Question de M. BONNET Christian (Morbihan - U.R.E.I.) publiée le 10/12/1992

M. Christian Bonnet appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, du logement et des transports sur les conditions dans lesquelles la compagnie Air-France vient de mettre fin à toutes les formations de pilotes de ligne en cours que, en concertation avec les pouvoirs publics, elle avait mises en place en 1989. Cette décision, qui a pour effet immédiat de placer en situation de demandeurs d'emplois ceux des 200 stagiaires concernés qui avaient quitté leur poste d'ingénieur ou de technicien pour une réorientation professionnelle, n'est pas moins préjudiciable pour leurs collègues étudiants qui, ayant préféré ce cursus à celui des écoles d'ingénieurs auquel ils pouvaient prétendre, voient leur formation subitement suspendue sans aucune autre perspective, la décision leur ayant été notifiée trop tard pour qu'ils puissent prendre une inscription de dernière minute en université. Présentée comme une mesure d'économie inévitable, cette décision semble pourtant méconnaître les sacrifices personnels et financiers au prix desquels la plupart de ces stagiaires s'étaient engagés dans cette formation ; en cela, elle constitue un réel gâchis, sans préjudice des répercussions néfastes qu'elle ne peut manquer d'avoir sur l'image d'une entreprise nationale. Il le prie de bien vouloir lui apporter des éclaircissements sur cette regrettable affaire.

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Réponse du ministère : Équipement publiée le 25/03/1993

Réponse. - La compagnie nationale Air France s'est trouvée, dès 1988, comme la plupart des compagnies mondiales, dans l'impossibilité de trouver rapidement sur le marché de l'emploi, les pilotes dont elle avait besoin à court et moyen terme. Elle a conçu à cette date un important programme de formation. Entre 1988 et 1990, ce sont environ cinq cents jeunes, de niveau bac + 2 au minimum, qui ont suivi ces cursus de formation d'élèves pilotes abinitio, dans plusieurs centres en France et aux Etats-Unis. La dégradation brutale de la conjoncture économique à laquelle le transport aérien est extrêmement sensible, a inversé la tendance, et de déficitaire, l'effectif des pilotes devient excédentaire. C'est ainsi que dans le cadre du programme de retour à l'équilibre d'octobre 1992, la compagnie nationale a pris la décision de surseoir provisoirement à la formation des stagiaires ab-initio qu'ils soient en provenance d'Air France ou d'UTA. Les 117 stagiaires titulaires, ou en cours de formation pratique continuent temporairement de percevoir le salaire qui leur était garanti, dans le cadre de leur contrat de formation. Ils ont été informés par courrier des dates de début et de fin de stage qu'ils effectuent actuellement au sol. Par ailleurs, Air France a reclassé quelques-uns d'entre eux auprès des compagnies sous-traitantes. Pour ce qui concerne les 200 jeunes en formation théorique, le ministre de l'équipement, du logement et des transports a d'ores et déjà demandé à la direction générale de l'aviation civile de modifier les conditions d'accès aux concours d'élèves pilotes de transport, organisés par l'école nationale de l'aviation civile afin qu'ils soient ouverts à des candidats détenteurs de certains titres professionnels du transport aérien, tel que le certificat théorique du brevet de pilote de ligne. Dans le même esprit, les limites d'âge ont été reculées. Ainsi les élèves pilotes abinitio d'Air France, lauréats de ces concours, auront la possibilité de bénéficier de la prise en charge par l'Etat de la fin de leur cursys de formation. Par ailleurs, la direction générale de l'aviation civile a obtenu que ceux d'entre eux qui étaient bénéficiaires d'aides à la formation, puissent continuer de les percevoir, en poursuivant leur formation auprès d'autres organismes. Enfin, la direction générale de l'aviation civile a entrepris des démarches auprès du ministère du travail pour obtenir l'extension des dispositions nouvelles sur le travail à temps partiel au transport aérien. Si cette mesure, souhaitée par les syndicats de pilotes était retenue, elle pourrait éventuellement faciliter la création d'emplois et accélérer l'intégration des stagiaires titulaires.

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