Question de M. MURAT Bernard (Corrèze - RPR) publiée le 22/02/2001

M. Bernard Murat attire l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur l'inadéquation entre la démographie des ophtalmologistes et les besoins de soins. En même temps que les besoins de soins augmentent d'environ 30 % (apparition de nouveaux moyens préventifs et thérapeutiques, vieillissement de la population, etc.), le nombre d'ophtalmologistes diplômés décroît chaque année par l'effet conjugué de l'instauration de l'internat comme seule voie d'accès à la spécialité et par la diminution programmée du nombre des postes formateurs. Actuellement, 50 ophtalmologistes sont formés chaque année alors que, simultanément, 150 arrêtent de pratiquer (retraite, maladie, décès). Ainsi, sans réforme du numerus clausus de cette spécialité, en 2020, le nombre d'ophtalmologues sera le même qu'en 1980, soit 3 000 contre 5 300 aujourd'hui. En d'autres termes, en 20 ans, le nombre d'ophtalmologistes par habitants passerait de 9 pour 100 000 à 4,5 pour 100 000. Par ailleurs, dans de nombreuses régions, dont le Limousin, les effets de la pénurie commencent déjà à se faire ressentir. Outre les délais très longs pour l'obtention d'un rendez-vous, les difficultés croissantes pour les praticiens à assurer les gardes, cette pénurie a des conséquences désastreuses sur la prise en charge des besoins en santé publique. Par exemple, faute d'un nombre suffisant d'ophtalmologues, à côté des 500 000 glaucomes traités, 500 000 glaucomateux sont négligés, car non dépistés. De même, moins de la moitié des diabétiques bénéficie du suivi ophtalmologique préconisé par les instructions ministérielles. En outre, plus de 25 % des titulaires du permis de conduire circulent en dehors des conditions visuelles légales, faute d'un contrôle organisé. Enfin, cette pénurie entrave la surveillance et le traitement de nombreux cas d'amblyopie chez l'enfant ou de dégénérescence maculaire chez des personnes âgées. C'est pourquoi, il lui demande de doubler dans les trois ans qui viennent le nombre de postes d'internes formateurs en ophtalmologie, c'est-à-dire pour la rentrée 2003. Il lui rappelle que les décisions à cet égard sont d'autant plus urgentes qu'elles ne pourront, en tout état de cause, prendre effet que dans plus de dix ans, compte tenu du délai nécessaire à la formation d'un spécialiste.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 17/05/2001

Réponse. - Le rapport Polton du centre de recherche d'études et de documentation en économie de la santé (CREDES) a présenté l'analyse des différents éléments susceptibles d'intervenir dans l'évolution de la démographie médicale, compte tenu de la baisse de la démographie médicale, qui devrait s'accélérer à partir de 2007/2008. La répartition entre spécialistes et généralistes fait apparaître un nombre de spécialistes supérieur aux généralistes : le nombre de médecins en exercice début 1998 était de 191 500 (49 % de médecins généralistes et 51 % de médecins spécialistes). Cependant la baisse démographique est inégalement répartie sur les différentes spécialités et l'ophtalmologie est une des spécialités les plus concernées avec la pédiatrie et la gynécologie obstétrique notamment. De plus, on constate une augmentation des médecins salariés - la proportion de médecins exclusivement salariés parmi les médecins spécialistes a fortement augmenté passant de 26 à 50 % entre 1973 et 1999 - ainsi qu'une émergence des femmes dans la profession. De 14 % en 1968, le taux de féminisation est passé à 35 % pour les généralistes et à 36 % pour les spécialistes au 1er janvier 1999. Enfin, il existe une inégale répartition sur le territoire : d'importantes disparités départementales existent au sein des régions et sont plus marquées parmi les médecins généralistes libéraux. Devant ce constat, des mesures ont été prises sur le numerus clausus de l'examen de fin de première année des études médicales qui, après avoir été fixé à 3 700 pour l'année universitaire 1998/1999, a été porté à 3 850 pour l'année universitaire 1999/2000 et à 4 100 pour l'année universitaire 2000/2001. En ce qui concerne l'internat, trois filières nouvelles ont été créées, la gynécologie obstétrique et médicale, l'anesthésie et la pédiatrie. Mais il ne peut s'agir de la seule réponse à la situation de baisse démographique du corps médical tant au niveau national que départemental. C'est pourquoi, le ministre délégué à la santé a demandé à ses services, dans le cadre d'un groupe de travail ministériel consacré à l'avenir de la démographie médicale, de proposer des solutions permettant de faire face à cette évolution et d'atténuer les inégalités départementales. La préservation de la qualité du service rendu est une priorité du Gouvernement. Les conclusions de ce groupe seront remises au ministre à la fin du mois d'avril 2001 et serviront de base à une concertation large menée avec l'ensemble des professionnels de santé sur les solutions à mettre en uvre au cours des prochaines années, en particulier pour adapter les flux de praticiens formés aux besoins de la population et pour réduire les disparités régionales constatées au niveau de l'offre.

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