Question de M. HAMEL Emmanuel (Rhône - RPR) publiée le 19/02/1998

M. Emmanuel Hamel attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'article d'un professeur de médecine, ancien ministre de la coopération, paru à la page 2 du quotidien Le Figaro du 9 février dernier sous le titre " Plaidoyer pour l'Afrique " dans lequel il explique que : " Pendant des années, la France a eu une véritable politique africaine. Elle est en train d'y renoncer. C'est une faute grave au moment ou l'Afrique commence à s'éveiller. " Il lui demande quelle est sa réaction face à ces graves propos exprimés sous le sous-titre " Le ministère de la coopération va disparaître ".

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 07/05/1998

Réponse. - L'Afrique est une priorité de notre action extérieure. Notre pays inscrit sa politique africaine dans le cadre de la fidélité à un continent auquel l'attachent des liens anciens. Mais, conscient que ses liens privilégiés avec l'Afrique francophone ne devaient pas le conduire à ignorer le reste du continent, il a entrepris depuis plusieurs années une ouverture progressive vers les pays lusophones, hispanophones et anglophones d'Afrique. La politique africaine de la France est dès lors engagée dans un processus d'adaptation et d'ajustement visant à renforcer les conditions d'un développement de l'influence de notre pays sur l'ensemble du continent. Cette ouverture vers de nouveaux horizons répond d'ailleurs aux v ux de nos partenaires francophones : au moment où l'Afrique s'ouvre à des influences multiples, et s'ouvre sur elle-même, notamment par la montée en puissance d'organisations sous-régionales transcendant les clivages linguistiques, les Etats africains francophones jugent naturel et souhaitable que la France intensifie ses propres échanges, politiques, économiques et culturels avec d'autres. En effet, la capacité de notre pays à s'adapter constitue pour une part la garantie de la densité et de l'utilité des échanges que nous développons avec eux. Notre pays modernise ses relations avec le continent africain, notamment dans les domaines politique et militaire : il encourage la démocratisation, le renforcement de l'Etat de droit et les pratiques de bonne gouvernance, avec le souci d'éviter toute ingérence dans les affaires intérieures de ses partenaires. Cette volonté ne s'accompagne d'aucune tentation de désengagement : si la France privilégie désormais une approche multilatérale des questions de sécurité sur le continent africain, elle continue d'honorer les accords de défense qui la lient à certains pays et maintient pour l'essentiel le dispositif de ses forces prépositionnées. Ces adaptations de notre politique africaine trouvent leur prolongement dans le traitement des questions liées à l'immigration. Elles se traduisent à l'égard des éléments les plus dynamiques des sociétés africaines, par la recherche d'une attitude accueillante en matière de visas (listes d'attention positives), de méthodes plus souples pour assurer le contrôle nécessaire des flux migratoires et de politiques spécifiques d'aide au développement pour les pays d'émigration. Elles se traduisent également par la recherche des moyens permettant de répondre plus largement aux demandes de bourses d'étudiants qui seraient tentés autrement de se tourner vers d'autres, notamment vers les pays nord-américains. De façon plus générale, le Gouvernement a engagé une réforme de notre dispositif de coopération et d'aide au développement dont les objectifs et les modalités ont été présentés en conseil des ministres le 4 février dernier. Dans un objectif d'efficacité et de cohérence, les services du secrétariat d'Etat à la coopération ont été regroupés avec ceux du ministère des affaires étrangères, pour constituer un ensemble diplomatique unique ; un ministre chargé de la coopération a été délégué auprès du ministre des affaires étrangères. Les inflexions ainsi apportées à chacune des composantes de notre politique africaine forment un ensemble, qui vise à une meilleure adéquation de nos pratiques et de nos instruments à l'évolution d'un continent dont la France est le premier partenaire, et ou ses intérêts ne cessent de croître et de se diversifier.

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