Sur la proposition conjointe de la direction des affaires stratégiques du ministère français de la défense et de l’Ambassade de France à Tachkent, trois membres du groupe d’amitié France-Asie centrale ont reçu au Sénat M. Qodir Djuraev, Président de la commission de la défense et de la sécurité de l’Assemblée législative du Parlement d’Ouzbékistan (Oliy Majlis), en visite en France pour un programme de rencontres avec différents acteurs de la défense et de la sécurité intérieure (institutions, industriels, juristes, etc…), organisé par le ministère dans le cadre de la politique d’influence française à l’international.

Le Président du groupe d’amitié, M. André Dulait, a jugé cette visite très opportune, en permettant à un haut responsable ouzbek de mieux se familiariser avec l’approche française des questions de sécurité, telles que définies par les Livres blancs de 2008 et de 2013 sur la défense et la sécurité nationale ; il a souligné que beaucoup de concepts classiques dans ce domaine étaient remis en cause par l’apparition de menaces nouvelles (terrorisme, cyber-criminalité, etc…) et le déclenchement de conflits asymétriques, phénomènes auxquels les États d’Asie centrale étaient également confrontés.

Le Président Dulait a par ailleurs salué les avancées notables de l’Ouzbékistan depuis quelques années sur le terrain des pratiques démocratiques -avec, notamment, l’abolition de la peine de mort, l’instauration du pluripartisme, la consolidation du parlementarisme- même si, bien sûr, beaucoup restait à accomplir pour répondre aux standards internationaux.

Évoquant l’état de l’économie et la situation politique de l’Ouzbékistan au sortir de l’ex-URSS, Mme Bernadette BourzaÏ, présidente déléguée pour l’Ouzbékistan, a considéré les progrès considérables obtenus en vingt ans, dont elle avait pu suivre les étapes en tant que membre de la délégation du Parlement européen aux coopérations avec les pays d’Asie centrale ; pour affermir les pratiques démocratiques en Ouzbékistan et y favoriser le monitoring international, elle a par ailleurs préconisé que cet État puisse négocier un accord de partenariat avec l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, à l’instar de ce qu’avait obtenu le Kirghizistan en 2014 sur la base, notamment, d’un rapport qu’elle-même avait présenté dans ce sens en tant que rapporteure pour avis de la commission égalité et lutte contre les discriminations de cette assemblée. Mme Catherine Procaccia a souligné le potentiel d’ouverture à l’international que représentait la richesse patrimoniale et touristique de l’Ouzbékistan, en particulier auprès du public français.

Le Président Djuraev, parfaitement francophone, a apporté des précisions sur tous ces sujets, et a répondu à plusieurs questions sur le fonctionnement des institutions ouzbèkes, observant que la Constitution de son pays était sur beaucoup de points similaire à la Constitution française de la Vème République. Différents autres sujets ont été abordés par les sénateurs, notamment la formation et l’éducation en Ouzbékistan, la francophonie et l’enseignement du français dans le secondaire (avec près de 15 % d’élèves apprenant cette langue, à égalité avec l’allemand, contre 70 % pour l’anglais), ainsi que la réhabilitation de la Mer d’Aral, la modernisation du système d’irrigation et les tensions régionales liées à la politique de l’eau en Asie centrale. Cet entretien a été prolongé par une visite du Palais du Luxembourg, au cours de laquelle le Président Djuraev ‑spécialiste des systèmes électoraux et auteur d’un ouvrage sur ce thème‑ s’est fait expliquer en détail le régime électoral du Sénat français.

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