Question de M. VOILQUIN Albert (Vosges - U.R.E.I.) publiée le 12/09/1991

M. Albert Voilquin attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la forêt sur le fait que la balance commerciale agro-alimentaire de la France s'est encore dégradée au mois de juin, que les experts du centre français du commerce extérieur trouvent cette tendance préoccupante, pour un poste qui, en 1990, a payé 40 p. 100 de la facture pétrolière. Les 3,3 milliards de francs, en juin, après les 3,5 milliards en mai, portent le solde agro-alimentaire à 21,8 milliards de francs, soit 6,8 milliards de moins qu'à la même période de 1990. Cela atteint les vins et spiritueux de 2,7 p. 100, dus peut-être à une hausse de certains vins et une stagnation de consommation dans certains pays. La crise se fait sentir aussi sur la viande bovine dont les prix en baisse pénalisent les éleveurs et, surtout, les produits laitiers accusent un recul tant en valeur qu'en volume. Il est évident qu'une telle dégradation peut être aussi la conséquence de la politique agricole qui, après avoir été une source de revenus pour la profession, tendrait à être l'amorce d'une disparition lente mais sûre d'une profession qui fut un fleuron de notre pays. Il lui demande quelles mesures il envisage pour remédier à cet état de fait.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 21/11/1991

Réponse. - Depuis 1982, la balance commerciale agro-alimentaire n'a cessé de dégager un excédent en forte croissance puisque cette année-là, il était de 25,4 milliards de francs pour s'établir à la fin 1990, à 52,2 milliards de francs. Après une relative stagnation des ventes françaises sur la C.E.E. entre 1980 et 1984, ces ventes se sont accrues à la fois sur les pays européens, premiers partenaires de la C.E.E., mais également sur les nouveaux adhérents, notamment le Royaume-Uni et l'Espagne. La C.E.E. absorbe actuellement près de 75 p. 100 des exportations de la France. Par contre, il est vrai que les ventes françaises connaissent des fluctuations et une pénétration insuffisante sur des pays comme les U.S.A. et le Japon, ce dernier pays étant devenu malgré tout notre premier marché en matière de Cognac. La dégradation que le C.F.C.E. constate depuis septembre 1990 affecte effectivement des postes importants tels que les céréales, les vins et spiritueux, les produits laitiers, les animaux et viandes bovines, le sucre. Le ralentissement de l'économie mondiale et la baisse des cours sont des éléments importants pour éclairer cette situation. La chute des cours a été particulièrement accentuée pour les produits bruts ; les industries agro-alimentaires ont proportionnellement moins souffert. La dégradation du solde global est due en très large partie aux céréales avec la chute des cours mondiaux. Les stocks demeurent importants et la pratique des ventes à crédit ne peut pas être un élément stabilisateur. En matière de céréales, le solde excédentaire est de 18,6 milliards de francs, contre 24,8 l'an dernier à pareille époque. Pour les produits laitiers, le solde excédentaire est de 8 milliards de francs, soit 1,3 milliard de moins que l'an dernier. La dégradation des cours pour le beurre et la poudre maigre explique également les résultats peu satisfaisants enregistrés par la France pour les produits laitiers, même si cependant les fromages progressent. Pour les poudres de lait, l'absence d'achats du Mexique, premier importateur mondial, a aussi perturbé la situation des pays fournisseurs. En matière de sucre, une situation de surproduction est à l'origine d'une baisse des cours de 70 p. 100. Comme la récolte a été bonne l'an dernier, certains pays du tiers monde, alternativement importateurs et exportateurs, comme l'Inde, sont cette année exportateurs. En matière de viandes, les marchés se caractérisent par la déstabilisation avec des arrivées nombreuses de veaux en provenance de Pologne et de viandes d'Allemagne. Les importations de veaux polonais sont stoppées avec la clause de sauvegarde mais les perturbations se retrouvent encore un peu dans les derniers chiffres établis par le C.F.C.E. pour les huit mois de l'année en cours ; pour les bovins et viandes bovines, l'excédent de cette année tend à retrouver le niveau de l'an dernier avec 2,5 milliards de francs contre 2,8 milliards à la fin août 1990. Pour les vins et spiritueux, l'excédent des échanges extérieurs français, à l'issue des huit mois de 1991, est en recul de 2,6 p. 100 tout en s'établissant au niveau important de 16,8 milliards de francs. Pratiquement toutes les catégories de vins ont souffert de cette mauvaise conjoncture. Par contre pour les spiritueux, les chiffres d'affaires réalisés à l'exportation restent au même niveau que l'an dernier. Au total, notre commerce extérieur agro-alimentaire devrait demeurer cette année largement excédentaire, malgré la conjoncture internationale nettement plus défavorable que les années précédentes. De façon plus générale, l'honorable parlementaire peut être assuré que le souci constant du ministre de l'agriculture et de la forêt est le maintien de la place prééminente de la profession agricole dans l'économie de notre pays. ; être assuré que le souci constant du ministre de l'agriculture et de la forêt est le maintien de la place prééminente de la profession agricole dans l'économie de notre pays.

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