Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 02/10/1997

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la coopération sur le problème soulevé par la Lettre du Comité français de l'Unicef dans son numéro 73 des mois d'août et septembre derniers de la scolarisation des filles dans les pays du tiers-monde : " On estime, dans le tiers monde, que près de 140 millions d'enfants ne sont pas scolarisés dans le primaire. Les filles représentent les deux tiers de ces laissés-pour-compte. " Il lui demande quelle est et quelle va être la participation financière et humaine du Gouvernement français pour promouvoir dans les pays du tiers monde la scolarisation des jeunes filles et ainsi permettre comme le précise la rédactrice en chef de la revue précitée une mise en place " progressive des systèmes scolaires qui répondent mieux aux attentes des communautés et augmentent les chances pour les filles grâce à l'école de mener une vie de citoyenne ".

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Réponse du ministère : Coopération publiée le 06/11/1997

Réponse. - Selon l'Unicef, en 1990, plus de 300 millions d'enfants du monde entier n'ont pas eu accès à l'enseignement primaire ; sur ces 300 millions, 200 millions sont des filles. La quasi-totalité des non-scolarisés se trouvent dans les pays dits en développement. En 1990, selon l'Unesco, le taux net d'inscription des filles en Afrique subsaharienne s'élevait à 46 % (contre 56 % pour les garçons). En 1995, le taux d'inscription pour les filles passait à 56 % alors que celui des garçons atteignait 66 %. Malgré des progrès réalisés ces trois dernières décennies, un écart important persiste entre les sexes. Plusieurs facteurs, parmi lesquels la tradition, le mariage précoce, la répartition des tâches dans les sociétés rurales, les systèmes scolaires hérités du passé et certainement peu adaptés, sont responsables de cette sous-scolarisation des filles par rapport aux garçons. Sans une action immédiate et bien planifiée, une autre génération de filles risque d'être sacrifiée, avec des conséquences défavorables tant pour leur propre développement que pour le développement du pays. Cette action doit être réfléchie, systématique et durable et doit s'inscrire dans le contexte plus large de la transformation des systèmes d'éducation nationaux. Prioritairement mobilisée sur le dossier de la qualité de l'éducation, de la gestion de l'école et des systèmes éducatifs, de la formation des formateurs, la coopération française a, jusqu'à présent, financé peu de projets se référant explicitement à un objectif d'accroissement de la scolarisation des filles. Plusieurs actions ont, néanmoins, été engagées dans le cadre de ses interventions prioritaires. Dans le domaine de la sensibilisation, elle a cofinancé avec la Banque mondiale un documentaire et un séminaire interafricain sur le problème de la scolarisation des filles. Elle a, également, apporté son soutien au Forum des éducatrices africaines (FAWE) pour des activités de sensibilisation et de recherche dans les pays africains francophones. Des projets ont également été pris en charge sur le plan de la recherche : recherche-action sur l'école de base et, dans ce cadre, sur la place des filles à l'école ; analyse des déterminants familiaux de la scolarisation, en collaboration avec le Centre français sur la population et le développement (CEPED) et l'Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération (ORSTOM), à partir des recensements nationaux ; appel à projets de recherche, envisagé en liaison avec le FAWE et l'Unicef (Fonds des Nations unies pour l'enfance). On peut également évoquer le soutien aux écoles communautaires (écoles de village) garantissant un bon accès des filles à l'école (Mali, écoles satellites au Burkina) et l'appui aux activités des ONG françaises, Aide et Action notamment, au profit d'écoles rurales avec une insistance particulière sur l'alphabétisation des femmes, le développement d'activités génératrices de revenus et la scolarisation des filles.

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