Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 30/06/1988

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères sur les violations des droits de l'homme enregistrées au Tibet. Cette région du monde, par son ancienne civilisation et l'éclat de sa culture réligieuse et philosophique, s'est attiré la sympathie des opinions publiques occidentales. Après l'annexion de 1950, la répression de 1956, les exactions de la révolution culturelle, aujourd'hui les populations tibétaines sont de nouveau victimes d'atteintes importantes aux droits de l'homme, droits de l'homme inclus dans la charte de l'O.N.U. et garantis par celle-ci, laquelle est signée par le gouvernement de Pékin. Outre ces exactions, il semble que les autorités de Pékin aient explusé des journalistes occidentaux sans raison ou sous des prétextes sans fondement. Face au milliard de chinois, le million de tibétains pèse peu, mais il faut se rappeler que le droit n'est pas question de quantité. En tout état de cause la visite des autorités chinoises pourrait être l'occasion, sans qu'il y ait ingérence d'aucune nature, de rappeler aux hôtes de la France que le respect des minorités est une des bases du droit international.

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 27/10/1988

Réponse. - La France, qui n'avait pas de relations avec le Gouvernement de la République populaire de Chine de 1949 à 1964, ne s'est pas prononcée sur les événements survenus en 1950 et 1959 dans une région sur laquelle le gouvernement de Pékin exerçait sa souveraineté. En reconnaissant en 1964 la République populaire de Chine et en établissant avec elle des relations diplomatiques, la France n'a fait aucune déclaration concernant l'appartenance de la région autonome du Tibet, avec les particularités qui sont les siennes, à la République populaire de Chine. Comme tous les Etats de droit, notre pays s'applique à respecter un des principes essentiels des relations internationales : celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un autre Etat. Cela étant, la France n'a jamais manqué de manifester sa sympathie et son intérêt pour la culture et la spiritualité tibétaine, qui font partie du patrimoine de l'humanité tout entière. C'est à ce titre que le Dalaï-Lama a été, lors de séjours privés, accueilli en France en tant qu'autorité morale et religieuse. Il a d'ailleurs récemment été accueilli à Strasbourg par le Parlement européen (13 au 16 juin 1988). Peu à peu, malgré des réticences parfois difficiles à surmonter, il semble que les chances d'une amorce de dialogue entre le Dalaï-Lama et les autorités de Pékin se renforcent. Le processus sera probablement long et complexe et toute démarche susceptible d'être interprêtée comme une ingérence dans celui-ci pourrait en compromettre l'évolution. La France, pour sa part, n'a jamais manqué de manifester son intérêt pour le Tibet, dont la civilisation s'exprime d'ailleurs dans différents foyers culturels, comme c'est le cas pour les cultures et les spiritualités d'autres régions du monde représentées dans notre pays.

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