Question de M. VIZET Robert (Essonne - C) publiée le 16/12/1993

M. Robert Vizet attire l'attention de M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la grave situation du Laboratoire national Saturne, implanté à Saclay (91), menacé, à terme, de fermeture, si des moyens indispensables, lui permettant d'assurer la pérennité de ses activités de haute maîtrise scientifique, ne lui sont pas alloués. Les nombreux projets de ce laboratoire, parmi lesquels le programme de recherche fondamentale et de recherche appliquée, en matière de traitement des déchets des réacteurs nucléaires, ne peuvent être menés à bien qu'en inscrivant ces travaux à l'ordre des priorités. Retenant l'importance que revêt la poursuite des projets en cours, il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les mesures qu'il envisage de prendre pour permettre au Laboratoire national Saturne de redresser l'inquiétante situation qui lui appartient.

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Réponse du ministère : Enseignement supérieur publiée le 27/01/1994

Réponse. - L'avancement de la recherche fondamentale en physique nucléaire induit une demande d'évolution ou de renouvellement des accélérateurs de particules et des équipements expérimentaux. L'accélérateur du Laboratoire national Saturne (LNS) n'échappe pas à cette règle. Sa dernière transformation en accélérateur de protons et d'ions d'énergie intermédiaire remonte à 1978. En dépit de remarquables performances comme source de protons et deutons polarisés, il est maintenant surclassé par le synchroton SIS de Darmstadt. Par ailleurs, les réflexions menées en France (rapport de l'académie des sciences de 1990) et en Europe (Nuclear Physics European Collaboration Committee) concluent en recommandant l'utilisation d'accélérateurs d'électrons de grande énergie. Face à cette saturation et au coût élevé d'exploitation de Saturne, le CEA et le CNRS ont décidé d'arrêter son exploitation en 1997. Les recherches concernant la physique hadronique aux énergies intermédiaires devront se développer autour d'accélérateurs d'électrons en Europe (ESRF-GRAAL, ELSA, MAMIB et NIKHEF) et aux Etats-Unis (CEBAF, SLAC). La construction d'un accélérateur européen d'électrons de 15 GeV est étudiée dans le cadre du comité NuPEC déjà cité. Le principe du soutien des études nécessaires à l'avant-projet de cette machine a été approuvé par le comité des très grands équipements. Cet avant-projet devrait être remis avant la fin de l'année. Dans le cadre de ces coopérations ou d'éventuels projets nationaux, la compétence en matière d'accélérateur des équipes du LNS sera évidemment précieuse. Toutefois, sa valorisation n'impose pas le maintien de la structure administrative actuelle du laboratoire. En ce qui concerne les projets scientifiques en cours, ils sont peu nombreux, mais de qualité, et préparent les programmes futurs en coopération internationale. Il s'agit du programme DISTO (étude de l'étrangeté) en cours de montage et sur lequel aucun engagement n'a été pris au-delà de 1995, et du programme SPES 4 p (étude exclusive ou semi-exclusive de la production de mésons lourds et de résonances baryoniques). Ces deux programmes s'étendent au plus tard jusqu'à fin 1997. Enfin, le comité de direction du LNS a décidé d'entreprendre un programme expérimental sur la mesure des données de base qui seraient nécessaires pour l'étude de la transmutation des déchets nucléaires grâce à des accélérateurs de particules.

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