Question de M. RINCHET Roger (Savoie - SOC) publiée le 08/08/2002

M. Roger Rinchet appelle l'attention de M. le Premier ministre sur les inégalités générées par le régime fiscal applicable aux cotisations des personnes salariées souscrivant à une complémentaire santé. Sachant que l'assurance maladie obligatoire ne rembourse en moyenne que 53 % des soins de ville et malgré la mise en place de la CMU et de l'effet de seuil qui y est rattaché, de profondes inégalités subsistent en matière d'accès aux soins, un certain nombre de nos concitoyens (estimés par une étude du CREDES à environ 7 % de la population) renonçant à certains soins faute de pouvoir financièrement accéder à une complémentaire santé. A cela s'ajoute une inégalité fiscale puisque, aujourd'hui, seule la moitié des Français peut déduire le montant de la cotisation versée à leur mutuelle. En effet, la déduction fiscale dont bénéficient les salariés ayant souscrit une mutuelle santé dans le cadre d'un contrat collectif obligatoire, ainsi que les travailleurs indépendants dans le cadre de la loi Madelin de 1994, n'est pas accordée aux personnes salariées qui adhèrent à une complémentaire santé à titre individuel ou au titre d'un contrat collectif non obligatoire, ni aux étudiants fonctionnaires, retraités ou demandeurs d'emploi. Pour rémédier à cette situation, la Mutualité française propose l'instauration d'un crédit d'impôt prenant la forme d'un versement d'une prime pour les personnes non imposables, ou d'une diminution d'impôt pour les personnes imposables pour tout adhérent à une complémentaire santé solidaire et viagère. Une telle mesure aurait pour effet d'inciter les personnes qui, faute d'une complémentaire santé, renoncent aux soins à s'affilier à un organisme dont l'action relève de la solidarité, garantissant un accès aux soins plus équitable et donnant à tous les Français les mêmes chances face à la maladie. Il lui demande en conséquence la suite qu'il pourrait réserver à cette proposition.

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Transmise au Ministère de la santé, de la famille et des personnes handicapées


Réponse du Ministère de la santé, de la famille et des personnes handicapées publiée le 05/12/2002

Le ministre appelle tout d'abord l'attention de l'honorable parlementaire sur la part que représentent les organismes de protection sociale de base dans la prise en charge des soins de ville. Il ressort en effet des données de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) que ce taux est de 79 % hors indemnités journalières, compte non tenu des dépassements de tarifs et de 73 % si on les inclut. L'assurance maladie reste donc un financement très majoritaire des dépenses de soins. En ce qui concerne la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC), le plafond maximal de ressources pour y être éligible est de 562,00 EUR (3686,48 F) par mois pour une personne seule au 15 février 2002, alors que le montant mensuel de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) et du minimum vieillesse - minimum invalidité était de 569,38 EUR (3734,89 F). Pour limiter les effets de seuil, un avenant à la convention d'objectifs et de gestion (COG), signé entre l'Etat et la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) le 7 mars 2002, crée une aide à l'acquisition de contrats de couverture maladie complémentaire destinée aux personnes dont les ressources sont comprises entre le plafond de la CMU complémentaire et le plafond majoré de 10 %. Le montant de l'aide, de 115 EUR pour la première personne, varie selon la composition du foyer et, éventuellement, selon le choix de la caisse, selon l'âge des bénéficiaires. La question de la déductibilité fiscale, soit sous forme de déduction du revenu brut imposable, soit sous forme de crédit d'impôt, des primes payées par les titulaires de contrats individuels d'assurance maladie complémentaire est l'une des voies envisagées pour favoriser une meilleure couverture complémentaire. Une telle mesure nécessite au préalable une expertise approfondie qui sera menée d'ici au printemps 2003. Elle doit, en tout état de cause, faire l'objet d'une disposition en loi de finances.

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