Colloque Energies, Synergies - Acteurs français et islandais : quelles perspectives ensemble ?



Echanges avec la salle

Fabrice BOISSIER, Directeur du département Géothermie du BRGM

La géothermie est sans doute le sujet sur lequel l'Islande et la France ont le plus de raisons de collaborer. L'Islande est la patrie historique de la géothermie, mais la France présente également quelques atouts dans ce domaine. Ainsi, les 150 000 logements chauffés à l'énergie géothermique dans le bassin parisien représentent une référence mondiale. Par ailleurs, le projet de Soultz-Sous-Forêts, ouvre des perspectives importantes pour la géothermie de demain.

Le BRGM est l'établissement public français de référence en matière de sciences de la terre. Il vise une utilisation durable du sol, du sous-sol et de leurs ressources. Son rôle est triple, et s'articule autour de la recherche, du soutien aux politiques publiques et de la coopération internationale. Il s'intéresse à la géothermie depuis les années 1970 et 1980.

Trois exemples me permettront d'illustrer notre coopération avec l'Islande.

· Le réseau ENGINE (ENhanced Geothermal Innovative Network for Europe) est développé dans le cadre du sixième programme-cadre de recherche et de développement de l'Union Européenne. Il fédère toutes les actions de recherche entreprises sur les systèmes géothermiques du futur. Il comprend 35 partenaires, en provenance de 15 pays européens, ainsi que d'autres partenaires philippins ou salvadoriens. Il contribue également à promouvoir l'énergie géothermique en établissant des liens entre les acteurs industriels, gouvernementaux, et de la recherche. ISOR (Iceland GeoSurvey) est partenaire de réseau ENGINE, dont le prochain atelier se tiendra à Reykjavik.

· Le projet HITI relève lui aussi du sixième programme-cadre. Il comprend huit participants, dont ISOR, le BRGM et le CNRS de Montpellier. Il vise à fournir des méthodes et des outils permettant d'évaluer la ressource géothermique des réservoirs à très haute température. Ce projet associe des organismes de recherche et des partenaires industriels français et islandais.

· La centrale de Bouillante, en Guadeloupe, produit actuellement 15 MW, soit environ 10 % de la production électrique de Son réservoir a été évalué par ISOR, mais elle est exploitée par une filiale du BRGM.

D'autres perspectives de coopération franco-islandaises existent dans les départements d'outre-mer et à l'étranger.

Annie LEROY

Il me semble que l'Islande n'est pas bien classée en termes d'émission de CO 2 par habitant. Par ailleurs, l'importance de l'industrie de la pêche et de l'élevage pose des problèmes de déchets animaux. Nous cherchons en France à transformer les graisses animales en carburant. Des projets similaires existent-ils en Islande ?

Thorkell HELGASON

Notre importante flotte de pêche consomme beaucoup de combustible fossile, aussi nous encourageons toute invention qui permettrait de la faire fonctionner sans émission de CO 2 . Nos usines d'aluminium dégagent également beaucoup de dioxyde de carbone. Toutefois, si cet aluminium était produit en Europe, ces usines fonctionneraient grâce à des énergies fossiles, et produiraient donc huit fois plus de CO 2 . La communauté de Kyoto nous a donc exempté d'intégrer nos usines d'aluminium dans nos calculs d'émission de CO 2 .

Jacques EDOUARD, Directeur des énergies, Alcan

L'industrie de l'aluminium joue un rôle important en Islande, mais consomme beaucoup d'énergie. L'opinion publique islandaise pense actuellement que le pays est suffisamment développé et ses habitants suffisamment riches, et qu'il ne sera plus nécessaire à l'avenir de se développer dans ce domaine. Qu'en est-il ? Alcan considère l'Islande comme un excellent site, et souhaite s'y développer.

Halldor KRISTJANSSON

Le contexte des années 2004 et 2005 était particulier : le taux de chômage n'était que de 1 %, alors que celui de la croissance atteignait 7 %. La population pouvait donc naturellement imaginer qu'elle n'avait plus d'effort à produire. Néanmoins, cette période est aujourd'hui achevée, et la croissance ne s'élève cette année qu'à 1 %. Les Islandais ont de grandes ambitions pour leur pays, et souhaitent une croissance de 3 à 5 %. Nous devons donc continuer à nous développer, à diversifier notre économie, et à accueillir des entreprises étrangères. La situation d'Alcan en Islande devrait donc s'améliorer.

Marie-Véronique LUNEAU, Commissariat à l'Energie Atomique

Le CEA est un organisme de recherche technologique, qui intervient dans le domaine de l'énergie, de la défense et de la sécurité. Il s'appuie sur une recherche fondamentale d'excellence.

Le réchauffement climatique n'a pas de frontière et les réserves d'énergies fossiles constituent un capital mondial, à la disposition de l'ensemble de la communauté humaine. Notre plus grave problème actuel est celui de notre avenir énergétique. Nous devons surmonter deux difficultés majeures : l'épuisement prochain des ressources fossiles et la menace du réchauffement climatique. L'ensemble des partenaires européens doit soutenir un développement mondial responsable et durable de l'énergie. La France et l'Islande ont beaucoup à apprendre l'une de l'autre et gagneront à renforcer leur coopération scientifique, culturelle et économique.

Des objectifs quantifiés ont été fixés en France pour réduire la part des énergies fossiles dans notre consommation à moins de 50 % et pour diviser nos émissions de gaz à effet de serre d'un facteur 4. Pour tenir ces engagements ambitieux, la recherche et le développement sur les énergies propres doivent constituer un axe important de la politique énergétique française. La loi de programme votée en 2005 nous y invite, et la composition du nouveau gouvernement s'inscrit dans cette voie.

André MERLIN

Je remercie ceux et celles qui ont contribué à l'organisation de ce colloque.

Synthèse rédigée par la société Ubiqus Reporting France

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