Discours de Gérard LARCHER, Sénateur des Yvelines,
Président du Sénat
« Pour une métropole régionale ambitieuse »
Le mardi 17 octobre 2017
Palais des Congrès- Versailles



Monsieur le Président du Conseil départemental des Yvelines, Cher Pierre Bédier, qui nous reçoit dans son département, un département qui m’est cher…
Messieurs les Présidents des départements de Seine-et-Marne, du Val d’Oise, des Hauts-de-Seine et de l’Essonne, présents ce soir pour nous faire part de leur vision et présenter les enjeux de la Région-Métropole demain,
Monsieur le Maire de Versailles et Président de Versailles Grand Parc, Cher François de Mazières, qui nous accueille dans sa commune,
Monsieur le Président de l’Association des maires d’Ile-de-France,
Cher Stéphane Beaudet,
Mesdames, messieurs les maires et élus d’Ile-de-France, et représentants d’association d’élus,
Mesdames, Messieurs les chefs d’entreprise et forces vives de l’Ile-de-France,
Chers amis,

Ce soir nous sommes réunis pour évoquer un projet fondamental concernant l’avenir de la Région Ile-de-France et son articulation avec la Métropole de Paris.

Ici, rue de la Chancellerie, entre le château de Versailles et la salle du Jeu de Paume, nous vivons un moment important de notre histoire territoriale. Entre, ce que certains appelleraient, le « monde ancien », la place d’armes avec la figure de Louis XIV, et le « monde nouveau », la rue du jeu de paume, il nous revient la responsabilité de trouver un voie qui nous permette, sans faire table rase du passé, de nous tourner vers l’avenir en nous donnant quelques principes de conduite.

1/ Le premier d’entre eux, c’est le lien de proximité indispensable avec nos concitoyens qui doit être maintenu. La commune est la cellule de base de la démocratie locale. Ce lien doit être privilégié et c’est pourquoi j’ai demandé au Président du Conseil départemental des Yvelines par courrier début juillet, d’associer les communes à la poursuite de l’éventualité d’une fusion avec le département des Hauts-de-Seine, et a fortiori, aujourd’hui, à l’évolution de l’organisation de l’Ile-de-France.

2/ Le second principe c’est l’initiative territoriale qui doit permettre la mise en place d’un projet cohérent et novateur pour donner au territoire de l’Ile-de-France les moyens de peser économiquement tant au niveau national qu’européen et international.

Nous devons pleinement assumer notre rôle de « capitale-monde » ! Cela implique, par exemple, le rejet de tout projet d’une partie de ce territoire qui ne tiendrait pas compte de son ensemble…
Oui, il est peu responsable de mettre en place un plan de circulation de Paris INTRA MUROS, qui bannit un grand nombre de véhicules et condamne des axes de circulation majeurs, sans aucune concertation avec les départements de petite et grande couronne !

Beaucoup d’entre vous connaissent ma position… La France ne se relèvera pas sans ses territoires ou contre ses territoires. Toute évolution territoriale doit pouvoir se construire en association avec les communes.

Concernant la Métropole du Grand Paris, la Région Ile-de-France et les départements la composant, des évolutions doivent être envisagées.

Il me paraît difficile d’assoir la légitimité d’un nouvel échelon territorial dont le périmètre arrêté est celui de l’unité urbaine de Paris, c’est-à-dire une donnée statistique de l’INSEE, qui ne tient en aucun cas de la réalité d’un territoire.

Il faut retrouver une gestion cohérente et efficace des départements de grande couronne qui sont à la fois, pour une partie sous l’effet de la loi MAPTAM et pour l’autre, sous celui de la loi NOTRe .
Il faut assurer la prise en compte des villes moyennes et des communes rurales situées en grande couronne, parfois à l’extrémité de l’Ile-de-France, qui subissent une pression foncière de l’Etat sans précédent parce qu’elles sont situées en Ile-de-France mais qui n’ont aucune garantie d’accompagnement pour le développement de leurs infrastructures parce qu’elles sont situées en-dehors de l’unité urbaine de Paris.

Et comment ignorer les projets structurants de la grande couronne, Roissy, Marne-la-Vallée, Melun, ou Saclay, dont l’ambition sera contrariée si le projet de ligne 18 est révisé à la baisse ?

Il nous apparaît que le bon « dessin » de la métropole soit toute l’Ile-de-France sur la base de la « Région-Métropole ».
Pourquoi une métropole ? si ce n’est :
- Pour la croissance économique dans un contexte mondialisé,
- Pour la cohérence et la cohésion des territoires
- Pour l’équilibre logement/transports
La Région-Métropole doit avoir une taille au moins européenne, 12 millions d’habitants et 650 millions de PIB à comparer avec Londres.
On ne peut pas rendre « périphérique » la Grande Couronne et ses 5 millions d’habitants dont chaque jour 1 million travaille dans le centre et aient un sentiment « d’être à côté ».
Les zones rurales sont une chance au plan agricole (dont les circuits-courts) au plan écologique, au plan des entreprises et du développement.
Les départements sont un bon niveau pour la proximité, notamment sociale.
J’ai évoqué ces principes avec le Président de la République samedi dernier. Je vais le refaire d’ici quelques jours à sa demande.
Je pense qu’il faut au–delà des sensibilités politiques, des intérêts aussi légitimes soient-ils, que nous soyons capables d’écrire un grand dessin ensemble ; un dessin qui soit nouveau, et pas simplement un agrégat, porteur d’une véritable  démocratie et d’une réelle légitimité.

Oui, comment accepter la création d’un nouveau « mastodonte territorial » qui ne recouvrirait qu’une partie de l’Ile-de-France, écrasant les autres collectivités, au risque d’accroître le sentiment de distance entre les citoyens et leurs élus ?

Il me parait donc indispensable de défendre le projet d’une Région-Métropole à l’échelle de l’Ile-de-France en s’appuyant sur les atouts complémentaires de la petite et de la grande couronne.

Pour être efficace la Région-Métropole doit être dotée de moyens d’action importants dans le domaine du développement économique, de l’emploi, des grandes infrastructures et des transports. Les départements doivent voir leur rôle renforcé en matière de solidarité. Et le bloc communal doit pouvoir bénéficier d’une souplesse dans l’organisation de l’exercice des compétences en fonction de la spécificité de chaque territoire pour apporter des réponses rapides et concrètes à nos concitoyens.

(Concernant l’avenir du 78 et 92, ma position a toujours été claire et constante : il est indispensable que les communes soient associées en amont à la poursuite de ce processus.) Mais le préalable de tout  ce processus est l’arbitrage du Président de la République sur la Métropole de Paris.

C’est pourquoi cette rencontre ce soir est importante pour faire entendre la voix des élus et des acteurs économiques de l’Ile de France en faveur d’une Région Métropole à l’échelle de l’Ile- de-France.