Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 10/12/1992

M. Emmanuel Hamel signale à l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances, qu'on peut lire dans le cinquième alinéa de la première colonne de la page 35 du journal Le Monde du 1er décembre 1992, deux mois et demi après le référendum du 20 septembre sur le traité de Maastricht : " Même si on ne prend qu'à moitié au sérieux l'échéance du 1er janvier 1993, ouverture du grand marché sans frontière, on ne peut que s'inquiéter de voir la France, en pleine période de déflation, aborder cette nouvelle phase d'intensification de la concurrence dans une conjoncture monétaire aussi défavorable. Le pire est en train d'arriver : un nombre croissant de pays de la CEE s'engagent, bon gré, mal gré, dans un processus de dévaluation compétitive, soit par flottement en baisse, soit par dévaluations à répétition. Dans les deux cas de figure, le système monétaire européen est impuissant. " Il lui demande s'il partage l'opinion ci-dessus exprimée sur l'impuissance du système monétaire européen face à la tourmente monétaire en Europe ces derniers mois et, dans ce cas, quels remèdes il suggère pour que cesse cette actuelle impuissance.

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Réponse du ministère : Économie publiée le 11/02/1993

Réponse. - Les faits viennent une nouvelle fois de démontrer que, loin de permettre une détente des taux d'intérêt à long terme, des dévaluations (par exemple celles de la lire, de la peseta et de l'escudo) se traduisent par une hausse de taux d'intérêt, provoquée par la défiance des investisseurs vis-à-vis des économies de ces pays et de la stabilité de leur monnaie, ainsi que de la capacité des gouvernements à mettre en oeuvre une politique de retour à la croissance sans tensions inflationnistes. La dévaluation d'une monnaie est comprise par les opérateurs comme la sanction d'une mauvaise gestion, ce qui ne fait que renforcer les incertitudes quant à la capacité de ce pays de se rapprocher des économies les plus fortes. Cette défiance se traduit généralement par l'existence d'une " prime de risque " (c'est-à-dire que les taux d'intérêt des monnaies jugées faibles sont supérieurs à ceux des monnaies jugées fortes). Cette " prime de risque " représente la couverture du prêteur contre toute nouvelle dévaluation qui viendrait sanctionner un retour de l'inflation et donc à terme une nouvelle perte de compétitivité. Enfin, la dévaluation d'une devise doit pour être efficace s'accompagner de la mise en place d'une politique économique rigoureuse généralement peu propice à une baisse des taux. L'action du gouvernement français vise pour sa part à établir une croissance saine, sans résurgences de tensions inflationnistes, seul moyen susceptible de garantir la stabilité du marché des changes et ainsi de permettre une réduction progressive du différentiel de taux avec nos principaux partenaires économiques. Cette politique a également permis à notre pays de gagner des parts de marché à l'étranger.

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