Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 11/03/1999

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation de la République du Congo-Brazzaville. Il semblerait que la région comprise entre la capitale et Pointe-Noire échappe maintenant au contrôle du pouvoir central. Ce n'est donc pas seulement Brazzaville qui est concernée, plusieurs villes, dont Dolisie, semblent très peu sûres et en dehors de toute autorité centrale. Les affrontements entre miliciens et l'armée auraient fait au moins 1 000 morts depuis le mois de décembre dernier. Il serait donc souhaitable de connaître les mesures prises par le Gouvernement congolais pour tenter de rétablir l'ordre. Est-il prévu des dispositions particulières pour la communauté française de ce pays ?

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Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 06/05/1999

Réponse. - La République du Congo qui se relevait à peine de la guerre civile de 1997 a de nouveau été en proie à des affrontements meurtriers. Cette nouvelle éruption de violence touche durement les populations civiles. La situation humanitaire est préoccupante. Plusieurs localités de l'intérieur du pays ainsi que certains quartiers de la capitale ont été vidés de leur population. Par ailleurs, le développement économique et social du pays est gravement pénalisé. L'activité est paralysée, de nouvelles infrastructures ont été détruites. La violence des combats qui ont opposé en décembre et janvier derniers les forces gouvernementales aux éléments armés rebelles a été amplifiée par la faible discipline des troupes engagées et la circulation incontrôlée des armes. Les affrontements de décembre et janvier ont mis de nouveau en lumière la crise profonde que traversent depuis plusieurs années les composantes de la force publique au Congo. Il est essentiel qu'il soit mis fin aux débordements constatés au Congo depuis plusieurs mois. Il en va de la responsabilité de tous les acteurs de cette crise, et en particulier de ceux qui ont pris l'initiative de recourir de nouveau aux armes. Les autorités congolaises ont pris des mesures visant à limiter les agissements de tous les groupes armés. Le président Sassou Nguesso a chargé le nouveau ministre de la défense de réformer les Forces armées congolaises (FAC) dans le sens d'un professionnalisme renforcé et d'une plus grande discipline des troupes. Sous l'impulsion du nouveau chef d'état-major général des armées, le ramassage des armes a été intensifié et les barrages sauvages levés dans la capitale. Dans son message du nouvel an, le président Sassou Nguesso a garanti l'impunité pour les anciens miliciens qui accepteraient de déposer les armes. Ces mesures vont dans le bon sens et commencent à porter leurs fruits. Les populations déplacées, victimes des affrontements de décembre, s'apprêtent à retourner dans les quartiers sud-ouest de Brazzaville. Il n'en demeure pas moins qu'une solution de nature politique doit être trouvée par les différents acteurs de la crise. Celle-ci passe par une véritable réconciliation nationale qui réponde aux aspirations de tous les Congolais. La France s'efforce de convaincre les protagonistes de s'engager sur cette voie. Elle espère que l'accalmie que l'on constate sur le terrain depuis quelques semaines créera un environnement plus favorable à cet égard. S'agissant de la communauté française, l'incertitude qui continue de régner sur Brazzaville mais aussi sur Pointe-Noire où résident encore respectivement 340 et 2 380 compatriotes a conduit la France à maintenir de strictes consignes de sécurité. L'ambassade et le consulat général de Pointe-Noire sont en contact permanent avec la communauté française. A la fin du mois de janvier, il avait été fermement demandé à tous ceux dont la présence n'était pas indispensable de quitter Brazzaville de façon préventive. Le début de normalisation que connaît le pays a permis la reprise des cours au lycée Charlemagne de Pointe-Noire le 1er mars.

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