Question de M. BALARELLO José (Alpes-Maritimes - RI) publiée le 11/10/2001

Il y a quelques jours les médias allemands signalaient qu'un médicament anti-nicotine aurait causé la mort de 4 personnes en Allemagne et de 69 dans le monde. Cet été un anti-cholestérol, médicament phare de la firme Bayer, a été retiré d'urgence du marché mondial pour avoir été à l'origine d'une cinquantaine de décès et d'innombrables lésions musculaires gravissimes. Quant au Roacutane, médicament très employé en dermatologie pour soigner l'acné juvénile, malgré sa dangerosité, il est toujours utilisé. Pour ce qui concerne les anti-inflammatoires non stéroïdiens, ils ont fait l'objet de quelques mises en garde dans la presse grand public, mais ils sont de plus en plus prescrits comme anti-douleur et pour des périodes longues, malgré les effets secondaires graves enregistrés aussi bien en cardiologie, qu'en néphrologie, urologie et gynécologie. Par ailleurs, dans un message commun, les rédacteurs en chef d'une douzaine de journaux médicaux, parmi les plus connus au plan international, ainsi que la banque de données pharmaceutiques américaine Medline, viennent de dénoncer certaines pratiques des laboratoires, contraires à l'intégrité scientifique. Ces derniers, confrontés à la pression économique et à la compétition internationale de plus en plus vive, non seulement influencent les essais des nouvelles molécules, mais également présentent leurs nouveaux médicaments de façon peu objective et en arrivent même à censurer les résultats défavorables. On peut comprendre que des molécules décrétées innovantes soient souvent retirées un an après leur mise sur le marché. La commission consultative, dépendant de l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) qui donne l'autorisation de mise sur le marché, se limitant en fait à l'examen du dossier présenté par le laboratoire pharmaceutique et ne demandant sauf exception jamais d'essais complémentaires. Entre août 1999 et août 2000, ce sont plus de 7 molécules qui ont été retirées du marché pour des problèmes de toxicité aiguë, notamment hépatique. Les praticiens ne peuvent pas être blâmés puisqu'ils ne sont informés que par les fabricants. Or ceux-ci disposent de budgets marketing impressionnants comme le signale la Cour des comptes dans son rapport préliminaire sur la sécurité sociale qui vient d'être rendu public : 150 à 200 000 francs par généraliste et par an, avec un ratio de un visiteur médical pour 3 médecins généralistes. Pourtant selon la revue médicale Prescrire 18 % des visites ne sont pas accompagnées de la remise obligatoire des caractéristiques du produit et l'avis de la Commission de la transparence n'est remis que dans 2,5 % des cas. Face à ces dérives pour le moins inquiétantes et sachant que M. le ministre délégué à la santé aurait reconnu lui-même que les effets secondaires des médicaments envoyaient annuellement 1,3 millions de français à l'hôpital et en tuaient 20 000, M. José Balarello lui demande s'il entend continuer, en ne prenant aucune mesure drastique à laisser les patients être transformés en cobaye par les grands groupes pharmaceutiques. Cela alors même que chaque année 400 mises en demeure seraient adressées par l'AFSSAPS aux industriels de santé pour minimisation excessive des effets secondaires et que 80 documents promotionnels seraient interdits pour mensonge.

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La question est caduque

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