Question de M. RINCHET Roger (Savoie - SOC) publiée le 22/10/1998

M. Roger Rinchet appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les préoccupations des scieurs et exploitants forestiers relatives à la réforme en cours du régime des interventions des fonds structurels européens qui tend à exclure toute dotation européenne pour les investissements en scierie dans les zones concernées par l'application de ces mesures. Or, les scieurs sont parmi les premiers employeurs en milieu rural et notamment dans les zones forestières, contribuant ainsi à l'équilibre de l'emploi et de l'activité dans les zones rurales. La non-éligibilité de l'activité de sciage brut aux fonds structurels européens constituerait une très lourde menace pour l'avenir de ce secteur. En effet, le sciage nécessite des investissements lourds et les entreprises de caractère familial ne disposent que de peu de fonds propres et d'une marge insuffisante pour investir à la hauteur des enjeux de la mobilisation d'une ressource forestière qui couvre désormais plus de 27 % de notre territoire. Il apparaît donc vital pour ce secteur comme pour les gestionnaires et propriétaires de forêts que la réforme en cours des fonds structurels européens n'écarte pas a priori du bénéfice de ses interventions, dans son volet sylvicole, les scieries implantées en milieu rural, d'autant que dans le même temps, des aides européennes sont accordées aux entreprises de même nature dans les pays d'Europe centrale et orientale, notamment ceux qui souhaitent accéder à l'Union européenne. Il le remercie de bien vouloir lui indiquer la position qu'il compte défendre auprès de la Commission européenne afin de préserver l'avenir des scieries situées en zone rurale.

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Réponse du ministère : Agriculture publiée le 03/12/1998

Réponse. - L'activité de sciage, qui emploie environ 18 000 personnes, contribue grandement au maintien d'un tissu rural vivant et dynamique. Elle permet par ailleurs de valoriser l'importante ressource forestière de notre pays et fournit un matériau renouvelable dont l'utilisation est très profitable à la collectivité. C'est pourquoi le ministère de l'agriculture et de la pêche, par le biais de divers mécanismes - aide aux investissements matériels et immatériels, financement de la recherche liée au matériau bois et de la promotion de l'utilisation du bois dans la construction -, favorise le développement de cette filière. La Communauté européenne intervient également pour le développement de cette filière, dans le cadre des objectifs 5 a - " accélérer l'adaptation des structures agricoles " - et 5 b - " promouvoir le développement des zones rurales " - de ses fonds structurels. Dans le cadre de l'objectif 5 a, qui s'applique à toute la France, la Communauté cofinance l'aide à la mécanisation de l'exploitation forestière attribuée par le ministère de l'agriculture et de la pêche. Les scieries sont toutefois exclues du bénéfice de l'objectif 5 a des fonds structurels. Dans le cadre de l'objectif 5 b, qui touche environ la moitié du territoire national, la Communauté cofinance l'aide à la modernisation des scieries attribuée par le ministère de l'agriculture et de la pêche et par certains conseils régionaux. Ces aides permettent à un secteur actuellement peu rentable de réaliser mieux et plus vite les lourds investissements dont il a besoin pour se développer. Dans le cadre de la réforme générale de la politique agricole commune, la Commission européenne a proposé un nouveau règlement relatif aux interventions du FEOGA en matière de développement rural, qui regroupe l'ensemble des mesures précédemment réparties dans de nombreux règlements. Les objectifs 5 a et 5 b n'y sont plus distingués, et la rédaction actuelle exclut donc totalement les scieries du bénéfice des aides du FEOGA, car elle reprend en fait celle de l'ancien objectif 5 a. Cette situation paraît inacceptable, tant la contribution des scieries au développement rural est importante, au même titre que celle des industries agricoles et alimentaires. C'est pourquoi, aussi bien dans les groupes de travail de la Commission que du Conseil, la délégation française, lorsque ce sujet est abordé, intervient pour demander que les scieries soient réintégrées dans le règlement FEOGA - développement rural. De plus, lors de la réunion informelle des ministres de l'agriculture organisée par la présidence autrichienne à Saint-Wolfgang du 20 au 22 septembre 1998, le ministre de l'agriculture et de la pêche a personnellement évoqué ce sujet dans les termes suivants : " Je souhaite relever un paradoxe : l'Union européenne participe au financement des installations de transformation de produits agricoles mais omet les industries de première transformation du bois. Cet oubli m'apparaît regrettable alors même que des soutiens modestes et des petites et moyennes entreprises pourraient en valorisant la production renforcer la viabilité de cette filière et créer des emplois, en particulier dans les zones rurales fragiles. " Une suite positive n'a pas encore été donnée à cette demande, mais le ministère de l'agriculture et de la pêche poursuit ses interventions pour obtenir le maintien des aides aux scieries dans les interventions communautaires en faveur du développement rural.

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