Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 26/04/1990

M. Emmanuel Hamel signale à l'attention de M. le ministre de la défense les résultats, en ce qui concerne la défense nationale, du sondage de la Société française d'enquêtes par sondage, rendu public le 23 avril. Selon ce sondage, 54 p. 100 des Français seraient plutôt favorables au retrait de toutes les forces nucléaires d'Europe et 59 p. 100 à une forte réduction des dépenses militaires de la France. D'autre part, dans l'hypothèse de l'institution du Gouvernement européen, 33 p. 100 seulement des Français souhaiteraient que la défense reste de la compétence du Gouvernement français. Si ce sondage a été effectué dans des conditions rendant ses résultats fiables, il révèle une grave méconnaissance, par une large majorité des Françaises et des Français, de la nécessité, aujourd'hui encore, de maintenir pour notre pays un effort de défense qui soit à la mesure des risques de conflits, notamment en Europe, et qui permette à la France d'éviter de connaître à nouveau l'agression étrangère comme elle l'a déjà subie - faute d'un effort suffisant de défense nationale pour prévenir la guerre et dissuader l'agression - en 1870, 1914, 1939. Il lui demande quelle impulsion nouvelle il va donner à l'information de l'opinion publique sur les problèmes de défense, dans le contexte international actuel et compte tenu des risques présents et futurs qui menacent la paix.

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Réponse du ministère : Défense publiée le 21/06/1990

Réponse. - Le sondage évoqué par l'honorable parlementaire a été réalisé par la Sofrès du 27 au 29 mars 1990. Il portait sur les " valeurs idéologiques des Français " et six questions sur quarante-huit seulement concernaient la défense nationale. Les réponses doivent être relativisées, car le questionnaire n'était pas organisé autour des problèmes de défense et ne posait pas de questions sur la perception des menaces ou sur l'environnement international. Si, effectivement, 54 p. 100 des personnes interrogées s'avouent plutôt favorables au retrait de toutes les forces nucléaires d'Europe, 57 p. 100 sont opposées à l'abandon sans préalable par la France de sa force nucléaire et 43 p. 100 (contre 38 p. 100) estiment qu'elle ne doit pas accepter des mesures de réduction s'appliquant à cette même force. Il y a donc là une contradiction manifeste entre un souhait idéalisé de voir réduire notablement les dépenses militaires et disparaître toutes les forces nucléaires et une attitude prudente qui consiste à ne pas diminuer l'effort de défense sans préalable, ce qui a d'ailleurs été confirmé par d'autres sondages. Néanmoins, il est certain que l'évolution de la situation en Europe et la détente entre l'Est et l'Ouest appellent un effort d'information et d'explication pour faire comprendre à nos concitoyens l'actualité de notre politique de défense, de la stratégie de dissuasion et l'utilité des moyens qui lui sont liés. Le ministre de la défense s'y emploie, avec les personnels du ministère, et en particulier ceux du service d'information et de relations publiques des armées. Au reste, la responsabilité de la formation aux questions de défense n'incombe pas au seul ministère de la défense. L'instruction civique à l'école, l'information dans les médias, l'éducation dans les familles sont également indispensables à l'esprit de défense.

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