Question de M. GOUTEYRON Adrien (Haute-Loire - RPR) publiée le 26/11/1998

M. Adrien Gouteyron attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les signes de faiblesse que le " tableau de bord de l'industrie française " (présenté par le groupe des fédérations industrielles et l'institut de conjoncture REXECODE) relève à propos de l'activité industrielle. Certains motifs d'inquiétudes en ressortent : " une vraie reprise durable de l'investissement ne semble toujours pas complètement assurée car elle est très liée à la psychologie des chefs d'entreprise " ; d'autre part, le recul des importations de biens d'équipement professionnel depuis février et le pessimisme des grossistes en biens d'équipement concernant le volume de leurs dernières ventes constituent également des indices inquiétants quant aux tendances de l'investissement. Pour ces mêmes conjoncturistes, d'une manière plus générale, " les crises financières actuelles pèseront probablement sur les importations de plusieurs pays, accentuant le ralentissement industriel qui semblait amorcé avant même les chocs de l'été ". Si la demande intérieure " reste ferme ", les exportations industrielles " largement à l'origine de la reprise de 1997 " - avec une hausse de 14,9 % en un an - " ne progressent plus depuis le début 1998 " selon REXECODE pour qui " le taux de la croissance industrielle a donc été divisé par deux avant même l'impact des nouveaux désordres internationaux de l'été ". La conclusion de cette étude étant que " le pic de la croissance est nettement derrière nous ". La reprise européenne marquait d'ailleurs le pas avant même les désordres récents (le taux de croissance trimestriel européen, au cours des trois dernières années 1996-1998, n'a atteint 4 % l'an qu'un seul trimestre alors qu'aux Etats-Unis il a dépassé 4 % au cours de six trimestres). Il lui demande donc, d'une part, s'il est en mesure de corroborer ces chiffres et, d'autre part, s'il confirme les prévisions de croissance affichées par le Gouvernement pour cette année et l'année suivante étant donné que l'économie française enregistre depuis plusieurs mois l'effet du ralentissement du commerce mondial : le chiffre d'affaires à l'exportation plafonne depuis six mois et l'excédent industriel s'effrite dans les échanges avec l'Union européenne.

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Réponse du ministère : Économie publiée le 28/01/1999

Réponse. - L'économie française est dans une phase de ralentissement après avoir connue une croissance soutenue jusqu'au premier semestre 1998. Ce ralentissement n'est pas spécifique à la France. Il est la conséquence de la crise internationale, notamment la crise asiatique, qui affecte la croissance mondiale. En effet, selon les estimations de l'Organisation mondiale du commerce, cette crise a fait chuter le taux de croissance des échanges commerciaux de 10 % en 1997 à environ 5 % en 1998. Certes, le ralentissement de l'économie mondiale pèse sur les exportations françaises mais la demande interne reste dynamique. La consommation est portée par la confiance des ménages, comme en témoigne l'indicateur de confiance qui est à un maximum historique depuis la création en 1987 de l'enquête mensuelle auprès des ménages. Cette confiance retrouvée traduit largement l'amélioration du marché du travail. La croissance de l'économie française est désormais plus riche en emploi : depuis le troisième trimestre 1997, ce sont plus de 300 000 emplois qui auront été créés dans les secteurs marchands ; grâce à ces créations d'emplois et à la montée en puissance des emplois-jeunes, le nombre de chômeurs a reculé d'environ 200 000 depuis juin 1997. Les ménages disposent ainsi de revenus plus élevés, la réduction de l'inflation augmentant d'autant leur pouvoir d'achat. La conséquence est une consommation qui progresse à un rythme inconnu depuis la fin des années 80. En fait, avec une croissance supérieure à 3,5 %, la consommation des ménages sera en 1998 sensiblement plus forte que prévu. De même, grâce à l'amélioration de leur pouvoir d'achat et à des conditions de financement avantageuses, l'investissement en logement est en reprise. La vigueur de la consommation tire l'investissement des entreprises. Selon l'enquête d'octobre, les dépenses d'investissement dans l'industrie devraient progresser en moyenne de 8 % en 1998. Une vigoureuse expansion de l'investissement est une nécessité : la France a pris en effet, au cours des dernières années, un retard préoccupant dans son effort d'équipement. La croissance en 1998 sera conforme à la prévision établie l'été dernier (p 3,1 %) malgré la crise financière de cet automne - crise dont nous ne sommes pas encore totalement sortis. En effet, les dernières enquêtes de conjoncture dans l'industrie et le commerce de gros font état d'un ralentissement de l'activité et d'une dégradation des perspectives d'activité. Toutefois, ces enquêtes, et notamment l'enquête investissement qui laisse attendre une stagnation des dépenses d'investissement dans l'industrie en 1999, ont été réalisées au creux de la crise financière, ce qui n'a pu manquer d'assombrir les perspectives des chefs d'entreprise. Par ailleurs, l'enquête investissement d'octobre se révèle avoir un pouvoir " prédictif " réduit pour l'année à venir : ainsi, en octobre 1997 les résultats de l'enquête laissaient attendre une quasi-stagnation des dépenses d'investissement en 1998. La crise financière a donc provoqué un " trou d'air " sur la trajectoire de la croissance de l'économie française retenue lors du projet de loi de finances pour 1999, soit 2,7 %. Cette prévision constitue une cible qui peut être atteinte en raison de la conjonction de facteurs positifs : la réduction plus rapide qu'anticipé des difficultés dans certains pays émergents ; la résorption des déséquilibres internationaux grâce à la coopération internationale, à l'action des gouvernements et des banques centrales des pays développés. Pour sa part, la consommation des ménages bénéficiera de la poursuite des créations d'emplois qui assureront un socle de croissance du pouvoir d'achat des ménages de l'ordre de 2,5 %. Par ailleurs, les perspectives d'activité restent bonnes dans les secteurs abrités en raison même de la bonne tenue de la demande des ménages. Enfin, la baisse de 30 points de base des taux d'intérêt opérée dans la zone euro devrait induire un surcroît de croissance de 0,2 point en 1999 et en l'an 2000.

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