Question de M. HOEFFEL Daniel (Bas-Rhin - UC) publiée le 03/10/2000

M. Daniel Hoeffel attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur le risque de fermeture de l'Institut français de Fribourg-en-Brisgau. En effet, depuis un certain temps il est question de fermer le plus ancien Institut français en Allemagne, ce qui préoccupe tout particulièrement les responsables d'outre-Rhin, qui s'engagent fortement dans son fonctionnement, mais aussi la population à tradition biculturelle de la région. Différentes raisons, notamment dans les domaines éducatifs et culturels, militent en faveur du maintien de ce prestigieux Institut. En ce qui concerne l'éducation, l'Institut occupe au sein de la coopération transfrontalière une position clé dans le cadre de l'échange entre la jeunesse allemande et française. Cela est particulièrement bénéfique pour l'économie des régions transfrontalières. L'Institut français est un partenaire apprécié dans le cadre de la coopération des hautes écoles pédagogiques du Haut-Rhin, qui proposent des études afin de promouvoir le bilinguisme. L'Institut français est par ailleurs très impliqué au niveau culturel. Il est un partenaire important pour les projets culturels dans le cadre de la coopération avec le Haut-Rhin. Les dialogues culturels franco-allemands sont préparés et mis en oeuvre grâce au soutien actif de l'Institut. La fermeture de l'Institut de Fribourg-en-Brisgau aurait, en conséquence, de sérieuses répercussions dans différents domaines. L'Institut a fortement contribué au rapprochement entre la France et l'Allemagne, surtout dans une région transfrontalière où la présence active et forte de l'Institut français de Fribourg-en-Brisgau est primordiale. Le maintien de cet Institut revêt donc une signification toute particulière.

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Réponse du ministère : Défense publiée le 08/11/2000

Réponse apportée en séance publique le 07/11/2000

M. Daniel Hoeffel. Monsieur le ministre, ma question concerne l'avenir et la situation de
l'Institut français de Fribourg-en-Brisgau, dossier que vous connaissez et que votre collègue
ministre des affaires étrangères suit avec une particulière attention.
Trois arguments me paraissent militer en faveur du maintien de cette présence culturelle
française à Fribourg-en-Brisgau.
Premier argument, la coopération sur les plans culturel et éducatif est appelée dans l'avenir à
être l'un des fondements de la coopération franco-allemande. Or, c'est cette coopération-là qui
vient étayer la coopération politique.
Deuxième argument, la coopération transfrontalière entre régions voisines me paraît être
aujourd'hui, et sans doute le sera-t-elle davantage encore demain, la base d'une coopération
forte entre nos deux pays. Tout ce qui peut donc être fait pour créer et étoffer les liens tant
culturels que linguistiques va dans la bonne direction.
Troisième argument, les autorités allemandes étant très impliquées dans la plupart des
instituts français tel celui de Fribourg-en-Brisgau, elles méritent un certain nombre d'égards, et
je souhaite que ce soit en étroite concertation avec ces partenaires que les actions puissent
être entreprises.
M. le ministre des affaires étrangères a répondu à ce sujet que la réforme, une fois finalisée en
concertation avec nos partenaires allemands, sera mise en oeuvre de façon pragmatique et
progressive en collaboration avec les autorités locales.
Conscient de la nécessité pour les instituts français - en Allemagne et ailleurs - de s'adapter
et de se moderniser pour tenir compte de l'évolution du cadre dans lequel ils se situent, je
souligne toutefois que la valeur symbolique d'un institut français tel que celui de
Fribourg-en-Brisgau reste en tout état de cause très forte. Voilà pourquoi, monsieur le
ministre, je souhaite que, en concertation avec nos partenaires allemands, le maintien de
l'Institut français de Fribourg-en-Brisgau puisse être envisagé.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Monsieur le sénateur, je vous prie de recevoir les
excuses de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, qui défend en ce moment
même le budget de son ministère à l'Assemblée nationale.
La France, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, entretient en Allemagne le plus
important de nos réseaux culturels à l'étranger. Pour fixer les idées, dans ce pays très proche
et ami, sont localisés 13 % du total des établissements culturels autonomes du ministère des
affaires étrangères, soit vingt-quatre implantations, ce qui fait beaucoup.
Aujourd'hui, dans un contexte évidemment très profondément modifié, et en bien, du fait des
multiples liens qui se sont créés entre nos deux sociétés et, plus largement, de l'intégration
européenne, il incombe au ministère des affaires étrangères de moderniser le réseau culturel
non seulement en Allemagne mais dans toute l'Europe.
Ce réseau doit s'adapter aux nouvelles formes d'échanges qui structurent et traversent
l'Europe dans les domaines culturel et éducatif, en tenant tout particulièrement compte du
développement des industries culturelles, dont certaines sont heureusement conjointes, et
des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Il faut aussi tenir compte - cela s'applique au cas de Fribourg-en-Brisgau - de la coopération
transfrontalière, qui est aujourd'hui l'un des principes moteurs de nos relations européennes,
ainsi que de l'implication des partenaires de la société civile dans la gestion de ces relations,
conformément aux recommandations formulées lors du sommet franco-allemand de Potsdam.
Cette exigence d'adaptation s'impose également aux autorités allemandes, qui travaillent
actuellement à modifier leur propre dispositif diplomatique, consulaire et culturel à l'étranger,
toujours dans un souci de modernisation et d'efficacité.
La réforme que le ministère des affaires étrangères envisage pour le réseau culturel français en
Allemagne n'a pas nécessairement à se traduire par des fermetures pures et simples mais, au
contraire, dans nombre de cas, peut se manifester par le maintien d'une présence française
assurée par des attachés de coopération culturelle chargés de la mise en oeuvre des projets
bilatéraux et, parfois, multilatéraux, ce qui serait un progrès, et chargés également de mettre
en relation directe les professionnels de la culture de nos deux pays, notamment dans le
domaine artistique.
La dimension universitaire de notre action devrait également être renforcée puisque,
heureusement, les jeunes de la génération qui suit les nôtres sont très familiarisés avec les
études à l'étranger, raison pour laquelle le public à accueillir et à soutenir s'est accru.
Si, donc, un plan de restructuration a fait l'objet de premières études, aucune décision
concernant le réseau culturel en Allemagne n'a encore été arrêtée et, lorsque la réflexion en
cours sera achevée et que ce plan de restructuration sera, sans doute après des
modifications, validé, nos partenaires allemands seront approchés suffisamment à l'avance
pour que l'on puisse procéder à une réforme en concertation avec les autorités locales
allemandes et en confortant des liens solides avec elles.
Je vous remercie, monsieur le sénateur, de l'intérêt que vous manifestez pour cette
coopération culturelle qui demeure, aujourd'hui autant qu'hier, absolument nécessaire pour la
construction européenne telle que nous la voyons.
Les propositions que le Président de la République a faites à Berlin, les 26 et 27 juin derniers,
lors de sa visite d'Etat, avec, par exemple, la création de l'académie franco-allemande du
cinéma, témoignent de l'importance que notre pays attache au resserrement de ses relations
culturelles avec l'Allemagne.
M. Daniel Hoeffel. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. En vous remerciant, monsieur le ministre, de votre réponse, je me
permets d'insister sur deux points particuliers. D'une part, il ne saurait y avoir de coopération
politique confiante entre nos deux pays sans que cette coopération se renforce sur les plans
culturel et éducatif. C'est une exigence de notre temps.
D'autre part, vous l'avez vous-même précisé, il est absolument nécessaire que l'avenir de notre
réseau culturel français en Allemagne puisse être assuré au moyen d'une concertation étroite
et forte avec nos partenaires. C'est, je crois, la condition d'une adaptation et d'une
modernisation réussies de la présence culturelle française en Allemagne.

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