Question de M. VIDAL Marcel (Hérault - SOC) publiée le 02/11/1995

M. Marcel Vidal attire l'attention de M. le ministre de la culture sur la nécessité de mesures urgentes et générales concernant l'état alarmant d'une partie des archives et ouvrages des bibliothèques en France. En effet, les procédés de fabrication du papier au siècle dernier, utilisant des produits chimiques évolutifs, entraînent aujourd'hui une brûlure par acidification des documents imprimés sur ce type de support, mettant ainsi en danger une part importante du patrimoine français. Après des efforts de recherche et d'expérimentation, il est urgent d'entreprendre une désacification réellement massive, ainsi qu'une remise en état des ouvrages traités afin qu'ils soient de nouveau accessibles. De même, il serait positif d'imposer l'usage du papier permanent par les éditeurs et imprimeurs, au moins en ce qui concerne la première édition des documents, afin de préserver le patrimoine des générations à venir. Dans cette perspective, il souhaiterait connaître la position du département ministériel compétent quant à la coopération nécessaire des services chargés de ce problème avec, d'une part, les entreprises ayant acquis une expérience en ce domaine, et d'autre part, avec les associations oeuvrant en ce sens.

- page 2051


Réponse du ministère : Culture publiée le 15/02/1996

Réponse. - Les collections publiques conservent plusieurs millions de documents, livres, périodiques, cartes et plans, estampes et imprimés, etc. sur du papier " mécanique " dont la composition chimique entraîne une dégradation rapide. Pour faire face à ce danger très réel, il n'existe pas pour l'instant de solution définitive. Face aux procédés de désacidification traditionnels, insuffisants au regard du volume des documents concernés, les différents procédés de désacidification dits de masse ne permettent pas encore d'intervenir à l'échelle qu'impose l'ampleur du danger encouru par notre patrimoine écrit et graphique. Trois pays disposent de stations de traitement de masse opérationnelles, à savoir le Canada, les Etats-Unis et la France. La Bibliothèque nationale de France traite ainsi chaque année 35 000 volumes au centre de Sablé et seule la station canadienne dispose à ce jour d'une capacité comparable. Les procédés disponibles ne permettent notamment pas de traiter certains types de documents (reliures en cuir, manuscrits...). Des solutions sont cependant activement recherchées : la Bibliothèque nationale de France a entrepris depuis 1991 de lancer une étude de recherche-développement permettant d'accroître les quantités traitées tout en préservant l'environnement. Un premier partenariat avec les sociétés Hoecht et Ussi n'ayant pu être reconduit, un second partenariat a été établi avec la société Separex en 1993, qui devrait aboutir en 1997 à la mise en place d'une nouvelle installation implantée au centre technique de Marnes-la-Vallée. Celle-ci devrait permettre de désacidifier quelque 300 000 volumes par an dès 1998. D'autres mesures sont prises parallèlement pour freiner le processus de dégradation des ouvrages produits à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Une politique active est menée par le ministère de la ciulture en matière de conservation préventive, notamment par le biais de reconditionnement des documents dans un environnement neutre. Le transfert des documents sur d'autres supports (microformes, numérisation) est aussi une solution particulièrement adaptée que l'Etat soutient depuis longtemps. Compte tenu du coût du papier dit " permanent ", sensiblement plus élevé que celui du papier mécanique, il semble difficile d'imposer aux éditeurs ou aux imprimeurs son usage, fût-ce en le limitant aux premières éditions. L'incitation et l'information semblent à tous égards devoir être privilégiées. Et la sensibilisation aux problèmes de conservation posés par le papier acide commence à porter ses fruits dans le domaine de l'édition : beaucoup de premières éditions sont en effet d'ores et déjà imprimées sur du papier qui, sans être forcément en tout point conforme à la définition normative du papier permanent, possède cependant des qualités chimiques et physiques comparables. Loin de manifester un désintérêt en matière de préservation du patrimoine des bibliothèques, les pouvoirs publics font preuve d'une volonté ancienne et affirmée de trouver à ce problème des solutions qui tiennent compte de la spécificité des documents eux-mêmes mais aussi des réalités économiques et des limites technologiques.

- page 329

Page mise à jour le