Question de M. MOREIGNE Michel (Creuse - SOC) publiée le 11/04/1996

M. Michel Moreigne attire l'attention de M. le ministre de la culture sur l'avenir de l'enseignement dispensé à l'école nationale des arts décoratifs (ENAD) d'Aubusson. Selon les informations très partielles, le ministère de la culture veut profondément modifier l'enseignement de cet établissement. L'ENAD serait alignée sur les autres écoles nationales d'art et recruterait après le baccalauréat pour la préparation de diplômes d'enseignement supérieur. La tapisserie continuerait d'être enseignée comme matière à option et dans le cadre d'un enseignement de l'art textile, au niveau de la conception et non plus du métier de lissier. Quels sont les projets du ministère en la matière et la philosophie de la réforme éventuelle de l'ENAD ?

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Réponse du ministère : Culture publiée le 30/05/1996

Réponse. - L'enseignement dispensé par l'école nationale d'arts décoratifs d'Aubusson a eu tout son sens aussi longtemps que les ateliers de tapis et tapisserie d'Aubusson offraient des opportunités d'emploi aux élèves de l'établissement qui a compté jusqu'à 250 élèves se préparant à devenir des ouvriers cultivés. Le contexte économique et artistique a considérablement changé et depuis 1990 un seul ancien élève a effectivement trouvé un emploi. Malgré les commandes d'oeuvres et le soutien apporté aux projets par l'Etat, l'activité des entreprises aubussonaises n'est plus assez ample pour leur permettre de procéder à l'embauche de nouveaux employés. Les autres écoles nationales d'arts décoratifs - de Nancy, de Bourges et de Limoges - créées à la fin du xixe siècle en relation avec le dynamisme des industries locales, ont dû progressivement élargir leurs missions et ne plus demeurer strictement assujetties au site de leur implantation. L'école d'Aubusson n'a pas bénéficié d'une telle évolution et elle se trouve aujourd'hui confrontée au paradoxe qui veut que ses élèves soient à la fois les moins nombreux de toutes les écoles d'art et ceux dont le coût de la formation est le plus élevé. Ils sont aussi ceux qui ont le moins de chance de débouchés compte tenu de leur seule préparation à la réalisation de tapisseries. La réforme étudiée par les services du ministère de la culture (DAP, DRAC), en relation avec les services préfectoraux, vise à renforcer et élargir le champ de compétences des étudiants en leur permettant d'accéder à la conception du produit textile. Elément d'un complexe plus vaste, l'école nationale d'arts décoratifs en Limousin, l'ancienne école d'Aubusson ne verrait pas ses missions s'affaiblir mais verrait au contraire son ambition être renforcée. Elle verrait dans le même temps se développer ses fonctions d'accueil de jeunes créateurs et d'étudiants d'autres écoles d'art française ou européennes. Lieu de formations diversifiées elle serait aussi un foyer de recherche, grâce à sa collaboration avec d'autres partenaires. La tapisserie n'y sera pas confinée au cadre d'une option mais bien au contraire appartiendra de plein droit à l'ensemble des réflexions portant sur la tradition artistique et les innovations technologiques. Nous pensons ainsi servir les intérêts des jeunes gens en formation et raviver la renommée d'Aubusson, lieu d'excellence et d'invention.

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