Question de Mme LUC Hélène (Val-de-Marne - C) publiée le 03/04/1992

Mme Hélène Luc constate que le projet de réforme des lycées et des premier et second cycles universitaires présenté par M. le ministre d'Etat, ministre de l'éducation nationale, soulève une vive réprobation qu'elle partage avec nombre de lycéens, étudiants, représentants d'instances universitaires, professeurs et personnels A.T.O.S. Loin de s'appuyer sur l'expérience des gens de terrain, de répondre aux exigences d'autonomie et de liberté pédagogique, le ministre entend imposer une refonte globale et uniforme des enseignements de manière autoritaire et technocratique. Les réformes annoncées pour les D.E.U.G. programment tout à la fois : réduction brutale des horaires, réduction des voies offertes, sacrifices de disciplines entières (biologie, mécanique, histoire, géographie, philosophie, histoire de l'art, dissociation des mathématiques et de la physique). Par le jeu des habilitations, les jeunes d'une région entière vont être privés de tel ou tel enseignement. En réalité, la première année, sorte de propédeutique inavouée au contenu appauvri, pourrait bien être un " sas " à vocation éliminatoire. L'appauvrissement des horaires et des contenus touche l'ensemble des cursus : licence, maîtrise, I.U.F.M. La réduction d'horaires priverait les étudiants de travaux dirigés dans beaucoup de matières et la création d'une licence " à contenu libre ", sans validation nationale, remet en cause le caractère national des diplômes. Le Gouvernement répond par une sélection accentuée aux besoins de qualifications supérieures du pays et refuse de satisfaire aux aspirations de la grande majorité des jeunes en ne dégageant pas les moyens humains et matériels indispensables pour étudier. Les revendications des enseignants et des personnels sont méprisées et les financements sont transférés aux collectivités locales et aux étudiants eux-mêmes. Ce projet est aussi en cohérence avec la réforme des lycées. Le regroupement des sections, la suppression d'options, en langues vivantes, économie, philosophie, histoire, réduit les possibilités de choix des élèves et donc de différenciation des parcours. La voie technique, loin d'être valorisée, se trouve menacée. Elle lui demande donc le retrait immédiat de ces projets de réforme, et de faire adopter, dès la rentrée parlementaire, un collectif budgétaire pour l'éducation nationale afin de préserver le libre choix des étudiants, d'améliorer l'aide sociale et de permettre aux enseignants-chercheurs d'exercer convenablement leur double mission. Elle rappelle à M. le ministre, comme elle l'a fait à plusieurs reprises, la possibilité offerte au Gouvernement de transférer immédiatement 40 milliards, et plus, des dépenses de surarmement vers l'éducation nationale. C'est pourquoi elle lui demande de bien vouloir lui faire connaître ses intentions à ce sujet.

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La question est caduque

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