Colloque Energies, Synergies - Acteurs français et islandais : quelles perspectives ensemble ?



Les synergies franco-islandaises

Sont intervenus :

Gunnlaugur NIELSEN, Directeur Recherche et Développement de Landsvirkjun

Halldor KRISTJANSSON, Directeur général de Landsbanki

Pascal DUPUIS, Sous-Directeur de la Demande et de la Maîtrise de l'Energie au ministère de l'Industrie

Claude JEANDRON, Directeur-adjoint du Développement durable d'EDF

Les débats étaient animés par André MERLIN, Président du Forum européen de l'Energie et du Transport.

André MERLIN

Landsvirkjun peut être considérée comme l'équivalent d'EDF en Islande. Gunnlaugur NIELSEN en est le Directeur Recherche et Développement, et s'intéresse à tous les projets dans le domaine des transports et de l'énergie. Il est diplômé de l'Université d'Islande et de l'Université Technique du Danemark en ingénierie électrique.

Gunnlaugur NIELSEN

En 2001, l'entreprise HECLA a été fondée par trois sociétés islandaises - Landsvirkjun, Linuhonnun et AFL - et une société française - JC Ingénierie. Elle travaille dans le secteur de l'hydroélectricité et de sa transmission.

Nous nous sommes intéressés à ce sujet en Islande après la Seconde Guerre mondiale, soit assez tardivement. Le système islandais a donc intégralement été conçu durant les trois dernières décennies. Sa taille a d'ailleurs doublé au cours de la dernière décennie. Nous possédons donc des connaissances et des technologies de pointe.

L'Islande présente des éléments naturels très spécifiques. Les pluies denses, les vents, la neige et les glaces représentent des difficultés considérables pour le fonctionnement de nos systèmes de transmission. Par ailleurs, nous connaissons également des avalanches, des inondations, des tremblements de terre, et parfois même des éruptions volcaniques.

La vitesse des vents dépasse parfois les 200 km/h, ce qui correspond aux vitesses maximales observées en France lors de la tempête de 1999. Les lignes de transmission islandaises continuent à fonctionner dans ces conditions. De la même manière, nous sommes confrontés à des poids de glace extrêmes de la même manière que dans les Alpes, mais nos lignes ne sont pas interrompues. Nous avons donc été en mesure de fournir des services de haute qualité pour répondre à des situations difficiles en Europe.

HECLA propose des services d'ingénierie pour des systèmes de transmission d'énergie. Les systèmes de transmission doivent être améliorés en France, et nos compétences dans ce domaine peuvent y contribuer. HECLA travaille ainsi avec RTE depuis 2001.

Nous procédons également à l'évaluation de l'état et de la durée de vie de lignes de transmission déjà existantes. Nous les remodelons ou concevons, le cas échéant, de nouvelles lignes. Les directives de RTE ont établi de nouveaux critères de conception et d'utilisation, et nous avons par exemple vérifié la résistance des systèmes au regard de ces exigences. Nos outils informatiques nous permettent par ailleurs de visualiser des lignes sur le terrain et d'évaluer leur impact environnemental.

Le croisement de lignes est une source importante de problèmes. De même, leur nettoyage est souvent négligé. Nous nous souvenons tous de l'effondrement massif intervenu en Italie à la suite d'un manque d'entretien des lignes. De plus, bien que leur nocivité n'ait jamais été prouvée, les interférences des champs électromagnétiques préoccupent de nombreuses personnes. Enfin, nous menons également des négociations avec les propriétaires terriens locaux en Islande.

Nous travaillons en France, notamment avec RTE et EDF, en Afrique et en Asie centrale. Prochainement, nous collaborerons également avec les opérateurs des systèmes de transmission portugais et espagnol. Nous préparons d'autres projets, en lien avec les services d'électricité du Maroc, du Burkina-Faso, du Ghana, de la Côte d'Ivoire et du Bénin.

André MERLIN

Halldor KRISTJANSSON est le Directeur général de Landsbanki. Il est diplômé en droit de l'Université d'Islande, de l'Université de New York et de l'Université d'Harvard. Il a préalablement occupé diverses fonctions au sein du gouvernement, en particulier celle de secrétaire général au ministère de l'Industrie et du Commerce de 1994 à 1998.

Halldor KRISTJANSSON

1. L'économie islandaise

Au cours des dernières années, l'économie islandaise s'est fortement internationalisée. Les investissements étrangers en Islande ont considérablement augmenté. En dix ans, la part des investissements islandais en Europe est par ailleurs passée de 3 à - 4 % ? à 65 %. Les industries de l'énergie ont dominé ce mouvement. Actuellement, toutes les grandes entreprises islandaises possèdent une dimension internationale très marquée.

Cette évolution résulte de divers facteurs. Nous avons dû, comme nombre d'autres pays, contenir notre inflation. Nous avons en outre établi avec l'Union Européenne la Zone Economique Européenne, qui a largement contribué à notre développement en permettant une circulation libre des capitaux et de la main d'oeuvre. Enfin, la privatisation du secteur énergétique s'est effectuée progressivement. Les finances ont été mises en ordre de manière très stricte, les impôts ont été allégés, et les entreprises privées peuvent désormais bénéficier d'un contexte favorable.

Les investissements directs en Islande sont essentiellement le fait de holdings , dans les domaines de la finance et de la recherche, notamment pharmaceutique. En 2006, nous avons néanmoins remarqué que 30 % des investissements concernaient des industries à haute exigence énergétique, contre 19 % dans le secteur financier.

A l'étranger, les entreprises islandaises investissent essentiellement en Europe, dans le domaine de la recherche et développement, mais surtout dans le secteur alimentaire, les banques, et l'industrie chimique. Les investissements dans le secteur énergétique sont encore récents et doivent se poursuivre dans le futur.

2. Landsbanki en Islande et en Europe

Landsbanki a aujourd'hui 120 ans. Cette banque universelle est présente aussi bien en Islande qu'à l'étranger.

Le secteur financier est florissant en Islande, et est à même de soutenir les entreprises qui se développent à l'étranger. Landsbanki, deuxième banque d'Islande, est l'une des quatre banques connaissant la plus forte croissance en Europe.

Nos opérations sont réparties à égalité entre l'Islande et l'Europe. Sur le continent, notre siège est situé à Paris. Nous sommes présents dans quinze pays, où nous employons 400 personnes et intervenons auprès de 900 entreprises, dont 30 travaillent dans le secteur des énergies renouvelables. Nous souhaitons donc soutenir la coopération dans ce domaine entre la France et l'Islande, car nous savons que les capitaux jouent un rôle central dans de telles alliances.

3. Landsbanki et le secteur énergétique

Comme dans de nombreux autres pays européens, le secteur énergétique n'est pas encore entièrement privatisé en Islande. Il n'apparaît donc pas comme un enjeu majeur pour les investisseurs. Son développement dans le futur ira de pair avec celui du secteur financier, ce qui lui permettra de se consolider au niveau international. Landsbanki souhaite mettre ses importants capitaux à la disposition de telles entreprises.

Lors de la privatisation de Landsbanki en 2002, la banque a connu un développement exponentiel. Forts de cette expérience, nous pensons qu'un potentiel similaire existe dans le secteur énergétique appelé à être privatisé. Nous savons par exemple que les besoins en énergie vont croître de plus de 50 % au cours des 25 prochaines années. Même si les combustibles fossiles demeurent importants, des demandes de nature politique émergent en faveur des énergies renouvelables. Nous financerons donc ce secteur en priorité dans les années à venir. Les énergies renouvelables constituent en effet un enjeu à l'échelle internationale, et contribuent à réduire les émissions de CO 2 .

Les énergies renouvelables - hydraulique, biomasse, géothermie - représentent actuellement 17 % de la production d'énergie dans le monde. Alors que la production d'énergie doublera d'ici à 2030, la part des énergies renouvelables devra non seulement se maintenir, mais passer de 17 à 20 %. Cet effort considérable nécessitera d'importants investissements financiers. En France, l'énergie nucléaire jouera un rôle-clé, mais ce pays devra également développer des énergies propres.

La France possède des entreprises technologiques de très grande qualité dans le domaine de l'énergie, et l'Islande dispose d'un savoir-faire riche. Nous sommes prêts à appuyer des projets de coopération entre nos deux pays.

La privatisation du secteur énergétique n'est pas encore totalement finalisée en Islande, toutefois les entreprises peuvent d'ores et déjà s'y investir. Ainsi, Landsbanki a récemment créé, en partenariat avec Landsvirkjun, la société HydroKraft. Elle se consacre à la production d'énergie hydraulique hors d'Islande. Le financement initial s'élavait à 170 millions de dollars, mais nous recherchons activement d'autres partenaires afin d'accroître cette somme. Nous finançons également des projets de plus petite ampleur, initiés par des PME dans le secteur de l'énergie hydraulique. Ce type de projet pourrait à mon sens intéresser vivement la France.

Les quelques exemples que je viens de vous présenter constituent autant d'encouragement pour le développement du secteur énergétique, mais également des synergies entre la France et l'Islande. Je souhaiterais que nos deux pays favorisent de tels rapprochements, et que davantage d'entreprises françaises profitent des opportunités développées en Islande. Les banques islandaises sont solides, elles disposent de liquidités, et sont capables de soutenir des investissements massifs. Pour l'heure, nous travaillons en lien avec le secteur public, mais nous espérons que de nouveaux projets vont émerger.

André MERLIN

Pascal DUPUIS est sous-directeur de la demande et de la maîtrise de l'énergie au ministère de l'Industrie. Après une formation à l'X-Télécoms, il a travaillé dans le domaine de l'intelligence artificielle, puis a été en charge de la télécommunication et des systèmes au sein de Thalès. Il est actuellement responsable des politiques relatives à l'efficacité énergétique et au développement des énergies renouvelables et du suivi des politiques climatiques au sein du nouveau ministère de l'Ecologie du Développement et de l'Aménagement durable.

Pascal  DUPUIS

1. Le bouquet énergétique de la France

La France consomme chaque année environ 275 millions de tonnes équivalent pétrole (tep). Son bouquet énergétique est composé à 40 % d'énergie nucléaire et à 50 % d'énergies fossiles, dont le pétrole. L'hydroélectricité représente environ 5 millions de Tep, soit 70 TWh. Quant aux autres énergies renouvelables, elles s'élèvent à 13 millions de tep. Les trois quarts sont constitués par le bois-énergie ; le reste comprend les biocarburants, les pompes à chaleur et la géothermie.

La part des énergies renouvelables dans du le bouquet énergétique français est conforme à la moyenne européenne d'environ 7 %. Au sein de l'Union Européenne, la France se situe au deuxième rang des producteurs d'énergie renouvelable en volume, à quasi-égalité avec l'Allemagne. Elle est également bien placée dans l'OCDE. Elle se situe au septième rang s'agissant des émissions de gaz à effet de serre par habitant ; et au quatrième rang pour les émissions de gaz à effet de serre par PIB.

2. Les objectifs de la France dans le domaine énergétique

Malgré ces résultats, nous souhaitons encore progresser. En 2005, une loi de programme a fixé des orientations pour la politique énergétique française. Nous visons à stabiliser notre consommation énergétique d'ici 2015, puis la faire décroître entre 2015 et 2030, et finalement à diviser nos émissions de gaz à effet de serre par quatre d'ici 2050.

Durant cette période, la croissance économique devra en outre être maintenue à un niveau satisfaisant. Nos prévisions montrent que l'objectif dit « facteur 4 » ne devrait pas entamer le niveau du PIB.

Notre objectif à moyen terme est d'atteindre une proportion de 10 % d'énergies renouvelables dans notre bouquet énergétique en 2010. La loi de 2005 mentionne également le développement d'un réacteur nucléaire, et met l'accent sur la recherche et le développement.

3. Quelques outils

Afin de remplir ces objectifs de long terme, nous portons une attention particulière à la recherche et au développement en matière de nouvelles technologies de l'énergie. Elles comprennent notamment la capture et la séquestration du carbone, la biomasse, le solaire photovoltaïque, le nucléaire de génération 4, la pile à combustible et l'hydrogène, les bâtiments à énergie positive et la recherche sur les véhicules.

Nous disposons d'ores et déjà de divers outils, tels que les pôles de compétitivités. De nombreux établissements existent également : le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique), l'IFP (Institut Français du Pétrole), le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Des agences traitent en outre des sujets plus particuliers. Il s'agit notamment de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), l'ANR (Agence Nationale de la Recherche) et l'AII (Agence de l'Innovation Industrielle). Enfin, nous disposons de budgets européens conséquents.

A plus court terme, la France vise à maîtriser sa consommation énergétique et à améliorer l'efficacité énergétique de son économie.

4. Les énergies renouvelables

Nous souhaitons qu'en 2010, 21 % de notre électricité provienne d'énergies renouvelables, et que la part de nos énergies renouvelables d'origine thermique augmente de 50 %. De plus, nous visons une proportion de biocarburants de 7 % en 2010 et de 10 % en 2015.

a. L'électricité

Nous nous sommes fixés des objectifs de développement des filières renouvelables en 2006. Nous souhaitons augmenter d'ici à 2010 notre production de biogaz de 100 MW, notre production de biomasse de 1 000 MW et notre production éolienne de 13 500MW. Notre capacité de productions énergétique éolienne double tous les ans. Ainsi, nous l'estimons à l'heure actuelle à 2 000 MW, alors qu'elle n'était que de 1 500 MW à la fin de l'année 2006.

Nous visons par ailleurs un développement de la géothermie à hauteur de 200 MW à l'horizon 2015. Il proviendra surtout des Caraïbes et de l'Est de la France continentale. Nous pouvons remarquer que le prix d'achat du Méga Watt heure produit par géothermie varie entre 100 et 150 euros.

b. Les biocarburants

La production de biocarburants croît fortement. Ils ne sont toutefois pas encore compétitifs, malgré le prix élevé du pétrole et l'importante défiscalisation dont ils ont bénéficié. Les distributeurs sont néanmoins soumis à une obligation d'incorporation des biocarburants.

Des mesures spécifiques ont encouragé le développement du flex-fuel , auprès des distributeurs comme des consommateurs. Le flex-fuel permet un usage direct par les véhicules de l'éthanol, mélangé à l'essence.

c. Les énergies renouvelables thermiques

Les énergies renouvelables thermiques ne sont que très peu émettrices de gaz à effet de serre.

L'utilisation du bois-énergie se développe progressivement dans le chauffage des locaux, voire dans l'industrie. Nous pouvons soutenir cette évolution, car nous disposons du deuxième potentiel forestier européen. Toutefois, un développement trop rapide pourrait créer des conflits d'usage ou déstabiliser des filières existantes.

La biomasse assurera la majeure partie du développement des énergies renouvelables thermiques d'ici 2010. Nous avons mis en place un vaste programme d'installation de centrales de cogénération à partir de biomasse. Elles devraient produire 300 MW d'électricité, mais également de la chaleur renouvelable. Il est toutefois plus difficile de stimuler le développement de la chaleur renouvelable que celui de l'électricité, car nous ne bénéficions pas des instruments de réseaux dans ce domaine.

La géothermie n'est pas encore très développée en France, mais nous possédons un potentiel, notamment pour la géothermie de basse température. Elle permet aujourd'hui de chauffer 150 000 logements, mais ce chiffre pourrait être augmenté. S'agissant de la géothermie haute température, permettant la production d'électricité, elle peut être envisagée dans les Caraïbes. Nous avons ainsi commencé à exploiter la centrale de Bouillante en Guadeloupe. En France continentale, nous avons établi un projet-pilote en Alsace.

La France se révèle donc un bon élève européen dans le domaine des énergies renouvelables. Notre volonté de mieux faire s'inscrit à la fois dans une dynamique européenne, et dans celle de notre nouveau gouvernement, qui a lancé un Grenelle de l'environnement. Des décisions importantes concernant les énergies renouvelables devraient donc intervenir au cours du second semestre 2007.

André MERLIN

Claude JEANDRON est directeur-adjoint du développement durable d'EDF, et à ce titre en charge de l'élaboration des politiques d'EDF dans ce domaine.

Claude JEANDRON

EDF est largement présente en dehors du territoire français, d'ailleurs la moitié de son chiffre d'affaires est à l'heure actuelle réalisée hors de France. En France même, EDF possède diverses filiales, dont EDF Energies nouvelles. Cette société développe des énergies renouvelables en France, en Europe et aux Etats-Unis, où elle gère un programme considérable dans le domaine de l'énergie éolienne.

Notre capacité totale de production avoisine les 100 000 MW. Au sein de notre bouquet énergétique, les énergies renouvelables représentent 20 % de nos capacités de production. Toutefois, ce chiffre diminue lorsque nous considérons la production réelle, car certains moyens ne sont pas sollicités. La production réelle découle à 87 % de l'énergie nucléaire.

Nous sommes de loin le premier producteur d'électricité en Europe. Nous présentons toutefois cette particularité de ne générer que très peu de CO 2 , grâce à l'utilisation du nucléaire et de l'hydraulique. En France, notre Kilo Watt heure dégage ainsi 40 grammes de CO 2 , soit dix fois moins que la moyenne européenne.

1. L'hydroélectricité

L'hydraulique constitue notre première source d'énergie renouvelable dans la production d'électricité.

Notre parc hydraulique a été développé dans les années 1960. Il est donc assez ancien, et très diversifié. Nos cent plus importantes centrales, télé-conduites depuis les vallées, sont en mesure de fournir jusqu'à 14 000 MW en quelques minutes. Nous disposons de barrages nombreux et de toutes tailles. Ils ont en moyenne 50 ans, et 25 % ont plus de 74 ans. La période de renouvellement des concessions et de mise en concurrence, a donc débuté.

Nos aménagements sont divers. Nous disposons à la fois d'installations au fil de l'eau, de lacs de retenue et de stations de pompage. L'hydraulique de réservoir occupe une place importante, car elle est mobilisable en peu de temps.

Il n'existe plus en France de possibilité de grand développement pour ce parc. Toutefois, nous pourrions augmenter nos capacités de production de quelques centaines de Méga Watts en modernisant nos installations et en investissant dans la petite hydraulique.

Les filiales d'EDF utilisent désormais ces compétences à l'étranger, soit en tant que simples exploitants, comme en Italie et en Allemagne, soit en tant que constructeurs et exploitants, comme au Laos.

L'utilisation de l'hydraulique de barrage est contrainte par des problématiques de gestion de l'eau. L'eau est moins abondante et les terrains davantage utilisés en France qu'en Islande. Elle fait par conséquent l'objet d'usages concurrentiels pour l'irrigation, les loisirs, la distribution d'eau potable, la production hydroélectrique, sans omettre des préoccupations environnementales. L'eau devient précieuse, tout en appartenant à tous. Les pouvoirs publics doivent par conséquent coordonner la gestion de l'eau, avec toutes ses contradictions.

2. La géothermie

Nos principales installations géothermiques haute énergie sont situées dans les départements d'outre-mer. Nous procédons également à des expérimentations en géothermie profonde dans le Nord de l'Alsace, où nous injectons de l'eau dans des puits de 3 000 à 5 000 mètres de profondeur. L'équipement de ce site est en cours, et la production devrait débuter au début de l'année 2008. Nous souhaitons démontrer la faisabilité technique et économique de cette forme d'énergie. En effet, si nous pouvons actuellement compter sur des soutiens publics, nous savons que cette électricité sera bientôt confrontée à la concurrence.

La géothermie basse énergie est assez peu développée en France pour des raisons de compétitivité.

La géothermie très basse énergie suscite un fort intérêt car ses sources sont facilement accessibles, à quelques mètres de profondeur voire même dans l'air. La production de chauffage pour les logements à partir de pompes à chaleur se développe très rapidement en France. Le secteur industriel étant très peu émetteur de CO 2 dans notre pays, nous ne pourrons réduire nos émissions qu'en nous intéressant à l'habitat et aux transports. Une maison individuelle chauffée au fuel émet aujourd'hui six tonnes de CO 2 par an ; une maison équipée d'une pompe à chaleur en émet moins d'une tonne.

50 000 pompes à chaleurs sont d'ores et déjà installées, et la France constitue le deuxième marché en Europe. Les pompes à chaleurs sont principalement installées dans l'habitat neuf, et nous devons à présent nous attacher à l'existant, en profitant des rénovations ou en les provoquant. Nous devons également réaliser des progrès technologiques, afin de faciliter l'installation de ces pompes.

S'agissant des transports, nous sommes comme nos amis islandais favorables au développement d'usages propres. Nous étudions divers procédés, et nous souhaiterions que les constructeurs automobiles s'engagent davantage dans cette voie.

EDF veut devenir l'énergéticien de l'après-pétrole. L'Islande est quasiment parvenue à se passer de cette énergie fossile, aussi nous pensons que nous pouvons développer avec vous des synergies importantes.