Question de M. DUVERNOIS Louis (Français établis hors de France - RPR) publiée le 01/11/2001

M. Louis Duvernois attire l'attention de M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie sur l'état très inquiétant de la francophonie au Vietnam, quatre ans après le 7e Sommet des chefs d'Etat et de Gouvernement de la francophonie à Hanoï, sommet qui devait aider le Vietnam à prendre sa place au sein de l'Organisation internationale de la francophonie. Les francophones résidents au Vietnam s'alarment de la censure des médias, surtout pour ce qui concerne TV 5 et les autoroutes de l'information (internet en français) dont l'usage devait être facilité. En effet, TV 5, outil principal d'accession populaire à la culture française est contrôlée dans son développement. Des décisions administratives stipulent que seules les organisations étrangères (ONG) peuvent demander une " autorisation spéciale " au bénéfice de leurs employés pour espérer avoir un accès. Un étranger même francophone, ne peut demander cette autorisation pour lui-même, encore moins pour un Vietnamien, Internet est interdit d'emploi aux particuliers à leur domicile et, par ailleurs, les rares claviers disponibles le sont en anglais. RFI n'émet pas entre 15 heures et 23 heures locales en français sur ondes et cette radio ne peut être captée par satellite qu'avec l'installation d'une parabole et d'un décodeur, tous deux interdits. Seule, une émission, difficilement audible à 20 heures locales en petites ondes arrive faiblement de la Chine et encore pas tous les jours et pour un temps limité. D'autres pays émettent 24 heures sur 24 heures en 40 chaînes radio numériques par le satellite Asiastar. Mais aucune émission en français n'est émise par le biais de ce satellite. L'enjeu en français devant orienter notre diplomatie du xxie siècle, il lui demande de préciser s'il entend exercer des représentations diplomatiques appropriées auprès des autorités vietnamiennes afin de clarifier ce double langage, officiel, qui est d'adhérer aux valeurs de la francophonie et, officieux, qui est d'en combattre simultanément l'adhésion volontaire individuelle. En outre, considérant que l'avenir de la francophonie passe nécessairement par la volonté politique d'agir et par la clarification des objectifs d'une grande ambition pour diffuser notre langue et promouvoir la diversité culturelle et dans la mesure où la France est le premierr bailleur de fonds de l'Organisation internationale de la francophonie, il lui demande comment le Gouvernement entend agir pour que la coopération linguistique et culturelle de la France avec le Vietnam profite véritablement à la communauté française expatriée et par extension à tous les francophones.

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Réponse du ministère : Coopération publiée le 03/01/2002

Comme le sait l'honorable parlementaire, la chaîne francophone TV 5 est présente en réception satellitaire dans la majeure partie des infrastructures hôtelières et touristiques du pays. Tous les centres de français ou départements de français des universités proposent également la chaîne francophone internationale en accès libre. TV 5 est également présente sur les réseaux câblés de Hanoï et Hochiminhville. Dans la capitale, le signal de TV 5 n'est pas crypté, il l'est en revanche à Hochiminhville où un abonnement est nécessaire. Dans ce dernier cas, ce sont des raisons de rentabilité financière qui ont motivé les autorités. Les difficultés administratives rencontrées pour installer une parabole ont tendance à s'estomper et des expatriés reçoivent TV 5 chez eux dans les régions de Da Nang, Hué et Can Tho. Il est vrai que dans le contexte particulier du Vietnam, certaines autorités locales peuvent donner une vigueur particulière aux règles qui restreignent l'installation de paraboles destinées à un usage personnel. Au total, et quoi qu'il en soit de ces restrictions réglementaires, leur application effective tend à devenir assez pragmatique pour que ces appareils soient aujourd'hui très répandus dans tout le pays, en particulier à Hochiminhville. La chaîne RFI est captée par ceux qui reçoivent TV 5 par satellite. La qualité du signal de RFI en ondes courtes varie suivant les zones, très bonne à Da Nang mais mauvaise à Hanoï, par exemple. Sur ce dernier point, la préoccupation de l'honorable parlementaire sera transmise aux responsables de RFI afin qu'ils étudient les moyens techniques qui pourraient être mis en oeuvre pour pallier cette difficulté. Plus généralement, le gouvernement français n'a pas manqué ces dernières années de saisir l'occasion de chaque rencontre de haut niveau pour souligner auprès de ses interlocuteurs vietnamiens le prix que nous attachons à la libéralisation de ces instruments de diffusion culturelle. Aussi faut-il se féliciter que la radio et la télévision nationales vietnamiennes diffusent chaque jour des programmes en français, y compris des bulletins d'information. Quant à l'Internet, introduit au Vietnam en 1998, il compte déjà officiellement plus de 150 000 abonnés. Si, à lui seul, le niveau de vie du pays ne peut guère laisser espérer une diffusion des ordinateurs personnels comparable à celle que nous connaissons en France, il convient de remarquer que le Vietnam compte un très grand nombre de cafés Internet et de centres multimédia universitaires (ou de centres culturels) et de souligner que les postes y sont libres d'accès. La plupart des étudiants ont une adresse électronique et sont des utilisateurs réguliers. Si les autorités ont restreint pendant un temps l'accès à certains sites, la majeure partie du réseau est restée accessible, notamment les sites d'information. Ces restrictions ont beaucoup diminué, et on peut notamment écouter les radios françaises en ligne. Pour sa part, la coopération culturelle et linguistique de la France au Vietnam s'adresse d'abord au public vietnamien pour lequel de nombreux programmes spécifiques concourent au développement de la francophonie. Le gouvernement vietnamien, dans le cadre de la restructuration de son système éducatif, porte une attention prioritaire aux langues vivantes et à l'enseignement du français. Depuis 1995, des classes bilingues ont été mises en place tant sur le plan bilatéral que multilatéral avec le soutien de l'Agence universitaire de la francophonie (AUF). Des filières universitaires en français, un programme de formation des ingénieurs d'excellence, des programmes de formation des médecins et des journalistes, un programme de diffusion du livre français, ont également été mis en place avec succès. Les établissements culturels comme l'Alliance française de Hanoï, l'Institut pour le développement des échanges culturels comme l'Alliance française de Hanoï, l'Institut pour le développement des échanges culturels avec la France de Hochiminhville (IDECAF), comme les centres de français de Hué, Danang, Nha Trang et Can Tho, sont bien entendu aussi ouverts aux expatriés et aux étrangers tiers auprès desquels ils concourent, comme pour leur public vietnamien, à la diffusion d'une francophonie culturelle mais aussi des valeurs communes à la Francophonie. Ils sont ainsi un rappel permanent de notre attachement aux droits de l'homme et à la liberté d'expression.

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