Question de M. BAUDOT Jacques (Meurthe-et-Moselle - UC) publiée le 03/01/2002

M. Jacques Baudot appelle l'attention de M. le ministre délégué à la santé sur la pénurie de médecins généralistes en milieu rural, révélateur d'une situation qui ne cesse de s'aggraver. La médecine de campagne attire de moins en moins de jeunes praticiens. Ceux-ci préfèrent s'installer en ville car ils aspirent à une qualité de vie. En outre, la profession se féminise et les jeunes femmes, mères de famille, souhaitent travailler à mi-temps afin de s'occuper de leurs enfants. Ainsi tout récemment, en Meurthe-et-Moselle, à Cirey-sur-Vezouze, la médecine rurale s'est confrontée à ce problème. En effet, il y a plus d'un mois, un des trois généralistes cessait son activité parce que la prolongation d'exemption de garde lui avait été refusée. Ses deux collègues se sont répartis la charge de travail. Mais l'un des deux n'a pu continuer à exercer, ne pouvant assurer ce surcroît de travail sans prendre des risques pour la vie de ses patients. Au-delà de cette crise et du sentiment d'être déshérité qu'éprouve la population, l'affaire révèle toute la difficulté de la pratique médicale en milieu rural. Partout en France, on retrouve des cas similaires qui deviennent alarmants, d'autant qu'en 2005, on sait qu'on manquera de praticiens. C'est pourquoi il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'il envisage de prendre pour maintenir ou faciliter l'installation de médecins libéraux en milieu rural, afin de répondre à des besoins croissants et impérieux en matière de santé publique.

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Réponse du ministère : Santé publiée le 07/02/2002

Un rapport sur la démographie médicale, réalisé avec l'appui d'un groupe de travail interministériel comprenant des représentants des directions concernées du ministère de l'emploi et de la solidarité, de la direction de la prévision du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie et de la CNAMTS, a été remis au ministre délégué à la santé le 20 juin dernier. Il présente une première analyse de la démographie médicale et examine les mesures qui pourraient être prises pour répondre aux problèmes posés par les perspectives d'évolution de la démographie médicale. Selon les constats du rapport, la démographie médicale aujourd'hui est caractérisée à la fois par une densité globale élevée (331 médecins pour 100 000 habitants, près de trois fois plus qu'en 1970) et par des situations très variables selon les spécialités, le mode d'exercice et la répartition géographique de l'offre. La forte croissance démographique du corps médical s'est accompagnée d'une nette augmentation de la part des spécialistes qui est passée de 43 % en 1984 à 51 % en 2000. Cela correspond à une augmentation du nombre de spécialistes très importante en valeur absolue, de près de 40 000 en quinze ans. Le partage des modes d'exercice entre médecine salariée et médecine libérale est resté globalement stable au cours des trente dernières années, l'exercice libéral pour l'ensemble des médecins (généralistes et spécialistes confondus) a toujours été proche de 60 % des effectifs depuis 1984. Face à la baisse démographique qui affectera l'ensemble du corps médical français et devrait se situer vraisemblablement autour de 15 % à l'horizon 2020, le Gouvernement a décidé de relever le numerus clausus à 3 700 postes pour 1999, 3 850 postes en 2000, 4 100 pour 2001 et 4 700 pour 2002. Pour les années à venir, l'effort de recrutement des futurs médecins sera maintenu. Il convient de souligner que ce n'est qu'à compter de 2008 que la densité médicale commencera à diminuer de façon globale. Afin de bénéficier d'un dispositif d'observation et d'analyse permettant, avec les partenaires concernés, de préparer les adaptations nécessaires, le Gouvernement va mettre en place un observatoire de la démographie médicale et des métiers. Un dispositif d'aide à l'installation est prévu afin de faire face aux difficultés identifiées ainsi que des propositions destinées à réduire l'insécurité à laquelle sont confrontés les professionnels de santé dans les quartiers difficiles.

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