Question de M. VOILQUIN Albert (Vosges - U.R.E.I.) publiée le 01/08/1991

M. Albert Voilquin attire l'attention de M. le ministre délégué à l'industrie et au commerce extérieur sur le projet à l'étude d'abandonner l'exploitation et le développement du surgénérateur nucléaire. Il s'agirait là, comme l'ont souligné de nombreuses personnes qualifiées, d'une position " hâtive et manifestement insuffisamment documentée ". Cette filière sera, dans vingt-cinq ou trente ans, le " complément nécessaire à la production d'électricité ". Si nous n'étions plus sur les rangs, Japonais et Américains seraient en première ligne et " ce serait une erreur profonde de brader cet acquis " sous couvert d'économies ou de perspectives électorales. Il pense que la réponse à cette question pourra être ou positive, ou différée, pour une étude plus approfondie et il lui demande quelle est sa position à ce sujet.

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Réponse du ministère : Industrie publiée le 07/11/1991

Réponse. - L'avenir de Superphénix doit être envisagé à la fois sous l'angle de la sûreté et sous l'angle technico-économique. Superphénix est un prototype et les incidents y sont plus nombreux que sur les autres centrales ; cela s'est produit pour d'autres prototypes qui ont bien surmonté leurs premières difficultés. Mais les marges de sécurité sont toujours restées importantes et les incidents n'ont jamais eu de conséquence sur la sûreté. Cependant, avant d'envisager un éventuel redémarrage, l'exploitant devra avoir revu les règles d'exploitation et avoir fait la preuve que leur application est parfaitement maîtrisée par le personnel d'exploitation. C'est aussi en mettant face à face les avantages et les coûts de l'exploitation de Superphénix que doit être examinée la nécessité de poursuivre le fonctionnement de ce réacteur. En effet, il est clair que le coût du kWh produit par Superphénix n'est pas compétitif comparé à celui des centrales classiques à eau sous pr ession. Il faut donc comparer ces surcoûts à l'intérêt que représente pour la recherche la poursuite du fonctionnement de ce réacteur. Son exploitation permettrait de progresser dans trois domaines : la validation des modèles utilisés, le retour d'expérience du réacteur, (à la fois sur la tenue en endurance des matériels et sur la fiabilité des solutions retenues pour son exploitation) et l'augmentation des performances du combustible. Comme le note l'honorable parlementaire, les Japonais et les Américains poursuivent un effort de recherche soutenu sur cette filière, manifestant ainsi qu'elle est toujours un enjeu d'actualité. Des analyses dans ces deux directions sont en cours au ministère de l'industrie. Il est cependant évident qu'un éventuel redémarrage de l'installation n'interviendra qu'après autorisation des autorités de sûreté. Enfin, en l'état actuel des réflexions, il est utile de maintenir un programme de recherche sur les réacteurs rapides. Ce programmeest mené en commun avec la République fédérale d'Allemagne et la Grande-Bretagne.

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