Question de M. RICHERT Philippe (Bas-Rhin - UC) publiée le 09/04/1998

M. Philippe Richert attire l'attention de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la déforestation amazonienne systématique opérée au Brésil depuis maintenant près de dix années. De prime abord, il est opposable à l'intérêt que la France et l'Europe portent à ce sujet, le cantonnement du problème à l'Amérique du Sud. Or de nombreux scientifiques reconnaissent que ces étendues forestières peuvent être considérées comme réserve d'oxygène pour l'ensemble de la planète et qu'un danger réel existe de les voir ainsi réduites à néant. Aussi, n'est-il pas du devoir de notre Gouvernement, et plus spécifiquement du ministère de l'environnement, d'intervenir auprès de son homologue brésilien, et ce, en concertation - avec l'appui ? - du ministère des affaires étrangères, afin que ces excès de coupes de bois cessent puisqu'ils menacent l'équilibre de notre planète (50 000 km2 ont été déboisés au cours de ces trois dernières années, soit plus du dixième du territoire français !). Il souhaiterait donc savoir quelle est sa position sur ce sujet et ce qu'elle a entrepris.

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Réponse du ministère : Aménagement du territoire publiée le 26/11/1998

Réponse. - Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement a pris connaissance, avec intérêt, de la question concernant le problème de la déforestation amazonienne, qui fait partie de l'enjeu planétaire que pose l'exploitation intensive des zones forestières tropicales ou équatoriales. Pour ce qui concerne le domaine de compétences de la ministre, la forêt tropicale en Guadeloupe est protégée par un parc national, et en Martinique le massif forestier de la Montagne-Pelée fait partie du territoire du parc naturel régional, dont la vocation est le développement durable. En Guyane, le Gouvernement a déjà créé un réseau d'espaces protégés couvrant 500 000 à 700 000 hectares et conduit un projet de parc national d'environ 3 millions d'hectares dans le sud de la région. La région Guyane étudie également la mise en place d'un parc naturel régional. Côté brésilien, l'Etat d'Amapa envisage de créer un espace protégé contigu au parc national de Guyane dont les objectifs seront semblables à ceux de ce dernier. Une coopération au plan local se met progressivement en place. De même, des contacts fréquents ont lieu avec le Surinam, objet d'une déforestation massive. Par ailleurs, le ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement a délégué plusieurs missions au Brésil pour faciliter la mise en place de structures analogues à celle des parcs naturels régionaux, dont les objectifs recouvrent le problème de la déforestation. Le Brésil n'est pas resté inactif puisqu'il a annoncé son intention de protéger 25 millions d'hectares de la forêt amazonienne d'ici l'an 2000. Cette surface représente la superficie des deux tiers de la France et dix pour cent de la forêt amazonienne. La démarche de protection consistera, dans un premier temps, à délimiter les zones à protéger, à engager du personnel pour surveiller ce patrimoine et à impliquer les populations locales. Le coût initial s'élèvera à 860 millions de francs. Cette démarche est soutenue par la Banque mondiale et par le Fonds pour l'environnement mondial. Plusieurs autres pays, le Mexique, le Chili, le Cameroun, la Russie et le Vietnam devraient annoncer bientôt des initiatives similaires à celles du Brésil. L'Office national des forêts, dans le cadre de ses missions internationales, contribue, pour sa part, à la lutte contre la déforestation systématique et aide les gouvernements des pays touchés par ce problème, à prendre conscience de celui-ci et à imaginer des actions de préservation de ces forêts. Les centres français de formation, de recherche et d'expérimentation accueillent régulièrement des stagiaires, étudiants et chercheurs dans le domaine de la forêt tropicale. Cette politique mérite d'être poursuivie. Le savoir-faire français ainsi exporté serait mieux valorisé. Des actions expérimentales sont conduites et soutenues pour tenter de faire modifier les pratiques sylvicoles d'exploitations forestières et pour conserver les richesses patrimoniales. Le territoire de la Guyane pourrait être à ce titre-là une vitrine qui mettrait en valeur des orientations nouvelles couvrant à la fois la conservation dans des aires protégées, l'éducation à l'environnement, le tourisme de nature et le développement de la filière bois. D'autre part, les actions consécutives aux décisions prises à Kyoto vont permettre de reboiser de nombreuses zones tropicales et équatoriales, soit rasées par l'exploitation forestière ou agricole, soit incendiées. Enfin, pour reprendre un des axes de la stratégie forestière française proposée par M. Jean-Louis Bianco dans son rapport, la mise en place d'une certification de la gestion durable des forêts permettra de réorienter les modes d'exploitations des forêts tropicales et équatoriales.

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