Question de M. BOULAUD Didier (Nièvre - SOC) publiée le 18/07/2002

M. Didier Boulaud attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur l'exclusion du gouvernement provisoire d'Afghanistan de Mme Sima Samar, ex-ministre de la condition féminine de ce pays. Mme Samar n'a pas été reconduite dans ses fonctions au sein du nouveau gouvernement afghan, nommé le 22 juin dernier, alors même qu'elle avait été élue vice-présidente de la Loya Girga (Grand Conseil). Mme Samar est la cible d'accusations d'insultes à l'Islam de la part des fondamentalistes islamistes afghans. Ces accusations visent semble-t-il à la décrédibiliser aux yeux de l'opinion publique de son pays. Plus grave, elle craint aujourd'hui pour sa vie. Cet épisode augure mal des libertés promises par le président élu d'Afghanistan. Il lui demande donc ce qu'entend faire la diplomatie française quant à cette nouvelle mise en cause de la place des femmes dans le processus de paix afghan.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 22/08/2002

La non-reconduction de Mme Samar dans ses fonctions de ministre de la condition féminine, au sein du gouvernement de transition afghan récemment mis en place, ainsi que les accusations qui ont été portées contre elle ont suscité des interrogations, voire des inquiétudes. Mme Samar avait, semble-t-il, songé à abandonner son poste ministériel, comme le montrait sa candidature à la fonction de vice-président de la Loya Jirga d'urgence qui s'est tenue entre le 11 et le 19 juin dernier, puisqu'une fois élue, elle perdait ce poste. L'accusation de blasphème à l'encontre de Mme Samar, pour avoir insulté les valeurs islamiques dans un entretien accordé à des journalistes canadiens et repris partiellement par un journal afghan, n'a pas été retenue par la justice afghane. Le président de la Haute Cour de Kaboul a fait état d'un manque de preuves, mais il a néanmoins rendu une décision interdisant à Mme Samar d'exercer une fonction ministérielle. Mme Samar a toutefois été nommée par le président Hamid Karzaï à la tête de la commission des droits de l'homme nouvellement créée, institution au sein de laquelle elle sera en mesure de promouvoir la cause de l'émancipation des femmes qu'elle a défendue depuis de longues années. Par ailleurs, l'incertitude sur le maintien d'un ministère de la condition féminine a été levée avec la nomination de Mme Habiba Sorabi le 27 juin. La France a toujours mis en oeuvre une politique visant à favoriser une amélioration de la condition féminine en Afghanistan, que ce soit sur un plan bilatéral, dans le cadre des positions communes européennes, ou au niveau de l'élaboration des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Même si les autorités aujourd'hui en place à Kaboul ont manifesté une plus grande ouverture d'esprit, les résistances n'en restent pas moins vives et l'évolution des mentalités ne se fera pas sans difficultés, comme en témoignent les déclarations de certains responsables. C'est pourquoi la France, comme ses partenaires européens, continuera de faire preuve de la plus grande vigilance sur ce sujet. A cet égard, les conclusions sur l'Afghanistan récemment adoptées par le Conseil européen placent au premier rang des priorités la pleine participation des femmes au processus politique. Celle-ci sera recherchée par la poursuite d'un dialogue substantiel avec les autorités afghanes en ce domaine et par l'attention spécifique portée aux travaux de la commission des droits de l'homme.

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