Question de M. LORRAIN Jean-Louis (Haut-Rhin - UC) publiée le 28/03/1996

Alors qu'une exceptionnelle tempête de neige met actuellement en péril 80 000 nomades tibétains, selon Médecins sans frontières, M. Jean-Louis Lorrain appelle l'attention de Mme le ministre de l'environnement sur la situation du Tibet. Depuis 1959, la protection traditionnelle de l'environnement a cédé la place à des pratiques qui portent sérieusement atteinte à l'écosystème tibétain, notamment aux récoltes, aux ressources en eau, à la vie sauvage ainsi qu'aux prairies et aux forêts. La reconversion des terres marginales à l'agriculture pour nourrir les colons chinois est devenue la plus grande menace pour les prairies tibétaines. La désertification qui s'ensuit rend les terres inutilisables pour l'agriculture comme pour le pâturage et le clôturage des prairies a désorganisé la pratique usuelle des migrations au sein d'une économie agricole axée dès l'origine sur l'élevage, d'où la situation critique des nomades repoussés jusque vers le fond des vallées. En 1949, les forêts comptaient 221 000 kilomètres carrés ; en 1985, ce sont 134 000 kilomètres carrés de forêts qui subsistent, 60 p. 100 des ressources ayant été exploitées, ce qui contribue à la désertification, parfois de façon irréversible, et aggrave, à cause du ruissellement des eaux, les inondations du Bengladesh, en aval. En matière d'hydrographie, le Tibet est le principal bassin d'Asie et cinq grands fleuves (le fleuve Jaune, le Yangzi Kiang, le Mékong, le Brahmapoutre et l'Indus) qui font vivre une grande partie de la population mondiale, y prennent leur source. Or ces fleuves ont accumulé des couches de sédiments très élevées et connaissent une pollution importante. Plusieurs projets chinois, dont les coûts sur l'environnement sont supportés par les seuls autochtones, sont conçus pour capter ce potentiel hydraulique tibétain. En matière de faune sauvage, beaucoup d'animaux ont disparu, souvent à cause de chasses aveugles. Une trentaine d'espèces sont menacées, ce que les autorités chinoises reconnaissent elles-mêmes. Enfin des déchets radioactifs (dont de nombreuses ogives nucléaires) ont été déchargés au Tibet, souvent de façon négligente. Ce pays disposant des plus grandes réserves d'uranium au monde et de 126 différents minéraux, il est à craindre que leur exploitation sans contrôle ne cesse d'aggraver une situation déjà préoccupante. Il rappelle que le plateau tibétain constitue la région de haute altitude la plus étendue de la planète, qu'il exerce une influence sur la circulation atmosphérique et les tendances des courants aériens au-dessus de l'Asie et peut, suivant les scientifiques, contribuer à la déstabilisation du climat sur tout l'hémisphère Nord. Il lui demande quelles mesures d'observation, par le biais des organisations internationales dont elle fait partie, et de pression auprès des autorités responsables pourraient être tentées pour obtenir une information précise sur l'environnement tibétain actuel et la cessation de ces pratiques nuisibles non seulement aux habitants du Tibet mais aussi à la majeure partie de l'humanité.

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La question est caduque

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