Question de M. BALARELLO José (Alpes-Maritimes - RI) publiée le 27/05/1999

M. José Balarello attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur l'important problème suivant : l'enseignement de la spécialité de gynécologie médicale a été supprimée depuis 1986 afin d'uniformiser les enseignements en Europe. Avant cette date, 130 gynécologues médicaux étaient formés chaque année. Aujourd'hui, seule la spécialité de gynécologie-obstétrique est encore enseignée et elle ne forme que 30 à 50 nouveaux gynécologues par an. De plus, les médecins de cette spécialité se destinent en général à la chirurgie et n'ont pas de formation en gynécologie médicale, il serait alors préoccupant, d'une part, que l'approche actuelle, médicale, soit remplacée par une approche chirurgicale et que, d'autre part, le suivi des femmes incombe totalement aux médecins généralistes. Or, au terme de la réforme des études médicales en cours, les médecins généralistes bénéficieront de 3 mois de formation en gynécologie, alors qu'elle est de 3 ans pour les gynécologues. Il lui demande si elle pense que cette formation est suffisante pour maintenir l'efficacité actuelle de la prévention, une des meilleures d'Europe. En effet, c'est en Grande Bretagne, où les patientes sont suivies par un généraliste, que la mortalité par cancer du sein est la plus forte. En France, ce type de mortalité a diminué de 20 à 30 % chez les femmes de 50 à 69 ans qui sont suivies régulièrement par un gynécologue. Le nombre des cancers de l'utérus invasifs est passé de 5 992 en 1975 à 1 632 en 1995 grâce au dépistage précoce. Ainsi à 50 ans, 30 à 46 % des femmes des autres pays européens n'ont plus d'utérus contre 14 % en France. Par ailleurs, une enquête de la société française d'enquêtes et de sondages (SOFRES) de janvier 1998 montre que les femmes sont très attachées à leur gynécologue : 60 % d'entre elles consultent au moins une fois par an (parmi celles-ci 69 % sont des femmes d'ouvriers) et la quasi-totalité des consultations a pour but le dépistage et la prévention (93 %). Parmi les personnes interrogées, 88 % pensent qu'un gynécologue a plus de pratique et de connaissances qu'un généraliste. En conséquence, afin de ne pas assister à un recul en ce qui concerne la santé des femmes et à la disparition, à terme, des gynécologues de ville (ils ne seront plus que 1 000 en 2015 et 500 en 2020), il lui demande s'il ne lui paraît pas indispensable d'inclure un programme de formation de 2 ans en gynécologie médicale dans le cursus de gynécologie-obstétrique et de reconnaître cette formation pour le titre de gynécologue médical.

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Réponse du ministère : Emploi publiée le 19/08/1999

Réponse. - Il n'est pas dans l'intention du Gouvernement de supprimer la pratique de la gynécologie médicale. Pour des raisons de législation européenne, les certificats d'études spéciaux, qui étaient une filière parallèle à l'internat pour devenir spécialiste en médecine, ont été supprimés en 1984, laissant la place à une formation unique des spécialités médicales passant par l'internat. Ces dispositions répondent à la demande de la discipline de Gynécologie-obstétrique, qui souhaite préserver son unité, et à la demande de l'Europe, dont les directives s'imposent pour la reconnaissance mutuelle des diplômes et la libre circulation des médecins. La disparité des CES n'a pas pour autant entraîné la disparition des gynécologues médicaux. De nombreux internes formés par la filière de l'internat ont actuellement une pratique, exclusive ou pas, de gynécologie médicale. Devant la nécessité de maintenir un nombre suffisant d'internes dans cette spécialité, le Gouvernement a décidé la création d'une filière individualisée en gynécologie-obstétrique. Cette décision permettra dès 1999 d'augmenter le nombre d'internes formés dans cette discipline. Il convient de noter que 50 % des internes en gynécologie-obstétrique sont des femmes, et l'expérience montre que les femmes spécialistes en gynécologie-obstétrique s'orientent plus volontiers vers la pratique exclusive de gynécologie médicale. On peut donc penser que la moitié au moins de celles et ceux qui sont ainsi formés par l'internat choisiront la gynécologie médicale plutôt que l'obstétrique. Les gynécologues médicaux souhaitent un diplôme particulier reconnaissant leur orientation au sein de la gynécologie-obstétrique. Les services de la ministre de l'emploi et de la solidarité, en lien avec les services du ministre de l'éducation nationale, poursuivent actuellement une réflexion visant à modifier l'intitulé du DES, qui pourrait s'appeler gynécologie-obstétrique et gynécologie médicale. De même la maquette du DES doit être totalement revue afin de renforcer la formation en gynécologie médicale. Le débat porte également sur le rôle respectif du gynécologue et du médecin généraliste dans le cadre du médecin référent. A ce sujet, il a été plusieurs fois rappelé que le médecin référent repose sur le volontariat du médecin comme du patient. Il convient, en tout état de cause, de garantir à toutes les femmes un égal accès aux soins et aux dépistages. Les médecins généralistes ont un rôle à jouer dans la pratique des gestes de dépistage des cancers féminins. Il est donc indispensable qu'ils bénéficient de la formation en ce domaine. Cette nécessité de mieux former les généralistes n'est en rien contradictoire avec la volonté de maintenir la gynécologie médicale.

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