EDF dans ce domaine.

Claude JEANDRON

EDF est largement présente en dehors du territoire français, d'ailleurs la moitié de son chiffre d'affaires est à l'heure actuelle réalisée hors de France. En France même, EDF possède diverses filiales, dont EDF Energies nouvelles. Cette société développe des énergies renouvelables en France, en Europe et aux Etats-Unis, où elle gère un programme considérable dans le domaine de l'énergie éolienne.

Notre capacité totale de production avoisine les 100 000 MW. Au sein de notre bouquet énergétique, les énergies renouvelables représentent 20 % de nos capacités de production. Toutefois, ce chiffre diminue lorsque nous considérons la production réelle, car certains moyens ne sont pas sollicités. La production réelle découle à 87 % de l'énergie nucléaire.

Nous sommes de loin le premier producteur d'électricité en Europe. Nous présentons toutefois cette particularité de ne générer que très peu de CO 2 , grâce à l'utilisation du nucléaire et de l'hydraulique. En France, notre Kilo Watt heure dégage ainsi 40 grammes de CO 2 , soit dix fois moins que la moyenne européenne.

1. L'hydroélectricité

L'hydraulique constitue notre première source d'énergie renouvelable dans la production d'électricité.

Notre parc hydraulique a été développé dans les années 1960. Il est donc assez ancien, et très diversifié. Nos cent plus importantes centrales, télé-conduites depuis les vallées, sont en mesure de fournir jusqu'à 14 000 MW en quelques minutes. Nous disposons de barrages nombreux et de toutes tailles. Ils ont en moyenne 50 ans, et 25 % ont plus de 74 ans. La période de renouvellement des concessions et de mise en concurrence, a donc débuté.

Nos aménagements sont divers. Nous disposons à la fois d'installations au fil de l'eau, de lacs de retenue et de stations de pompage. L'hydraulique de réservoir occupe une place importante, car elle est mobilisable en peu de temps.

Il n'existe plus en France de possibilité de grand développement pour ce parc. Toutefois, nous pourrions augmenter nos capacités de production de quelques centaines de Méga Watts en modernisant nos installations et en investissant dans la petite hydraulique.

Les filiales d'EDF utilisent désormais ces compétences à l'étranger, soit en tant que simples exploitants, comme en Italie et en Allemagne, soit en tant que constructeurs et exploitants, comme au Laos.

L'utilisation de l'hydraulique de barrage est contrainte par des problématiques de gestion de l'eau. L'eau est moins abondante et les terrains davantage utilisés en France qu'en Islande. Elle fait par conséquent l'objet d'usages concurrentiels pour l'irrigation, les loisirs, la distribution d'eau potable, la production hydroélectrique, sans omettre des préoccupations environnementales. L'eau devient précieuse, tout en appartenant à tous. Les pouvoirs publics doivent par conséquent coordonner la gestion de l'eau, avec toutes ses contradictions.

2. La géothermie

Nos principales installations géothermiques haute énergie sont situées dans les départements d'outre-mer. Nous procédons également à des expérimentations en géothermie profonde dans le Nord de l'Alsace, où nous injectons de l'eau dans des puits de 3 000 à 5 000 mètres de profondeur. L'équipement de ce site est en cours, et la production devrait débuter au début de l'année 2008. Nous souhaitons démontrer la faisabilité technique et économique de cette forme d'énergie. En effet, si nous pouvons actuellement compter sur des soutiens publics, nous savons que cette électricité sera bientôt confrontée à la concurrence.

La géothermie basse énergie est assez peu développée en France pour des raisons de compétitivité.

La géothermie très basse énergie suscite un fort intérêt car ses sources sont facilement accessibles, à quelques mètres de profondeur voire même dans l'air. La production de chauffage pour les logements à partir de pompes à chaleur se développe très rapidement en France. Le secteur industriel étant très peu émetteur de CO 2 dans notre pays, nous ne pourrons réduire nos émissions qu'en nous intéressant à l'habitat et aux transports. Une maison individuelle chauffée au fuel émet aujourd'hui six tonnes de CO 2 par an ; une maison équipée d'une pompe à chaleur en émet moins d'une tonne.

50 000 pompes à chaleurs sont d'ores et déjà installées, et la France constitue le deuxième marché en Europe. Les pompes à chaleurs sont principalement installées dans l'habitat neuf, et nous devons à présent nous attacher à l'existant, en profitant des rénovations ou en les provoquant. Nous devons également réaliser des progrès technologiques, afin de faciliter l'installation de ces pompes.

S'agissant des transports, nous sommes comme nos amis islandais favorables au développement d'usages propres. Nous étudions divers procédés, et nous souhaiterions que les constructeurs automobiles s'engagent davantage dans cette voie.

EDF veut devenir l'énergéticien de l'après-pétrole. L'Islande est quasiment parvenue à se passer de cette énergie fossile, aussi nous pensons que nous pouvons développer avec vous des synergies importantes.

Conclusion

Emmanuel JACQUES,


Président de la Chambre de commerce franco-islandaise

L'Islande présente un intérêt extraordinaire, mais qui est assez méconnu en France car son développement économique est récent. Par le passé, l'Islande était contrainte par ses handicaps physiques. La mondialisation et les nouvelles technologies ont permis à ce pays d'utiliser ses savoir-faire considérables de sa population pour utiliser à plein tous les nouveaux outils à sa disposition. Plusieurs facteurs ont contribué à cette évolution :

· une génération de dirigeants d'entreprises jeunes et dynamiques ;

· l'implication du secteur financier dans le développement des entreprises, sous la forme de véritables partenariats ;

· les réformes économiques islandaises menées depuis 15 ans, qui ont fait de l'Islande l'un des pays les plus compétitifs au monde.

L'Islande demeure un petit pays, mais dispose désormais des moyens d'intervenir partout dans le monde. Le savoir-faire islandais s'est développé autour de pôles de compétitivité tels que l'agro-alimentaire, la recherche génétique, les services financiers, l'énergie et l'industrie pharmaceutique.

Français et Islandais peuvent coopérer. Ainsi que l'a rappelé Monsieur l'Ambassadeur, nous possédons de nombreux points communs. Nous sommes capables de démêler des situations complexes, de réagir à l'imprévu, et de faire de grandes choses avec très peu de moyens. Par ailleurs, les Islandais possèdent comme nous le goût de la vie et le sens de l'humour.

Les entreprises islandaises ont aujourd'hui atteint un haut degré de maturité. Elles ont désormais besoin de partenaires de recherche et d'appuis géopolitiques. En ce moment même, elles opèrent un choix qui les engagera pour les vingt à trente années à venir. Les entreprises françaises doivent saisir cette opportunité sans tarder, car l'Islande connaît des évolutions très rapides. Nos deux pays partagent trois objectifs :

· réduire la dépendance énergétique ;

· servir le développement durable à l'échelle planétaire ;

· fournir à nos économies les énergies dont elles ont besoin.

Nous pouvons travailler ensemble dans les domaines de la géothermie, de l'hydroélectricité, de l'utilisation de l'hydrogène, de la séquestration des gaz à effet de serre et de la maîtrise de l'énergie dans les transports. Nous pouvons établir des partenariats de formation et de recherche, ainsi que des partenariats industriels.

Pour conclure, je tiens à remercier Madame Unnur ORRADOTTIR RAMETTE, conseillère commerciale de l'Ambassade d'Islande à Paris ainsi que Monsieur Patrice OLOFSSON, Directeur de la Chambre de commerce franco-islandaise.

Echanges avec la salle

Fabrice BOISSIER, Directeur du département Géothermie du BRGM

La géothermie est sans doute le sujet sur lequel l'Islande et la France ont le plus de raisons de collaborer. L'Islande est la patrie historique de la géothermie, mais la France présente également quelques atouts dans ce domaine. Ainsi, les 150 000 logements chauffés à l'énergie géothermique dans le bassin parisien représentent une référence mondiale. Par ailleurs, le projet de Soultz-Sous-Forêts, ouvre des perspectives importantes pour la géothermie de demain.

Le BRGM est l'établissement public français de référence en matière de sciences de la terre. Il vise une utilisation durable du sol, du sous-sol et de leurs ressources. Son rôle est triple, et s'articule autour de la recherche, du soutien aux politiques publiques et de la coopération internationale. Il s'intéresse à la géothermie depuis les années 1970 et 1980.

Trois exemples me permettront d'illustrer notre coopération avec l'Islande.

· Le réseau ENGINE (ENhanced Geothermal Innovative Network for Europe) est développé dans le cadre du sixième programme-cadre de recherche et de développement de l'Union Européenne. Il fédère toutes les actions de recherche entreprises sur les systèmes géothermiques du futur. Il comprend 35 partenaires, en provenance de 15 pays européens, ainsi que d'autres partenaires philippins ou salvadoriens. Il contribue également à promouvoir l'énergie géothermique en établissant des liens entre les acteurs industriels, gouvernementaux, et de la recherche. ISOR (Iceland GeoSurvey) est partenaire de réseau ENGINE, dont le prochain atelier se tiendra à Reykjavik.

· Le projet HITI relève lui aussi du sixième programme-cadre. Il comprend huit participants, dont ISOR, le BRGM et le CNRS de Montpellier. Il vise à fournir des méthodes et des outils permettant d'évaluer la ressource géothermique des réservoirs à très haute température. Ce projet associe des organismes de recherche et des partenaires industriels français et islandais.

· La centrale de Bouillante, en Guadeloupe, produit actuellement 15 MW, soit environ 10 % de la production électrique de Son réservoir a été évalué par ISOR, mais elle est exploitée par une filiale du BRGM.

D'autres perspectives de coopération franco-islandaises existent dans les départements d'outre-mer et à l'étranger.

Annie LEROY

Il me semble que l'Islande n'est pas bien classée en termes d'émission de CO 2 par habitant. Par ailleurs, l'importance de l'industrie de la pêche et de l'élevage pose des problèmes de déchets animaux. Nous cherchons en France à transformer les graisses animales en carburant. Des projets similaires existent-ils en Islande ?

Thorkell HELGASON

Notre importante flotte de pêche consomme beaucoup de combustible fossile, aussi nous encourageons toute invention qui permettrait de la faire fonctionner sans émission de CO 2 . Nos usines d'aluminium dégagent également beaucoup de dioxyde de carbone. Toutefois, si cet aluminium était produit en Europe, ces usines fonctionneraient grâce à des énergies fossiles, et produiraient donc huit fois plus de CO 2 . La communauté de Kyoto nous a donc exempté d'intégrer nos usines d'aluminium dans nos calculs d'émission de CO 2 .

Jacques EDOUARD, Directeur des énergies, Alcan

L'industrie de l'aluminium joue un rôle important en Islande, mais consomme beaucoup d'énergie. L'opinion publique islandaise pense actuellement que le pays est suffisamment développé et ses habitants suffisamment riches, et qu'il ne sera plus nécessaire à l'avenir de se développer dans ce domaine. Qu'en est-il ? Alcan considère l'Islande comme un excellent site, et souhaite s'y développer.

Halldor KRISTJANSSON

Le contexte des années 2004 et 2005 était particulier : le taux de chômage n'était que de 1 %, alors que celui de la croissance atteignait 7 %. La population pouvait donc naturellement imaginer qu'elle n'avait plus d'effort à produire. Néanmoins, cette période est aujourd'hui achevée, et la croissance ne s'élève cette année qu'à 1 %. Les Islandais ont de grandes ambitions pour leur pays, et souhaitent une croissance de 3 à 5 %. Nous devons donc continuer à nous développer, à diversifier notre économie, et à accueillir des entreprises étrangères. La situation d'Alcan en Islande devrait donc s'améliorer.

Marie-Véronique LUNEAU, Commissariat à l'Energie Atomique

Le CEA est un organisme de recherche technologique, qui intervient dans le domaine de l'énergie, de la défense et de la sécurité. Il s'appuie sur une recherche fondamentale d'excellence.

Le réchauffement climatique n'a pas de frontière et les réserves d'énergies fossiles constituent un capital mondial, à la disposition de l'ensemble de la communauté humaine. Notre plus grave problème actuel est celui de notre avenir énergétique. Nous devons surmonter deux difficultés majeures : l'épuisement prochain des ressources fossiles et la menace du réchauffement climatique. L'ensemble des partenaires européens doit soutenir un développement mondial responsable et durable de l'énergie. La France et l'Islande ont beaucoup à apprendre l'une de l'autre et gagneront à renforcer leur coopération scientifique, culturelle et économique.

Des objectifs quantifiés ont été fixés en France pour réduire la part des énergies fossiles dans notre consommation à moins de 50 % et pour diviser nos émissions de gaz à effet de serre d'un facteur 4. Pour tenir ces engagements ambitieux, la recherche et le développement sur les énergies propres doivent constituer un axe important de la politique énergétique française. La loi de programme votée en 2005 nous y invite, et la composition du nouveau gouvernement s'inscrit dans cette voie.

André MERLIN

Je remercie ceux et celles qui ont contribué à l'organisation de ce colloque.

Synthèse rédigée par la société Ubiqus Reporting France

01 44 14 15 00 / www.ubiqus-reporting .com